Complotisme, anatomie d’une religion

Christophe Bourseiller, historien, écrivain, journaliste. Auteur du « Complotisme, anatomie d’une religion » (Cerf)

Il y a un mot qui revient souvent comme une sorte de marqueur de l’esprit du siècle, c’est celui de complotisme. Il a cette particularité, comme bien des termes en -isme, d’être à la fois un phénomène social résiduel ou massif et un délit intellectuel vous discréditant de manière irrémédiable. L’accusation de complotisme vous exclut du champ du discours légitime, ce qui est problématique dans une société pluraliste où, normalement, les opinions ne sont pas censées être réprimées.

Mais sommes-nous dans le registre de l’opinion ou de la manipulation, de la déformation et de la désinformation ? C’est donc un rapport à la vérité et c’est aussi pour cela qu’on en parle sur cette antenne. Les contours et le contenu du complotisme, au demeurant, sont plutôt vagues et très hétérogènes. Néanmoins, il y a des caractéristiques, une mentalité, des raisonnements qui, sans être forcément très nouveaux, se réinventent à travers les outils numériques.

« La première théorie du complot remonte en réalité à la révolution française. C’est Augustin Barruel qui le premier a nommé un certain nombre de forces occultes – protestants, juifs, francs-maçons- qui selon lui voulaient détruire la chrétienté et la royauté », explique-t-il. « On a tendance à penser que les complotistes sont toujours animés par une idéologie d’extrême-droite. Je montre dans mon ouvrage que ce n’est pas forcément le cas », souligne Christophe Bourseiller.