Eucharistie, mariage et famille. Témoignage de Breda O’Brien.

TÉMOIGNAGE DE BREDA O’BRIEN, MÈRE DE FAMILLE, JOURNALISTE

L’Eucharistie, le mariage et la famille

DUBLIN, vendredi 15 juin 2012 (ZENIT.org) – Breda O’Brien a livré son témoignage au congrès de Dublin, parlant avec humour du « chahut » de la vie familiale, de sa « profonde imperfection », mais aussi « de la joie merveilleuse qui parvient à se faufiler, malgré toute la pagaille ».

La journaliste irlandaise Breda O’Brien est intervenue sur « le mariage et la famille », le 12 juin 2012, dans le cadre du 50e Congrès eucharistique international de Dublin (10-17 juin).

« Un mariage n’est pas un moment », a-t-elle notamment rappelé, « c’est une durée de vie, où vous essayez chaque jour d’être à la hauteur de la promesse que vous avez faite, une promesse si impossible à tenir que cela oblige à ne plus compter sur ses propres ressources, et à ouvrir les mains pour recevoir la grâce de Dieu dans la prière ».



Bonjour à tous. Quand on m’a demandé de parler au Congrès, j’étais à la fois très honorée et profondément effrayée. Je n’ai jamais manqué une date limite pour ma colonne dans l’Irish Times ; une foi, j’en ai même terminé une entre deux contractions en accouchant de mon dernier enfant. Pourtant, la date limite pour soumettre ce discours était arrivée, et j’étais toujours bloquée devant mon écran vide, incapable d’écrire un mot.

Au lieu de cela, des scènes de ma vie passée me traversaient l’esprit, comme cela arrive, dit-on, aux personnes qui sont en train de se noyer. Je me suis souvenue de la fois où, il y a des années, mon enfant de trois ans a remonté l’allée de l’église en traînant les pieds, et ignorant mes efforts frénétiques pour le faire taire, s’est exclamé haut et fort : « La messe, c’est de la foutaise ! La messe, c’est de la foutaise ! », au rythme de ses pas. Pendant qu’il traînait les pieds, je croyais voir au-dessus des têtes des paroissiens des bulles comme dans les bandes dessinées et, dans mon imagination, ils pensaient quelque chose comme : « Je blâme les parents ».

Ou encore la fois où un de mes enfants a décidé de me demander : «Maman, qu’est-ce que c’est une religieuse ? Je ne sais pas ce que c’est une religieuse », pendant que je conversais avec ma chère amie sœur Rita. J’avais été enseignante dans une école de sœurs dominicaines pendant des années mais j’avais, semble-t-il, plutôt négligé le l’enseignement le plus élémentaire à la maison.

Mais même ces incidents étaient inoffensifs en comparaison avec ce jour où mes enfants ont joyeusement dit à un visiteur qu’ils avaient inventé un surnom pour quand j’étais de mauvaise humeur. Ils appelaient ça les moments de « la buse chasseuse de pigeons ». Mes enfants étaient les pigeons, et j’étais la buse. Oui, ce prédateur qui se déplace très rapidement et qui a tendance à laisser beaucoup de sang et de plumes dans son sillage. Le visiteur a eu l’air stupéfait, il a essayé de dire quelque chose de poli pour m’excuser, mais ils ont dit tous en chœur: «Oh non ! C’est vraiment une buse tueuse de pigeons ».

Donc vous voyez pourquo j’ai connu quelque chose comme l’angoisse de la page blanche au moment d’écrire un témoignage sur le thème de la communion avec le Christ et les uns avec les autres.

Puis l’angoisse a disparu, et j’ai réalisé que j’étais dans la position idéale pour vous parler du désordre/chahut de la vie familiale, de la profonde imperfection de tout cela, et pourtant de la joie merveilleuse qui parvient à se faufiler, malgré toute la pagaille.

Nous sommes tous issus de familles, et c’est là que nous apprenons à aimer, même imparfaitement. Je sais que certains de mes amis célibataires se sentent laissés de côté par l’accent mis sur le mariage dans l’Eglise catholique, mais nous sommes tous membres d’une famille, et les personnes seules peuvent être extrêmement importantes dans les structures familiales. Je me souviens de ma tante Kathleen, qui était célibataire. Elle était un point d’ancrage dans un monde en mouvement pour le reste d’entre nous.

