Le tombeau des ducs de Bretagne

Au fil du temps, je suis tombé amoureux d’un tombeau. Est-ce possible ?

« Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? » Lamartine.

Je suis né à Nantes, un 17 août 1954, et fus baptisé le 19 août, à la cathédrale saint Pierre et saint Paul de Nantes.

Cette cathédrale de Nantes devait devenir le pôle de ma vie. Ma mère m’y amenait dès que nous rentrions du Maroc, l’été. Et du plus loin qu’il m’en souvienne, elle me montrait le cœur de ce pôle, le tabernacle, et nous nous recueillions,.

Puis me tenant la main, parfois sans rien dire, me laissait contempler ce tombeau des Ducs de Bretagne. La taille, la majesté, la blancheur des vertus m’impressionnaient. J’étais trop petit pour voir les deux gisants !

Je lui suis infiniment reconnaissant de m’avoir conduit là. À chaque fois que je suis retourné à Nantes, je me suis rendu à ce tombeau, et j’y ai découvert avec grande joie quelque chose de nouveau qui me donnait la paix.

Je ne peux pas saisir l’ampleur de ce que représentent ces vertus gardiennes du corps, gardiennes du mystère de la Vie, mais je peux constater que ce qu’elles expriment est vrai.

Telle est l’introduction du passionnant livret publié par Bertran Chaudet sur le tombeau des Ducs de Bretagne, dont Fulcanelli écrivait :

Ce qu’il y a de plus merveilleux en cette pièce, sont les quatre figures des Vertus Cardinales, posées aux quatre coins de cette sépulture, faite en marbre blanc, de la hauteur de six pieds : elles sont si bien taillées, si bien plantées, et ont tant de rapport au naturel, que les originaires et les étrangers avouent qu’on ne voit rien de mieux, ni dans les antiques de Rome, ni dans les modernes d’Italie, de France et d’Allemagne.

Fulcanelli, Les demeures philosophales, Ed Jean-Jacques Pauvert, 1997, p. 233-237.