Noël, manifestation de l’humilité de Dieu

Petit parcours à travers les homélies de Benoît XVI pendant le temps de Noël

Ce qui naît à Bethléem est la Sagesse de Dieu. Saint Paul, en écrivant aux Corinthiens, utilise cette expression: « une sagesse de Dieu, mystérieuse » (1 Co 2, 7), c’est-à-dire qui est dans un dessein divin, qui est demeurée longtemps cachée et que Dieu lui-même a révélée dans l’histoire du salut. Dans la plénitude des temps, cette Sagesse a pris un visage humain, le visage de Jésus qui — comme le récite le Symbole des apôtres — « a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux Cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, d’où il viendra juger les vivants et les morts ». Le paradoxe chrétien consiste précisément dans l’identification de la Sagesse divine, c’est-à-dire le Logos éternel, avec l’homme Jésus de Nazareth et avec son histoire. Il n’y a pas de solutions à ce paradoxe sinon dans la parole « Amour », qui dans ce cas doit être écrite naturellement avec un « A » majuscule, s’agissant d’un Amour qui dépasse infiniment les dimensions humaines et historiques. La Sagesse que nous invoquons ce soir est donc le Fils de Dieu, la deuxième personne de la Très Sainte Trinité; c’est le Verbe qui, comme nous le lisons dans le Prologue de Jean, « était au commencement avec Dieu », et même, « était Dieu », qui avec le Père et l’Esprit Saint a créé toutes choses et « s’est fait chair » pour nous révéler le Dieu que personne ne peut voir (cf. Jn 1, 2-3.14.18).

(…) Demandons-nous: qui était présent — la nuit de Noël — dans la grotte de Bethléem? Qui a accueilli la Sagesse lorsqu’elle est née? Qui est accouru pour la voir, l’a reconnue et adorée? Pas les docteurs de la loi, des scribes ou des sages. Il y avait Marie et Joseph, puis les pasteurs. Qu’est-ce que cela signifie? Jésus dira un jour: « Oui Père car tel a été ton bon plaisir » (Mt 11, 26): tu as révélé ton mystère aux petits (cf. Mt 11, 25). Mais alors, il ne sert à rien d’étudier? Ou bien est-il nuisible, et même contre-productif de connaître la vérité? L’histoire de deux mille ans de christianisme exclut cette hypothèse, et nous suggère celle qui est correcte: il s’agit d’étudier, d’approfondir les connaissances en conservant une âme de « petits », un esprit humble et simple, comme celui de Marie, « Siège de la Sagesse ». Combien de fois avons-nous eu peur de nous approcher de la Grotte de Bethléem car nous étions préoccupés que cela soit un obstacle à notre sens critique et à notre « modernité » ! Au contraire, dans cette Grotte, chacun de nous peut découvrir la vérité sur Dieu et celle sur l’homme. Toutes deux se sont rencontrées en cet Enfant, né de la Vierge: le désir de vie éternelle de l’homme a attendri le cœur de Dieu, qui n’a pas eu honte d’assumer la condition humaine. Benoît XVI,  17 décembre 2009, homélie lors de la célébration des vêpres avec la participation des étudiants des universités de Rome.

Dans cet Enfant se manifeste Dieu-Amour: Dieu vient sans armes, sans la force, parce qu’il n’entend pas conquérir, pour ainsi dire, de l’extérieur, mais il entend plutôt être librement accueilli par l’homme; Dieu se fait Enfant sans défense pour vaincre l’orgueil, la violence, la soif de possession de l’homme. En Jésus, Dieu a assumé cette condition pauvre et désarmante pour nous vaincre par l’amour et nous conduire à notre véritable identité. Nous ne devons pas oublier que le titre le plus grand de Jésus Christ est précisément celui de « Fils », Fils de Dieu; la dignité divine est indiquée par un terme, qui prolonge la référence à l’humble condition de la mangeoire de Bethléem, bien que correspondant de manière unique à sa divinité, qui est la divinité du « Fils ». Benoît XVI, audience générale du mercredi 23 décembre 2009.