C’était quelqu’un qui avait du temps pour tout le monde, qui savait toujours ce que devenait chaque membre de notre famille éparpillée. Elle était un appel à regarder à l’extérieur du cadre étroit du noyau familial, parce que son vif intérêt pour les personnes n’avait d’égal que son vif intérêt pour le monde. Elle avait une foi paisible, forte, qui me rappelait le dicton souvent attribué à saint François : « Toujours Prêcher l’Evangile et, si c’est nécessaire, en paroles ».

Je pense aux paroisses, qui dépendent souvent en grande partie du travail des personnes seules. Et je sais que certaines personnes célibataires, qui ne croient même pas qu’il existe une forme de vocation à la vie célibataire, témoignent de la valeur du célibat par la manière créative et utile dont elles vivent leur vie.

Une des grandes innovations de l’Église chrétienne primitive était l’honneur accordé aux célibataires et aux veuves. Dans les cultures anciennes, c’était une honte pour une femme de ne pas être mariée, et les veuves étaient encouragées à se remarier le plus tôt possible. Mais la religion chrétienne a dit : non, les célibataires ont aussi une vocation et le mariage n’est pas la seule manière de servir.

Cependant, ma vocation étant celle d’épouse et de mère, je me sens qualifiée pour dire que nous, les mères, nous pouvons être des créatures étranges et énigmatiques.

Un jour, j’étais dans une voiture près d’une piste cyclable. La circulation était très lente et j’ai pu observer une mère sur un vélo pendant un bon moment. Elle allait à l’école à vélo avec trois petits enfants, mais elle roulait d’une manière tout à fait incompréhensible pour moi. Elle ne faisait rien de dangereux, mais elle accélérait et ralentissait de façon imprévisible. La meilleure description que je puisse en faire, c’est qu’elle essayait d’utiliser son vélo comme un aéroglisseur. Elle était en vol stationnaire sur une bicyclette.

Mais ensuite j’ai été frappée par ce qu’elle faisait. Elle tentait de garder à tout moment son corps entre ses enfants et toute menace éventuelle de la circulation. Vous avez entendu l’expression ‘être prêt à prendre des coups à la place d’un autre’ ? Cette mère était prête à avoir le corps brisé par une voiture, plutôt que de voir blesser un de ses petits canetons.

Maintenant, je suis sûre qu’un biologiste de l’évolution acquiescerait gentiment d’un signe de tête en disant que c’est un « comportement instinctif résultat de l’évolution » visant à améliorer les chances de transmettre ses gènes avec succès. Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, cela ressemblait beaucoup à de l’amour. En fait, être prêt à avoir le corps brisé pour protéger ses enfants ressemble beaucoup, pour moi, à l’amour de Dieu.

Et pourtant, cette mère a probablement aussi ses moments de « buse tueuse de pigeon », malgré tout son amour. Cela fait partie de la réalité de la vie familiale. Être disposé à avoir le corps brisé plutôt que de voir blesser vos enfants est une image de l’amour de Dieu, mais Dieu ne nous abandonne pas lorsque nous sommes moins exemplaires.

En fait, je me suis accrochée avec beaucoup de ténacité, au fil des années, au dicton selon lequel « une bonne famille n’est pas là où il n’y a jamais de problèmes : une bonne famille est une famille où, lorsque les problèmes arrivent, ils sont bien gérés ». Et je voudrais aussi ajouter que les choses sont mieux gérées lorsque nous tendons la main comme des petits enfants pour recevoir la grâce de Dieu, conscients de notre propre incapacité à « régler » quoi que ce soit.

Dans notre famille, la table de cuisine est très importante. Le moment où chaque enfant a quitté sa chaise haute pour rejoindre le reste d’entre nous fut un grand moment. C’est là que nous apprenons à écouter, à pardonner et à être pardonné. C’est là que nous sommes nourris, corps et âme. C’est là que nous apprenons à être reconnaissants, et à rendre grâce pour tout ce que nous avons. De cette façon, c’est le lieu où nous apprenons d’abord le sens de l’Eucharistie, du Christ présent au milieu de nous. Si nous voulons réapprendre la valeur de l’Eucharistie, peut-être avons-nous aussi besoin de réapprendre la valeur de la table de cuisine et du repas en famille.

