On verra le Fils de l’homme venir

Ce passage de l’évangile de Marc est suffisamment sobre pour que nous en retirions l’essentiel. Jésus nous annonce que ce monde aura une fin. Il est celui qui conduit l’histoire de l’humanité jusqu’à son terme (du moins, est-ce le message de l’Apocalypse). En finale, il viendra avec puissance et gloire pour rassembler son peuple et demeurer avec lui. Ce sera la fin du monde, la Résurrection, le Jugement, la Jérusalem céleste…

Paroles du pape François avant l’angélus

Chers frères et sœurs, bonjour !

Le passage évangélique de la liturgie d’aujourd’hui s’ouvre sur une phrase de Jésus qui nous frappe de stupeur : « Le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel » (Mc 13, 24-25). Mais comment, le Seigneur aussi commence à faire du catastrophisme ? Non, ce n’est certainement pas là son intention. Il veut que nous faire comprendre que tout dans ce monde, tôt ou tard, passe. Même le soleil, la lune et les étoiles qui forment le « firmament » – un mot qui indique « fermeté », « stabilité » – sont destinés à passer.

À la fin, cependant, Jésus dit ce qui ne s’effondre pas : « Le ciel et la terre passeront – dit-il – mais mes paroles ne passeront pas » (v. 31). Les paroles du Seigneur ne passent pas. Il établit une distinction entre les avant-dernières choses, qui passent, et les choses dernières, qui restent. C’est un message pour nous, pour nous orienter dans nos choix de vie importants, pour nous guider sur ce qui vaut la peine d’investir la vie.

Sur ce qui est transitoire ou sur les paroles du Seigneur, qui restent pour toujours ? Évidemment sur celles-ci. Mais ce n’est pas facile. En effet, les choses qui tombent sous nos sens et qui nous donnent immédiatement satisfaction nous attirent, tandis que les paroles du Seigneur, bien que belles, vont au-delà de l’immédiat et elles demandent de la patience. Nous sommes tentés de nous accrocher à ce que nous voyons et que nous touchons et cela nous semble plus sûr. C’est humain, c’est la tentation. Mais c’est une tromperie, car « le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas ». Alors voilà l’invitation : ne ne pas construire la vie sur le sable. Lorsque vous construisez une maison, vous creusez profondément et vous posez des fondations solides. Seul un sot dirait que c’est de l’argent jeté pour quelque chose qui ne peut pas être vu. Le disciple fidèle, pour Jésus, est celui qui fonde la vie sur le roc, qui est sa Parole qui ne passe pas (cf. Mt 7, 24-27), sur la fermeté de la parole de Jésus : c’est le fondement de la vie que Jésus veut de nous, et qui ne passera pas.

Et maintenant la question – toujours, quand on lit la Parole de Dieu, on se pose des questions -, demandons-nous : quel est le centre, quel est le cœur battant de la Parole de Dieu ? Qu’est-ce qui, en somme, donne de la solidité à la vie et ne finira jamais ? Saint Paul nous le dit. Le centre même, le cœur qui bat, celui qui donne la solidité, c’est la charité : « La charité ne finira jamais » (1 Co 13, 8), dit saint Paul, c’est-à-dire l’amour. Celui qui fait le bien investit pour l’éternité. Quand nous voyons une personne généreuse et serviable, douce, patiente, qui n’est pas envieuse, qui ne bavarde pas, ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil, ne manque pas de respect (cf. 1 Co 13, 4-7), c’est une personne qui construit le Ciel sur la terre. Peut-être qu’il n’aura pas de visibilité, qu’il ne fera pas carrière, qu’il ne fera pas la une des journaux, et pourtant ce qu’il fait ne sera pas perdu. Parce que le bien n’est jamais perdu, le bien reste pour toujours.

Et nous, frères et sœurs, demandons-nous : en quoi investissons-nous notre vie ? Sur des choses qui passent, comme l’argent, le succès, l’apparence, le bien-être physique ? De ces choses, nous n’apporterons rien. Sommes-nous attachés aux choses terrestres, comme si nous devions vivre ici pour toujours ? Tant que nous sommes jeunes, en bonne santé, tout va bien, mais quand vient l’heure du départ, nous devons tout quitter. La Parole de Dieu nous avertit aujourd’hui : la scène de ce monde passe. Et seul l’amour restera. Fonder sa vie sur la Parole de Dieu, ce n’est donc pas s’évader de l’histoire, c’est s’immerger dans les réalités terrestres pour les rendre solides, les transformer par l’amour, en leur imprimant le signe de l’éternité, le signe de Dieu.

Alors voici un conseil pour faire des choix importants. Quand je ne sais pas quoi faire, comment faire un choix définitif, un choix important, un choix qui implique l’amour de Jésus, que dois-je faire ? Avant de décider, imaginons-nous face à Jésus, comme à la fin de la vie, devant Lui qui est amour. Et en y pensant, face à lui, au seuil de l’éternité, nous prenons la décision pour aujourd’hui. C’est ainsi que nous devons décider : toujours en regardant l’éternité, en regardant Jésus. Ce n’est peut-être pas la plus facile, ce n’est peut-être pas la plus immédiate, mais ce sera la bonne, c’est sûr (cf. saint Ignace de Loyola, Exercices spirituels, 187).

Que Notre Dame nous aide à faire les choix importants de la vie comme elle l’a fait : selon l’amour, selon Dieu.

© Traduction de Zenit, Anita Bourdin