Réveillez-vous, nous dit l’Évangile. Venez dehors pour entrer dans la grande vérité commune, dans la communion de l’unique Dieu. Se réveiller signifie ainsi développer sa sensibilité pour Dieu, pour les signes silencieux par lesquels il veut nous guider, pour les multiples indices de sa présence. Il y a des personnes qui disent être «religieusement privées d’oreille musicale». L’aptitude à percevoir Dieu semble presque un don qui est refusé à certains. Et en effet – notre manière de penser et d’agir, la mentalité du monde contemporain, l’éventail de nos diverses expériences sont de nature à affaiblir la sensibilité à Dieu, à nous «priver d’oreille musicale» pour Lui. Et pourtant dans toute âme est présente, de façon cachée ou ouverte, l’attente de Dieu, la capacité de le rencontrer. Pour obtenir cette vigilance, cet éveil à l’essentiel, nous voulons prier, pour nous-mêmes et pour les autres, pour ceux qui semblent être «privés d’oreille musicale» et chez qui, cependant, le désir que Dieu se manifeste est vif.

(…)  Les bergers, après avoir entendu le message de l’ange, se dirent l’un à l’autre: «Allons jusqu’à Bethléem … Ils y allèrent, sans délai» (Lc 2, 15ss). «Il se hâtèrent» dit littéralement le texte grec. Ce qui leur avait été annoncé était si important qu’ils devaient se mettre en route immédiatement. En effet, ce qui leur avait été dit là, allait absolument au-delà de l’ordinaire. Cela changeait le monde. Le Sauveur est né. Le Fils de David attendu est venu au monde dans sa ville. Que pouvait-il y avoir de plus important? Bien sûr, la curiosité les poussait aussi, mais par-dessus tout la fébrilité liée à la grande réalité qui leur avait été communiquée précisément à eux, des petits et des hommes apparemment insignifiants. Ils se pressèrent – sans hésitation. Dans notre vie ordinaire, il n’en va pas ainsi. La majorité des hommes ne considère pas comme prioritaires les affaires de Dieu, celles-ci ne nous pressent pas immédiatement. Et nous aussi, pour l’immense majorité, nous sommes disposés à les renvoyer à plus tard. Avant tout nous faisons ce qui, ici et maintenant, apparaît urgent. Dans la liste des priorités, Dieu se retrouve souvent presqu’à la dernière place. Il sera toujours temps – pense-t-on – de s’en préoccuper. L’Évangile nous dit: Dieu a la plus grande priorité. Si quelque chose dans notre vie mérite urgence, c’est, alors, seulement la cause de Dieu. Une maxime de la Règle de saint Benoît dit: «Ne rien placer avant l’œuvre de Dieu (c’est-à-dire avant l’office divin)». La Liturgie est, pour les moines, la priorité première. Tout le reste vient après. Toutefois, au fond, cette phrase vaut pour chaque homme. Dieu est important, il est dans l’absolu la réalité la plus importante de notre vie. C’est précisément cette priorité que nous enseignent les bergers. Nous voulons apprendre d’eux à ne pas nous laisser écraser par toutes les choses urgentes de la vie quotidienne. Nous voulons apprendre d’eux la liberté intérieure de mettre au second plan les autres occupations – pour importantes qu’elles soient – pour nous approcher de Dieu, pour le laisser entrer dans notre vie et dans notre temps. Le temps consacré à Dieu et, à partir de Lui, à notre prochain n’est jamais du temps perdu. C’est le temps dans lequel nous vivons vraiment, dans lequel nous vivons en tant que personnes humaines.