Dieu est présent quand les gens se disputent, et sont irrités les uns contre les autres. Il est présent quand quelqu’un se plaint d’avoir tout à faire dans la maison parce qu’il a la mère la plus nulle au monde. Il est également présent lorsque nous sommes morts de rire autour de la table, ou lorsque nous mêlons nos larmes parce qu’un membre bien-aimé de la famille vient de mourir. Il est là quand nous mangeons encore un délicieux repas préparé par mon mari, quand nous avons une longue discussion sur la religion, la politique et pour savoir qui est le meilleur compagnon du Docteur Who, et il est là lors de la compétition rituelle pour s’échapper furtivement de la cuisine afin d’éviter la vaisselle.

Un mariage n’est pas un moment. C’est une durée de vie, où vous essayez chaque jour d’être à la hauteur de la promesse que vous avez faite, une promesse si impossible à tenir que cela nous oblige à ne plus compter sur nos propres ressources, et à ouvrir les mains pour recevoir la grâce de Dieu dans la prière.

Le mariage est un sacrement dans lequel les époux sont les ministres du sacrement, et où le prêtre agit en tant que témoin. Le mariage découle du moment où un consentement véritable et libre est donné, la promesse de s’aimer librement et pour toujours, et d’accueillir tous les enfants que Dieu enverra.

Comme le dit le Catéchisme de l’Église catholique : « Les époux scellent leur consentement à se donner l’un à l’autre par l’offrande de leurs propres vies, en l’unissant à l’offrande du Christ pour son Église, rendue présente dans le sacrifice eucharistique » (Catéchisme, n ° 1621).

Je suis très heureuse avec mon mari, Brendan. Il est d’un grand soutien pour nous en tant que famille, travaillant à temps plein à la maison, et faisant lui-même la classe à nos quatre enfants, Ben, Robyn, Eva et Matthias. Il travaille aussi très dur dans la paroisse, et il est très impliqué avec d’autres dans la messe des familles : il essaie de faire de notre paroisse un endroit chaleureux et réconfortant.

C’est davantage grâce à lui qu’à moi qu’il y a toujours eu un lien entre notre vie de famille et l’Eucharistie. Notre semaine rejaillit sur ce qui se passe le dimanche, et ce qui se passe le dimanche rejaillit sur notre semaine.

Mais il y a une manière plus profonde dans laquelle notre mariage est censé également rendre compte de l’Eucharistie. Le catholicisme est une religion incarnée, qui considère que le corps est béni et bon. Il y a un personnage de James Joyce, M. Duffy, qui vit un peu à distance de son corps – en bref, la plupart du temps dans sa tête, et très peu dans son corps et son cœur. Mais les catholiques ne sont pas censés vivre à distance de leur corps, mais les habiter pleinement pour leur permettre d’être signes et symboles de l’amour de Dieu.

Comme dans le mariage nous devenons un seul corps, nous devenons en quelque sorte un avec Dieu, et nous participons à son énergie créatrice et aimante. Cela semble impossible, voire choquant, mais c’est exprimé ainsi dans les Écritures, et développé dans les écrits du bienheureux Jean-Paul II : « L’homme est devenu ‘l’image et la ressemblance’ de Dieu non seulement par son humanité, mais aussi par la communion de personnes que forment l’homme et la femme dè le commencement ».

Est-ce que cela requiert une certaine sorte de perfection ? Absolument pas. Seul Dieu est parfait. Et le mariage vous rend régulièrement plus conscient de vos propres imperfections. Je pense souvent que le mariage est comme l’un de ces miroirs à trois faces, vous savez ceux des cabines d’essayage très éclairées dans les magasins de vêtements, où vous pouvez voir tous vos défauts depuis trois angles de vue ? Ou peut-être que cette analogie particulière ne parle qu’aux femmes?

Plus vous êtes proche de la personne que vous aimez, mieux elle vous connaît, de sorte que tous les faux-fuyants, les faux-semblants auxquels vous cédez, vous sont renvoyés à la figure. Toutes les blessures que vous causez à l’autre vous apparaissent de plus en plus clairement dans ce miroir implacable.

Ce serait une cause de désespoir sans la réalité de l’amour. Je ne parle pas de l’amour sentimental. Passion et romantisme brillent, et je suis tout à fait en faveur de leur maintien. En dépit de l’épuisement, du surmenage et du stress en général, Brendan et moi nous avons toujours essayé de garder du romantique dans notre mariage. Mais l’amour, l’amour véritable, en désordre, le véritable amour, est ce qui aide les mariages pour survivre et prospérer.

