Prier, à quoi bon ?

Témoignage

“J’ai 70 ans. J’ai été élevé dans une famille chrétienne rurale: messe tous les dimanches, prière du soir en famille, premières études en école privée. En regardant en arrière, je m’aperçois que je vivais cela comme une religion superficielle – une carapace – , un intérieur spirituel vide, une récitation de formules. C’était pour moi une pratique formelle qui n’a eu aucune peine à s’estomper, puis pratiquement à disparaître pendant longtemps, comme je suppose qu’il est arrivé à tant d’autres.

Puis est venue la conversion – don de Dieu – dans le sens inverse: c’est-à-dire la perception du vide intérieur d’une part, et d’autre part la perception de Celui qui seul peut le remplir: Jésus, reconnu comme un vivant, et présent, m’aimant moi personnellement, et attendant que je le reconnaisse et lui réponde.

Cette réponse, c’est la prière, dont le besoin s’est aussitôt fait ressentir comme le besoin de respirer. Comment?

Dans l’humilité, accepter de me mettre à genoux.

Faire silence à l’intérieur de moi-même.

Et avec confiance,

laisser dans ce silence s’installer le nom de

JESUS.”

On dit: “J’ai trop à faire”

Pourtant, prier c’est simple comme dire: bonjour, bonsoir, merci, s’il-te-plaît… Prier, c’est un échange d’amour avec Dieu notre Père.

Une joie, une peine, une contrariété surgissent? Si elles provoquent en nous un élan vers Dieu avec des mots tout simples: nous avons prié.

“Prier, c’est penser à Dieu en l’aimant” (Ste Thérèse d’Avila).

“Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu”, dit saint Paul…

En toutes circonstances, louons Dieu. C’est ce qu’on pourrait appeler les « miettes de prière ». Cela ne prend pas de temps de prier dans les allées et venues; l’endroit ne fait pas honte à Dieu: il est partout présent. Par son Esprit, il est au plus profond de nous-mêmes. Là, bénissons le Seigneur toujours et partout.

“O Toi qui es chez Toi

Dans le fond de mon coeur,

Laisse-moi te rejoindre

Dans le fond de mon coeur”.

On dit: « Je ne sais pas quoi dire…”

Quand les apôtres demandèrent à Jésus: “apprends-nous à prier”, il répondit: “Quand vous priez, dites:

Notre Père, qui es aux cieux,

que ton nom soit sanctifié,

que ton règne vienne,

que ta volonté soit faite,

sur la terre comme au ciel.

Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour,

pardonne-nous nos offenses,

comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés,

et ne nous soumets pas à la tentation,

mais délivre-nous du mal ».

Prier, c’est entrer en relation avec quelqu’un, Dieu-Père qui nous aime; et avec les mots que Jésus nous a enseignés, répétons et souhaitons qu’arrivent tous les désirs de “notre Père”…  La meilleure prière n’est pas celle où il y a les plus belles paroles, mais celle où il y a le plus d’amour. Essayer de prier avec fidélité, c’est déjà prier…

On dit: “J’ai trop de soucis…”

Jésus nous dit: “Venez à moi… et moi je vous soulagerai”. Notre Père est un Père de tendresse, d’amour, de miséricorde, qui peut tout entendre, car il accueille tout… Présentons simplement nos soucis à son Amour.

Après notre prière, nos soucis seront toujours là, mais ils seront comme enveloppés par la bonté de Dieu, qui nous donnera courage et force pour les assumer.

« Jésus, Fils de Dieu, Sauveur,

aie pitié de moi, pécheur »

On dit: “J’ai prié et je n’ai pas été exaucé…”

Comme un Père, Dieu aime que nous lui exprimions nos désirs. Jésus a dit: “Demandez et vous recevrez”. Dieu est heureux quand, dans une humble relation filiale et un acte de foi en sa bonté, nous lui disons:

“Père… donne-nous…”

S’il ne nous accorde pas forcément ce que nous lui demandons,

il donne toujours ce qui est le meilleur pour nous;

mais nous ne le comprendrons  que plus tard.

Si nous faisons confiance à son Amour, nous pourrons prier ainsi:

“Père… si tu veux…”

Il est bon aussi de lui dire: “Merci”…  prière de reconnaissance et d’action de grâces.

Et comme notre prière ne peut être uniquement une liste de demandes matérielles, il est bon, dans un coeur à coeur avec le Père, de demander ce que Jésus lui-même dit être l’essentiel:

aimer Dieu et notre prochain de toutes nos forces.

On dit: « Je n’ai pas le temps… »

C’est vrai que nous avons des vies souvent surchargées. C’est pourquoi il faut apprendre à faire des choix. On trouve toujours le temps pour ce qu’on aime. Si nous pensons que la prière est importante, elle deviendra pour nous une priorité… nous trouverons le temps de prier.

Ensuite, il faut s’organiser pour se donner chaque jour un temps de prière. Pour l’un, ce sera le matin; pour un autre, au cours de la journée, ou bien le soir… A chacun de voir où il va prendre le temps; et quelquefois, il faudra fermer la télévision ou se lever plus tôt…

Quand c’est possible, prier le matin, se donner un quart d’heure par exemple, avant de commencer sa journée, c’est permettre au Seigneur de nous conduire ensuite tout au long du jour… Tout sera différent.

MAIS COMMENT PRIER ?

La prière est un dialogue d’amour. J’aime Dieu et je me laisse aimer par lui. Je lui parle, sûr qu’il m’écoute. Je fais silence, et j’accueille sa Parole.

1. Si on veut vraiment prier, il faut s’arrêter et donner du temps chaque jour.

2. Il faut apprendre à faire silence. Jésus nous dit: “Quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte, et prie ton Père qui est là, dans le secret” .

3. L’Esprit Saint est à l’oeuvre en celui qui prie.

A plus forte raison si je suis baptisé et confirmé, c’est lui l’animateur de ma prière. Je commence donc par m’ouvrir à lui:

“Esprit Saint, viens prier en moi”.

4. Il nous faut ouvrir l’Evangile.

La prière quotidienne s’enracine dans la Parole de Dieu. La prière nous pousse à un effort d’attention pour mieux découvir ce que Dieu attend de nous. Il faut ouvrir, lire, et méditer l’Evangile. Celui qui l’écoute vraiment s’en nourrit. Sa prière est accueil et sa vie est réponse…

5. Cette écoute de la Parole nous amènera un jour ou l’autre à la prière en commun, en particulier

– en famille, en couple, ou avec les enfants;

– à la célébration eucharistique lors du rassemblement du dimanche.

De toutes façons, pour apprendre à prier, il est utile de trouver sur son chemin une personne ou un groupe qui puisse nous aider.

C’est ensemble, en Eglise, que nous sommes appelés à accueillir le don de l’Esprit, à nous ouvrir à nos frères et à intercéder pour le monde.

Et lorsqu’il nous arrivera encore de nous redire “à quoi bon prier?…”, la “clé” de la vraie prière sera de : PERSEVERER. Car prier demeure difficile; on est toujours tenté d’abandonner. Et quelqu’un peut nous aider: c’est Marie, notre mère du ciel. Prier avec Marie, prier le chapelet, c’est recevoir l’aide maternelle et puissante de celle qui, dans l’Eglise, est la Toute Sainte.

P. Dominique Auzenet, et une équipe