(…) Les bergers, en effet, habitaient à côté. Ceux-ci n’avaient qu’à « traverser » (cf. Lc 2, 15) comme on parcourt une courte distance pour se rendre chez les voisins. Les savants, en revanche, habitaient loin. Ceux-ci devaient parcourir un chemin long et difficile, pour arriver à Bethléem. Et ils avaient besoin d’un guide et d’indication. Eh bien, aujourd’hui encore, existent des âmes simples et humbles qui demeurent toutes proches du Seigneur. Celles-ci sont, pour ainsi dire, ses voisins et peuvent facilement aller chez Lui. Mais la majeure partie de nous, hommes modernes, vit loin de Jésus Christ, de Celui qui s’est fait homme, du Dieu venu au milieu de nous. Nous vivons dans les réflexions, dans les affaires et dans les occupations qui nous absorbent entièrement et depuis lesquelles le chemin vers la crèche est très long. De multiples manières, Dieu doit sans cesse nous pousser et nous aider, afin que nous puissions sortir de l’enchevêtrement de nos pensées et de nos engagements et trouver le chemin qui va vers Lui. Mais pour tous, il y a un chemin. Pour tous, le Seigneur dispose des signes adaptés à chacun. Il nous appelle tous, pour que nous aussi puissions dire: Allons, «traversons», allons jusqu’à Bethléem – vers ce Dieu, qui est venu à notre rencontre. Oui, Dieu s’est mis en chemin vers nous. De nous-mêmes, nous ne pourrions le rejoindre. Le chemin dépasse nos forces. Mais Dieu est descendu. Il vient à notre rencontre. Il a parcouru la plus grande partie du chemin. Maintenant, il nous demande: Venez et voyez combien je vous aime.

(…) L’ange avait dit aux bergers: «Voilà le signe qui vous est donné: vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire» (Lc 2, 12; cf. 16). Le signe de Dieu, le signe qui est donné aux bergers et à nous, n’est pas un miracle bouleversant. Le signe de Dieu est son humilité. Le signe de Dieu est qu’Il se fait petit; devient enfant; se laisse toucher et sollicite notre amour. Comme nous désirerions, nous les hommes, un signe différent, un signe imposant, irréfutable du pouvoir de Dieu et de sa grandeur. Mais son signe nous invite à la foi et à l’amour, et en conséquence, nous donne l’espérance: ainsi est Dieu. Il possède le pouvoir et Il est la Bonté. Il nous invite à devenir semblables à Lui. Oui, nous devenons semblables à Dieu, si nous nous laissons façonner par ce signe; si nous apprenons, nous-mêmes, l’humilité et ainsi la vraie grandeur; si nous renonçons à la violence et ne recourrons qu’aux seules armes de la vérité et de l’amour. Benoît XVI, homélie de la messe de minuit, 24 décembre 2009.

C’est aujourd’hui le dimanche de la Sainte-Famille. Nous pouvons encore nous mettre à la place des pasteurs de Bethléem qui, ayant reçu l’annonce de l’ange, s’empressèrent d’accourir à la grotte et trouvèrent « Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la crèche » (Lc 2, 16). Arrêtons-nous nous aussi pour contempler cette scène et réfléchissons sur sa signification. Les premiers témoins de la naissance du Christ, les pasteurs, se trouvèrent non seulement en face de l’Enfant Jésus, mais d’une petite famille: la mère, le père et le fils nouveau-né. Dieu a voulu se révéler en naissant dans une famille humaine, et c’est pourquoi la famille humaine est devenue une icône de Dieu! Dieu est Trinité, il est communion d’amour et la famille en est une expression qui reflète le Mystère insondable de Dieu amour, dans toute la différence qui existe entre le Mystère de Dieu et sa créature humaine. L’homme et la femme, créés à l’image de Dieu, deviennent dans le mariage « une seule chair » (Gn 2, 24), c’est-à-dire une communion d’amour qui engendre une nouvelle vie. La famille humaine, dans un certain sens, est une icône de la Trinité du point de vue de l’amour interpersonnel et de la fécondité de l’amour. Benoît XVI, Homélie lors de la Fête de la Sainte Famille,  27 décembre 2009