On dit souvent que le monde moderne manque d’idéalisme quand il s’agit de mariage. Pour moi, le monde moderne est plein d’une sorte de naïveté dangereuse quand il s’agit de mariage, qui fait plus de dégâts que n’importe quelle cynisme.

Il y a une mythologie de l’« unique » : celui qui serait votre âme sœur parfaite, qui répondra à tous vos besoins, et accomplira tout ce que vous recherchez. Faut-il s’étonner que les gens soient lents à s’engager, si leur idée du mariage c’est cet idéal irréalisable? Faut-il s’étonner que les gens soient si prompts à conclure que cela ne fonctionne pas, si c’est ce qu’ils attendent du mariage ?

La mythologie de ‘l’unique’ est comme celle d’un conte de fées, où le héros et la princesse doivent surmonter les obstacles pour trouver le compagnon parfait, et vivre heureux pour toujours. Peut-être n’est-il pas surprenant que les contes de fées se terminent par le mariage. Ce n’est pas non plus une coïncidence si, malgré le fait que beaucoup plus de gens vivent ensemble avant de se marier, le jour du mariage ait pris une importance énorme dans notre culture.

La cérémonie, cet événement de conte de fées, est devenu plus importante que le mariage : la journée de conte de fées est parfois même la raison donnée pour retarder le mariage. De plus en plus de personnes sont choquées de découvrir que, contrairement aux idées reçues, vivre ensemble avant le mariage n’augmente pas les chances de bonheur.

En fait, cela tend à avoir un effet néfaste. Les experts en sciences sociales le pensent, parce que certaines personnes qui vivent ensemble «glissent» dans le mariage, plutôt qu’ils ne prennent activement une décision, un choix d’aimer cette personne, seulement cette personne et pour toujours. Cela devient inévitable après avoir vécu ensemble pendant un certain temps, ce n’est pas un choix libre.

En tant que personnes mariées, nous avons besoin d’être plus honnêtes sur la réalité du mariage : elle est dur et difficile. Elle est aussi incroyablement enrichissante, en ce sens que tout ce qui est difficile sert à un accomplissement, comme lorsqu’on tombe sur la ligne d’arrivée au terme d’un marathon. Non pas que je sache quelque chose au sujet des marathons…

L’Hostie Sainte est rompue à la messe, à la fois comme un symbole de partage, et de la brisure du monde. Nous sommes des gens brisés, mais notre brisure ouvre un espace où laisser la grâce de Dieu entrer, et la compassion forgée par notre faiblesse et notre imperfection nous permet de nous pardonner à nous-mêmes et aux autres. Nous sommes bénis, rompus, et donnés les uns aux autres.

La dimension communautaire du mariage est d’une importance vitale. Le Concile Vatican II nous rappelle que l’alliance du mariage n’existe pas seulement pour le bien des conjoints et leurs enfants, mais aussi pour le bien de l’Église et le bien de la société au sens large. (cf. Gaudium et Spes, L’Eglise dans le monde de ce temps, 48).

La mythologie moderne du mariage met l’accent sur deux personnes. Mais le mariage ne concerne pas que deux personnes. Il s’agit de deux familles, avec leurs histoires, leurs faiblesses et leurs forces. Il s’agit de la communauté, et de la société. Il s’agit du soutien que votre société et votre Etat sont prêts à donner à votre mariage, à savoir si elles le considèrent comme une pierre angulaire de la société, ou tout simplement comme un choix de vie parmi d’autres. Il s’agit de vivre les valeurs qui sont bonnes pour la société dans son ensemble, qui modèlent un mode de vie qui n’est pas consumériste, mais fondé sur la valeur intrinsèque de chaque être humain en tant qu’être aimé de Dieu. Il s’agit du souci de la création, du monde merveilleux que Dieu nous a donné, et que nous endommageons et exploitons si souvent, au lieu d’en être les intendants.

Le mariage est à la fois remarquable et très dur. Si vous le laissez agir, il va brûler tous les graines d’égoïsme qui sont en vous. Si vous êtes bénis par des enfants, vous allez, comme l’a écrit Alice Thomas Ellis, découvrir l’amour inconditionnel pour la première fois.

