Thomas dans les Évangiles
Nous ne savons rien de l’appel de Thomas. Il est seulement nommé dans la liste des Douze (Mt 10, 3), dès les premiers temps de la prédication de Jésus. Au moment de la mort de Lazare, Thomas se révèle le plus courageux. Il entraîne les apôtres à la suite de Jésus, avec une fidélité aveugle : « Allons, nous aussi, mourir avec lui ! » (Jn 11, 16). Thomas est déjà prêt à suivre Jésus quoi qu’il arrive : son engagement est total. Dans ses paroles d’adieux, Jésus fait comprendre aux disciples qu’ils seront bientôt seuls. Thomas dit à haute voix ce que les autres pensent tout bas : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas ; comment pourrions-nous savoir le chemin ? » (Jn 14, 5). Celui qui prétendait partager le même chemin et le même destin que Jésus (Jn 11, 16), maintenant admet qu’en vérité il ne sait rien du chemin et du but vers lequel Jésus s’avance… La réponse de Jésus a profondément marqué le christianisme : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6).
Thomas et le Ressuscité
Enfin, l’Évangile de Jean met en scène Thomas devant le Ressuscité, avec successivement deux réactions : 1. Incrédulité. Elle s’adresse aux autres apôtres en une réplique violente ; qui marque le refus de croire plus encore que le doute (Jn 20, 25). 2. Foi. Elle s’adresse au Ressuscité qui vient d’apparaître et marque un revirement total et son adhésion à la résurrection : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20, 28).
Une dernière mention lors de l’apparition au bord du lac de Tibériade (Jn 21, 2), mentionné immédiatement après Simon-Pierre : signe évident de l’importance dont il jouissait au sein des premières communautés chrétiennes. C’est sous son nom que furent ensuite écrits les Actes et l’Évangile de Thomas, tous deux apocryphes, mais tout de même importants pour l’étude des origines chrétiennes. Selon une antique tradition, Thomas évangélisa tout d’abord la Syrie et la Perse, se rendit ensuite jusqu’en Inde occidentale, d’où il atteignit également l’Inde méridionale.
Thomas, Marie-Madeleine, Nathanaël
Mais regardons de plus près les trois étapes du dialogue entre Jésus et Thomas — 1. Thomas avait demandé que certains critères soient satisfaits avant de pouvoir reconnaître Jésus ressuscité — 2. Jésus appelle Thomas par son prénom et annonce publiquement qu’il sait son désir de voir et de toucher — 3. Thomas confesse brusquement la foi la plus totale dans le Ressuscité.
La même suite d’étapes exactement (d’abord l’incapacité de la personne à reconnaître Jésus, puis la reconnaissance par Jésus de cette personne et enfin la joie de la reconnaissance de Jésus par la personne) structure la rencontre de MARIE-MADELEINE avec Jésus ressuscité. Tout d’abord Marie se trompe en prenant Jésus pour le jardinier (Jn 20, 14-15). Puis Jésus s’adresse à elle en l’appelant Marie, l’identifiant comme la personne qu’elle est vraiment (Jn 20, 16). Finalement, elle le reconnaît pour ce qu’il est vraiment en l’appelant « Rabbouni » (Jn 20, 16). — Cette même structure narrative se retrouve dans l’histoire du disciple NATHANAËL (Jn 1, 43-51). Ici également, nous avons d’abord l’expression du doute humain (« De Nazareth, peut-il sortir quelque chose de bon ? » — Jn 1, 46). Puis Jésus reconnaît Nathanaël comme « vraiment un Israélite sans détour » (Jn 1, 47) et lui dit qu’il l’a vu sous un figuier (Jn 1, 48). Nathanaël le reconnaît alors aussitôt en lui disant : « Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d’Israël » (Jn 1, 49).
Ces trois épisodes, dans lesquels tour à tour Nathanaël, Marie et Thomas reconnaissent la divinité de Jésus, sont parallèles et sont vraisemblablement conçus pour s’éclairer mutuellement. Ils portent ce message : l’homme peut seulement reconnaître Jésus comme Dieu, si Jésus le reconnaît le premier ; la connaissance humaine est inadéquate si elle n’est pas soutenue par la grâce divine. Ton Amour Seigneur est premier ; il désarme mes doutes ; il fait jaillir en moi la foi en toi et l’amour pour toi, « mon Seigneur et mon Dieu ».
→ Pour approfondir : https://petiteecolebiblique.fr/91-thomas/