L’événement que Matthieu nous rapporte n’est pas non plus un bref épisode négligeable, qui se termine avec le retour en hâte des mages dans leurs terres. Au contraire, il s’agit d’un commencement. Ces personnages provenant de l’Orient ne sont pas les derniers, mais les premiers de la grande procession de ceux qui, à travers toutes les époques de l’histoire, savent reconnaître le message de l’étoile, savent marcher sur les routes indiquées par l’Ecriture Sainte et savent ainsi trouver Celui qui en apparence est faible et fragile, mais qui, en revanche, a le pouvoir de donner la joie la plus grande et la plus profonde au cœur de l’homme. En Lui, en effet, se manifeste la réalité merveilleuse que Dieu nous connaît et qu’il est proche de nous, que sa grandeur et sa puissance ne s’expriment pas dans la logique du monde, mais dans la logique d’un enfant sans défense, dont la seule force est celle de l’amour qui se confie à nous. Sur le chemin de l’histoire, il y a toujours des personnes qui sont illuminées par la lumière de l’étoile, qui trouvent la route et parviennent à Lui. Toutes vivent, chacune à sa façon, l’expérience même des mages.

Ils ont apporté de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Ce ne sont certainement pas des dons qui répondent aux nécessités premières ou quotidiennes. A ce moment-là, la sainte Famille aurait certainement eu davantage besoin de quelque chose d’autre que de l’encens et de la myrrhe, et même l’or ne pouvait pas lui être immédiatement utile. Mais ces dons ont également une profonde signification:  ils sont un acte de justice. En effet, selon la mentalité qui régnait à cette époque en Orient, ils représentent la reconnaissance d’une personne comme Dieu et Roi:  ils sont donc un acte de soumission. Ils veulent dire qu’à partir de ce moment, les donateurs appartiennent au souverain et reconnaissent son autorité. La conséquence qui en découle est immédiate. Les mages ne peuvent plus poursuivre leur route, ils ne peuvent plus retourner chez Hérode, ils ne peuvent plus être alliés avec ce souverain puissant et cruel. Ils ont été conduits pour toujours sur la route de l’Enfant, celle qui leur fera négliger les grands et les puissants de ce monde et les conduira à Celui qui nous attend parmi les pauvres, la route de l’amour qui seule peut transformer le monde.

(…) Toutefois, même si les quelques personnes de Bethléem sont devenues nombreuses, les croyants en Jésus Christ semblent toujours être peu nombreux. Beaucoup de personnes ont vu l’étoile, mais seules quelques-unes en ont compris le message. Les experts de l’Ecriture de l’époque de Jésus connaissaient parfaitement la Parole de Dieu. Ils étaient en mesure de dire sans aucune difficulté ce qu’on pouvait trouver dans celle-ci à propos du lieu où le Messie devait naître, mais, comme le dit saint Augustin:  « Il leur est arrivé comme aux pierres milliaires (qui indiquent la route):  tout en donnant des indications aux voyageurs en chemin, ils sont eux-mêmes restés inertes et immobiles » (Sermo 199. In Epiphania Domini, 1, 2).

Nous pouvons alors nous demander:  quelle est la raison pour laquelle certains voient et trouvent et d’autres pas? Qu’est-ce qui ouvre les yeux et le cœur? Qu’est-ce qui manque à ceux qui sont indifférents, à ceux qui indiquent la route mais qui ne bougent pas? Nous pouvons répondre:  trop d’assurance en eux-mêmes, la prétention de connaître parfaitement la réalité, la présomption d’avoir déjà formulé un jugement définitif sur les choses rend leurs cœurs fermés et insensibles à la nouveauté de Dieu. Ils sont sûrs de l’idée qu’ils se sont faite du monde et ne se laissent plus bouleverser au plus profond d’eux-mêmes par l’aventure d’un Dieu qui veut les rencontrer. Ils placent leur confiance davantage en eux-mêmes qu’en Lui et ne considèrent pas possible que Dieu soit grand au point de pouvoir se faire tout petit, de pouvoir vraiment s’approcher de nous.