Et l’éducation des enfants est un travail difficile, les erreurs que vous faites vous hantent. Attention, cela peut aussi rapprocher votre couple… Je me souviens avoir chancelé d’épuisement dans les mois qui ont suivi la naissance de mon premier enfant, à tel point que j’ai oublié mon propre nom. Non pas métaphoriquement, mais littéralement. J’étais dans un magasin, et ils n’avaient pas ce que je voulais, et la vendeuse a dit qu’elle le commanderait pour moi, si je lui donnais mon nom et mes coordonnées.

Je la regardais, complètement vide. Je n’avais aucune idée de ce qu’était mon nom. Mais comme dans une sorte de parabole sur le mariage, j’ai pu me souvenir de celui mon mari, aussi je me suis tourné vers lui, et lui ai demandé: «Brendan, quel est mon nom? » Il n’a pas bronché, comme se c’était parfaitement normal d’oublier son propre nom, et il m’a dit : « C’est Breda O’Brien ». Je me suis retournée vers l’employé de magasin, qui a rapidement fermé sa bouche, restée ouverte en état de choc, avec un craquement audible.

Les enfants peuvent vous faire perdre votre mémoire, mais ils vous font aussi grandir. Leur impuissance appelle la protection, et éveillent une vulnérabilité à souffrir pour eux que je n’aurais jamais pu imaginer avant de les avoir.

Je pense souvent à Marie, et Siméon lui disant, alors que son bébé était encore tout petit : «Une épée te transpercera le cœur. » Je pense à elle quand j’entends parler d’un enfant mort par suicide, ou parler d’une mère désemparée avec le souci d’un enfant qui ne mange pas, ou une grand-mère qui a le cœur brisé parce que ni ses enfants ni ses petits-enfants ne vont à la messe, et qu’aucun d’entre eux ne semble ressentir de manque.

Il y a tellement de brisure dans le monde, mais dans cette brisure, tant de beauté, tant d’amour. Le pain rompu est le pain partagé, une communion avec le corps du Christ.

Et que dire de ceux qui font tout leur possible, mais dont les mariages échouent en dépit d’eux? Eux aussi, connaissent la brisure, et ils ont besoin d’une communauté pour les aider et les soutenir.

Peut-être, dans une société où nous serions plus réalistes sur le mariage et ses exigences, et plus disposés à encadrer de jeunes couples, nous aurions moins de ruptures. Nos paroisses et nos maisons devraient être des lieux d’accueil, de la même façon que Jésus a accueilli, et a passé beaucoup de temps à fréquenter des gens qui ne correspondaient pas aux critères de la société.

Chaque mariage a une période de lune de miel. Ensuite, vous commencez à réaliser toutes les façons dont votre conjoint est imparfait et peut-être même égoïste. Malheureusement, il se rend compte de la même chose pour vous, mais vos défauts ne sont pas tout à fait aussi clairs pour vous, que pour lui.

Donc, vous avez plusieurs choix. Vous pouvez partir. Vous pouvez rester, mais sans jamais vraiment faire face à ces révélations. Vous vous contentez de les ignorer, de réduire vos attentes, et de vous installer dans une existence monotone. Ou vous pouvez décider que votre priorité va être de surmonter votre propre égoïsme, et vous priez tous les jours d’avoir la grâce d’atteindre cet objectif. Si les deux personnes travaillent sur ce point – leur égoïsme – alors vous commencez à avoir un mariage « dans le ciel ».

Et il y a une récompense. Cela me surprend toujours que, malgré mes moments de « buse sur pigeon », mes enfants m’aiment et me le disent si régulièrement. Mais je suppose que les cœurs des enfants sont toujours enclins à l’amour, qui que nous soyons.

L’amour marié est différent. Il s’agit davantage d’un choix. Quand quelqu’un dit : «Je t’aime», quand vous êtes jeune et jolie, et une bonne compagnie, c’est bien. Quand quelqu’un dit : «Je t’aime», longtemps après le moment où les chauffeurs d’autobus et les serveurs ont arrêté de flirter avec vous, quand il a vu le pire de vous, à des moments où vous avez été blessante, et parfois sauvage avec lui, quand il vous connaît sous toutes les coutures, y compris que vous ronflez comme un phoque en détresse, quand, en dépit de tout cela, la personne que vous avez épousée vous regarde toujours et dit: «Je t’aime», alors vous vous êtes plus près de l’amour de Dieu qu’il n’est possible dans cette vie.
Merci.

Traduction de Zenit, Hélène Ginabat