Benoît XVI encourage la nouvelle évangélisation

Le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, créé en 2010 par Benoît XVI, a organisé en cette fin de semaine (oct 2011) à Rome sa première rencontre internationale avec la participation de quelque 8 000 délégués représentant un très large éventail de pays et de réalités ecclésiale (source). A l’issue de la rencontre le Pape a prononcé ce discours (15 oct. 2011).

Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l’épiscopat,
Chers amis !

J’ai accepté avec plaisir l’invitation du Président du Conseil pontifical pour la Promotion de la Nouvelle Evangélisation à être présent avec vous tous ce soir, au moins pendant un bref instant, et surtout demain pour la célébration eucharistique. Je remercie Mgr Fisichella pour les paroles de salutation qu’il m’a adressées en votre nom, et je me réjouis de vous voir si nombreux.

Je sais que vous êtes ici pour en représenter beaucoup d’autres qui, comme vous, sont impliqués dans la difficile tâche de nouvelle évangélisation. Je salue également tous ceux qui suivent cet événement à travers les muyens de communication qui permettent à de nombreuses nouveaux évangélisateurs d’être connectés simultanément, bien que dispersés dans différentes parties du monde.

Vous avez choisi comme phrase-guide pour votre réflexion d’aujourd’hui l’expression: « La Parole de Dieu croît et se répand» .
A plusieurs reprises, l’évangéliste Luc utilise cette formule dans les Actes des Apôtres; dans diverses circonstances, il affirme en effet que «la Parole de Dieu croissait et se répandait» (cf. Ac 6 7, 12,24). Mais pour le thème de cette journée, vous avez changé le temps des deux verbes pour mettre en évidence un aspect important de la foi: la certitude consciente que la Parole de Dieu est toujours vivante, à chaque moment de l’histoire, jusqu’à nos jours, parce que l’Eglise la rend présente par sa transmission fidèle, la célébration des sacrements et le témoignage des croyants. C’est pourquoi notre histoire est en pleine continuité avec celui des premières communautés chrétienne, elle vit de la même sève vitale.

Mais quel terrain rencontre la Parole de Dieu? Comme alors, aujourd’hui aussi, elle peut rencontrer fermeture et rejet, des façons de penser et de vivre qui sont loin de la recherche de Dieu et de la vérité. L’homme contemporain est souvent confus et ne réussit pas à trouver les réponses aux nombreuses questions qui agitent son esprit sur le sens de la vie et les problèmes qui se posent au plus profond de son cœur. L’homme ne peut pas éluder ces questions qui touchent à la signification de soi et de la réalité, il ne peut pas vivre dans une seule dimension! Au lieu de cela, souvent, il est éloigné de la recherche de l’essentiel dans la vie, tandis qu’on lui propose un bonheur éphémère, qui satisfait pour un instant, mais laisse très vite tristesse et insatisfaction.

Pourtant, malgré la condition de l’homme contemporain, on peut encore affirmer avec certitude, comme au début du christianisme, que la Parole de Dieu continue à croître et à se répandre. Pourquoi?
Laissez-moi mentionner au moins trois raisons.

La première est que la force de la Parole ne dépend pas principalement de notre action, de nos moyens, de notre «faire», mais de Dieu, qui cache sa puissance sous les signes de faiblesse, qui se rend présent dans la douce brise du matin (cf 1 Rois 19:12), qui se révèle dans le bois de la croix. Nous devons toujours croire en l’humble puissance de la Parole de Dieu et permettre à Dieu d’agir!

La deuxième raison est parce que la semence de la Parole, comme le relate la parabole évangélique du semeur, tombe encore dans la bonne terre qui la reçoit et produit des fruits (cf. Mt 13,3 à 9). Et les nouveaux évangélisateurs font partie de ce champ qui permet à l’Evangile de croître en abondance et de transformer leur vie et celle des autres. Dans le monde, même si le mal fait plus de bruit, il continue à y avoir la bonne terre.

La troisième raison est que l’annonce de l’Evangile est vraiment parvenue jusqu’aux confins de la Terre et même au milieu de l’indifférence, de l’incompréhension, de la persécution, beaucoup continuent aujourd’hui, avec courage, à ouvrir leur cœur et leur esprit pour accepter l’invitation du Christ à le rencontrer et à devenir ses disciples. Ils ne font pas de bruit, mais ils sont comme la graine de moutarde qui devient un arbre, la levure qui fermente la pâte, le grain de blé qui se casse pour donner naissance à l’épi.

Tout cela, d’une part apporte réconfort et espoir car il montre l’incesssant ferment missionnaire qui anime l’Église, et de l’autre doit remplir le coeur de chacun d’un sens renouvelé de responsabilité envers la Parole de Dieu et la diffusion de l’Evangile.

Le Conseil Pontifical pour Promotion de la Nouvelle Évangélisation, que j’ai créé l’an dernier, est un outil précieux pour identifier les grandes questions qui s’agitent dans différents secteurs de la société et la culture contemporaine. Il est appelé à offrir une aide particulière à la mission de l’Église, surtout dans les pays d’ancienne tradition chrétienne qui semblent devenus indifférents, sinon hostiles à la Parole de Dieu.

Le monde d’aujourd’hui a besoin de personnes qui annoncent et témoignent que c’est le Christ qui enseigne l’art de vivre, le chemin du vrai bonheur, parce qu’Il est Lui-même le chemin de la vie; de personnes qui avant tout tiennent le regard fixé sur Jésus, le Fils de Dieu: la parole de l’annonce doit toujours être immergée dans une relation intense avec lui, dans une intense vie de prière.
Aujourd’hui, le monde a besoin de personnes qui parlent à Dieu, pour pouvoir parler de Dieu. Et nous devons toujours nous rappeler que Jésus n’a pas racheté le monde par des belles paroles ou des moyens voyants, mais par sa souffrance et sa mort.
La loi du grain de blé qui meurt dans la terre vaut encore aujourd’hui; nous ne pouvons pas donner vie aux autres, sans donner notre vie: «celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’Evangile la sauvera », dit le Seigneur (Marc 8:35). Vous voyant tous, et connaissons le dur travail que chacun de vous accomplit au service de la mission, je suis convaincu que les nouveaux évangélisateurs vont se multiplier de plus en plus pour donner vie à la vraie transformation dont le monde a besoin aujourd’hui. Ce n’est qu’à travers des hommes et des femmes façonnés par la présence de Dieu, que la Parole de Dieu va continuer son chemin dans le monde, portant des fruit.

Chers amis, être évangélisateurs n’est pas un privilège, mais un engagement qui vient de la foi. A la question que le Seigneur adresse aux chrétiens: «Qui enverrai-je et qui ira pour moi?», vous répondez avec le même courage et la même confiance que le prophète: « Me voici, Seigneur, envoie-moi» (Isaïe 6,8).

Je vous demande de vous laisser façonner par la grâce de Dieu et à répondre docilement à l’action de l’Esprit du Ressuscité. Soyez des signes d’espérance, capables de regarder vers le futur avec la certitude qui provient du Seigneur Jésus, qui a vaincu la mort et nous a donné la vie éternelle. Communiquez à tous la joie de la foi avec l’enthousiasme qui vient d’être animés par l’Esprit Saint, parce que Lui rend toutes choses nouvelles (Ap 21,5), confiant dans la promesse faite par Jésus à l’Église: « Et voici que je suis avec vous chaque jour, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20).

Au terme de cette journée, demandons également la protection de la Vierge Marie, Etoile de la nouvelle évangélisation, tandis que de tout le cœur, j’accompagne chacun de vous et votre engagement avec la Bénédiction apostolique .
Merci!