Je vous partage cette belle réflexion de Saint Augustin (354-430), dans son commentaire de la Première lettre de saint Jean
Que votre charité comprenne ce grand mystère, que nous vous demandons de ne pas perdre de vue au milieu de vos tentations:
En ce qui regarde leur salut, les saints sont toujours exaucés. Mais il faut distinguer : Dieu exauce de diverses manières. Nous voyons en effet que les uns ne sont pas exaucés selon leur désir, mais le sont pour leur salut, que d’autres en revanche sont exaucés selon leur désir, mais non pour leur salut.
Le diable demanda de tenter le saint homme Job, et il l’obtint; l’Apôtre demanda que l’écharde fût ôtée de sa chair, et il ne l’obtint pas (Jb 1, 11-12; 2 Co 12, 7-9). C’est pourtant l’Apôtre, bien plutôt que le diable, qui fut exaucé. L’Apôtre fut exaucé pour son salut, bien qu’il ne le fut pas selon son désir; le diable fut exaucé selon son désir, mais pour sa condamnation. Car si Job fut livré à ses tentations, c’est pour que sa constance dans l’épreuve fût pour le diable un tourment. Compte tenu de ceci, nous devons comprendre que Dieu, lors même qu’il ne nous accorde pas ce que nous voulons, nous accorde ce qui est pour notre salut.
Apprends à prier Dieu en t’en remettant au médecin, pour qu’il fasse ce qu’il juge bon. À toi de déclarer la maladie, à lui d’appliquer le remède. Toi, contente-toi de garder la charité. Car lui, il veut couper et brûler. Si, malgré tes cris, il ne cède pas à tes prières, continuant à couper, à brûler, à te faire souffrir, c’est qu’il va jusqu’où s’étend la gangrène. Tu voudrais qu’il retire déjà sa main, mais lui voit la profondeur du mal, il sait jusqu’où aller. Il ne t’exauce pas selon ton désir, mais en vue de te rendre la santé.
Sois en paix : la charité demande, et Dieu est à l’écoute. Il ne fait pas ce que tu veux, mais ce qu’il te faut.