L’Esprit Saint, l’adaptateur

Le Consolateur, le Défenseur : j’oserai ajouter un autre mot, l’adaptateur : Celui qui est la communion entre le Père et le Fils, qui met les croyants en communion les uns avec les autres. Il nous adapte à la communion avec le Fils et le Père, il s’adapte à nous en respectant notre identité psychique et psychologique. Il est l’Invisible, le vent, comme Jésus l’a nommé à Nicodème : « Le vent souffle où il veut; tu entends sa voix, mais tu. ne sais ni d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit ».

« De retour chez lui, Nicodème appelle son serviteur et l’interroge :

  • Dis-moi ce que le vent ?
    Le serviteur lui répond :
  • Le vent, c’est ce qui fait chanter les arbres lorsque la brise du soir rafraîchit la terre.
  • Je ne t’ai pas demandé de me parler des arbres, mais du vent…
  • Le vent c’est ce qui fait danser les blés lorsque la moisson est mûre.
  • Ne me parle pas de la moisson, mais du vent.
  • Le vent, c’est ce qui fait avancer le navire lorsque ses voiles sont gonflées…
  • Dis-moi ce qu’est le vent !
  • Maître, je ne peux pas répondre à ta question car le vent ne peut s’attraper.

Alors Nicodème comprit la parole de Jésus. L’esprit ne se laisse pas enfermer dans nos définitions, nous ne pouvons que l’attendre et l’accueillir. Il est comme un soufflet écouté dans la fraîcheur du soir, il est comme une musique qui fait danser la vie, il est comme un vent qui gonfle les voiles pour nous conduire au large. » (A. Nouis).

Paroles du pape François

Chers frères et soeurs, bonjour !

Le livre des Actes des Apôtres (cf. 2,1-11) raconte ce qu’il se passe à Jérusalem cinquante jours après la Pâque de Jésus. Les disciples étaient réunis au cénacle et la Vierge Marie était avec eux. Le Seigneur ressuscité leur avait dit de rester dans la ville jusqu’à ce qu’ils aient reçu d’en haut le don de l’Esprit. Et cela se manifeste par un « bruit » qui soudain survint du ciel, comme un « violent coup de vent » qui remplit la maison où ils étaient assis (cf. v. 2). Il s’agit donc d’une expérience réelle mais aussi symbolique. C’est quelque chose qui s’est produit mais qui nous donne aussi un message symbolique pour toute notre vie.

Cette expérience révèle que l’Esprit Saint est comme un vent fort et libre, c’est-à-dire qu’il nous apporte la force et qu’il nous apporte la liberté : un vent fort et libre. Il ne peut pas être contrôlé, arrêté, ni mesuré ; et l’on peut encore moins prévoir sa direction. Il ne se laisse pas cadrer par nos exigences humaines – nous cherchons toujours à cadrer les choses -, il ne se laisse pas enfermer par nos schémas et nos préjugés. L’Esprit procède de Dieu Père et de son Fils Jésus Christ et fait irruption dans l’Eglise – sur chacun de nous –, en donnant la vie à nos esprits et à nos coeurs. Comme le dit le Credo: « Il est le Seigneur et il donne la vie ». Il a la Seigneurie parce qu’il est Dieu, et parce qu’il donne la vie.

Le jour de Pentecôte, les disciples de Jésus étaient encore désorientés et effrayés. Ils n’avaient pas encore le courage de sortir à découvert. Et nous aussi, cela nous arrive parfois, nous préférons rester entre les murs protecteurs de nos milieux. Mais le Seigneur sait comment nous rejoindre et ouvrir les portes de notre coeur. Il envoie sur nous l’Esprit Saint qui nous enveloppe et qui vainc toutes nos hésitations, qui abat nos défenses, qui démonte nos fausses sécurités. L’Esprit fait de nous des créatures nouvelles, comme il le fit ce jour-là avec les Apôtres : il nous renouvelle, comme de nouvelles créatures.

Après avoir reçu l’Esprit Saint, ils ne furent plus comme avant – il les a changés – mais ils sont sortis, ils sont sortis sans crainte et commencèrent à annoncer Jésus, à annoncer que Jésus est ressuscité, que le Seigneur est avec nous, de telle façon que chacun les comprenait dans sa langue. Parce que l’Esprit est universel, il ne supprime pas les différences culturelles, les différences de pensées, non, il est pour tous, mais chacun le comprend dans sa propre culture, dans sa propre langue. L’Esprit change le coeur, il élargit le regard des disciples. Il les rend capables de communiquer à tous les grandes oeuvres de Dieu, sans limites, en dépassant les frontières culturelles et les frontières religieuses derrière lesquelles ils avaient l’habitude de penser et de vivre. Il rend les Apôtres capables de rejoindre les autres en respectant leurs possibilités d’écoute et de compréhension, dans la culture et le langage de chacun (vv. 5-11). En d’autres termes, l’Esprit Saint met en relation des personnes différentes en réalisant l’unité et l’universalité de l’Eglise.

Et aujourd’hui cette vérité, cette réalité de l’Esprit Saint, nous parle, là où dans l’Eglise il y a des petits groupes qui cherchent toujours la division, à se séparer des autres. Ce n’est pas l’Esprit de Dieu. L’Esprit de Dieu est harmonie, il est unité, il unit les différences. Un bon cardinal, qui a été archevêque de Gênes, disait que l’Eglise est comme un fleuve: l’important est de rester dedans ; que tu sois un peu de ce côté et un peu de l’autre, peu importe, l’Esprit Saint fait l’unité. Il prenait l’image du fleuve. L’important est de rester à l’intérieur, dans l’unité de l’Esprit, et de ne pas regarder les étroitesses qui sont un peu de ce côté et un peu de l’autre, si tu pries de cette façon ou d’une autre… Ce n’est pas de Dieu. L’Eglise est pour tous, pour tous, comme l’a montré l’Esprit Saint le jour de la Pentecôte.

Demandons aujourd’hui à la Vierge Marie, Mère de l’Eglise, d’intercéder pour que l’Esprit Saint descende en abondance et remplisse les coeurs des fidèles et allume en tous le feu de son amour.