A la fin, ce qui manque, c’est l’humilité authentique, qui sait se soumettre à ce qui est plus grand, mais également le courage authentique, qui conduit à croire à ce qui est vraiment grand, même si cela se manifeste dans un Enfant sans défense. Il manque la capacité évangélique d’être des enfants dans son cœur, de s’émerveiller, et de sortir de soi pour se mettre en route sur le chemin que l’étoile indique, le chemin de Dieu. Mais le Seigneur a le pouvoir de nous rendre capables de voir et de nous sauver. Nous voulons alors Lui demander de nous donner un cœur sage et innocent, qui nous permette de voir l’étoile de sa miséricorde, de nous mettre en route sur son chemin, pour le trouver et être inondés par la grande lumière et par la joie véritable qu’il a apportée dans ce monde. Amen! Benoît XVI, Homélie pour la fête de l’Épiphanie, 6 janvier 2010.

Le baptême du Précurseur est un baptême de pénitence, un signe qui invite à la conversion, à changer de vie car s’approche Celui qui « vous baptisera dans l’Esprit saint et le feu » (3, 16). En effet, on ne peut aspirer à un monde nouveau en demeurant plongé dans l’égoïsme et dans les habitudes liées au péché. Jésus aussi abandonne sa maison et ses occupations habituelles pour se rendre au Jourdain. Il arrive au milieu de la foule qui écoute Jean-Baptiste et se met dans la file comme tous, dans l’attente d’être baptisé. Dès qu’il le voit s’approcher, Jean perçoit qu’il y a quelque chose d’unique dans cet Homme, qui est l’Autre mystérieux qu’il attendait et vers lequel sa vie tout entière était orientée. Il comprend qu’il se trouve face à Quelqu’un de plus grand que lui et dont il n’est pas même digne de délier la courroie de ses sandales.

Sur les rives du Jourdain, Jésus se présente avec une extraordinaire humilité, qui rappelle la pauvreté et la simplicité de l’Enfant déposé dans la crèche, et anticipe les sentiments avec lesquels, au terme de ses jours terrestres, il arrivera à laver les pieds des disciples et subira l’humiliation terrible de la croix. Le Fils de Dieu, Celui qui est sans péché, se place parmi les pécheurs, montre la proximité de Dieu sur le chemin de conversion de l’homme. Jésus assume sur ses épaules le poids de la faute de l’humanité tout entière, commence sa mission en se mettant à notre place, à la place des pécheurs, dans la perspective de la croix.

Tandis que, recueilli en prière, après le baptême, il sort de l’eau, les cieux s’ouvrent. C’est le moment attendu par la foule des prophètes. « Ah! si tu déchirais les cieux et descendais », avait invoqué Isaïe (63, 19). A ce moment, semble suggérer saint Luc, cette prière est exaucée. En effet, « le ciel s’ouvrit et l’Esprit Saint descendit sur lui » (3, 21-22); on entendit des paroles jamais entendues auparavant:  « Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur » (cf. v. 22). Jésus, en remontant des eaux, comme l’affirme saint Grégoire de Nazianze, « voit se déchirer et s’ouvrir les cieux, ces cieux qu’Adam avait fermés pour lui et pour toute sa descendance » (Discours 39 pour le Baptême du Seigneur, pg 36). Le Père, le Fils et le Saint Esprit descendent parmi les hommes et nous révèlent leur amour qui sauve. Si ce sont les anges qui apportent aux pasteurs l’annonce de la naissance du Sauveur, et l’Etoile aux mages venus d’Orient, à présent, c’est la voix elle-même du Père qui indique aux hommes la présence dans le monde de son Fils et qui invite à se tourner vers la résurrection, vers la victoire du Christ sur le péché et sur la mort.

L’annonce joyeuse de l’Evangile est l’écho de cette voix qui vient d’En Haut. C’est pourquoi, comme nous l’avons écouté dans la seconde lecture, Paul écrit à juste titre à Tite:  « Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, s’est manifestée » (2, 11). En effet, l’Evangile est pour nous une grâce qui apporte la joie et donne un sens à notre vie. Celle-ci, poursuit l’apôtre, « nous enseigne à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, pour vivre en ce siècle présent dans la réserve, la justice et la piété » (v. 12); c’est-à-dire qu’il nous conduit à une vie plus heureuse, plus belle, plus solidaire, à une vie selon Dieu. Benoît XVI, Homélie pour la fête du Baptême du Christ, 10 janvier 2010