Homofiliation contre homo sapiens

Extrait d’un entretien avec  Tugdual Derville, sur le site France-Catholique

Devant la revendication — en réalité très marginale — de l’«  homofiliation  », c’est un bouleversement anthropologique radical qui se profile.

Quel type de bouleversements  ?

Je veux parler du fantasme de l‘homme artificiel. Le déni de l’écologie humaine que représente l’invention des mots «  homoparentalité  » puis «  homofiliation  » consacre la fusion entre les revendications d’un petit lobby homosexuel et de grandes transgressions bioéthiques. Cette revendication d’un droit à l’enfant hors de la reproduction sexuée est une aubaine pour certains chercheurs apprentis sorciers  : ils rêvent de changer l’homme, en manipulant ses gamètes et ses gènes, ce qui passe par l’abandon des repères paternel et maternel. Ils envisagent ainsi la généralisation des banques de gamètes, l’utérus artificiel, et divers systèmes qui permettraient d’assurer une descendance commune à un, deux ou trois adultes.

Ce type d’expérimentation a commen­cé. Ces chercheurs entendent contourner la reproduction sexuée de l’homo sapiens jusqu’à nier que le genre humain est fait d’hommes et de femmes. Ce fantasme rejoint le rêve d’un Daniel Borrillo qui propose de cesser de désigner un nouveau-né par son identité sexuée de garçon ou de fille. Le débat sur le « mariage » homosexuel ouvre donc une nouvelle bataille bioéthique, où s’affrontent l’écologie humaine et l’homme artificiel.

Cela heurte pourtant le bon sens…

C’est le propre de l’idéologie que de s’en affranchir. Nous avons tous une forme de «  logiciel  » intégré (j’utilise ce mot pour rester dans le contexte) qui détermine, à l’insu même de notre conscience dès l’instant où nous voyons un autre être humain, si c’est un homme ou une femme. Ce n’est qu’en cas de difficulté que la question vient à notre conscience et que nous cherchons à élucider l’énigme. L’indifférenciation homme-femme, visée par l’idéologie du genre dans ses leaders les plus radicaux entend entretenir le trouble. Avec comme objectif d’effacer la famille naturellement constituée comme cellule de base de la société.

Voulez-vous dire que le «  mariage  » homosexuel tend à détruire le véritable mariage  ?

A l’évidence, même si certains de ceux qui le revendiquent n’en ont pas conscience, ce ne peut être qu’une étape vers d’autres formes de transgressions, actuellement vues comme déraisonnables. Sujet fou, il y a vingt ans, l’idée d’une «  famille homosexuelle  » ne s’est-elle pas imposée comme sérieuse  ? Il n’y a pourtant pas de commune mesure entre le mariage civil fondé sur les repères de la filiation et un «  mariage  » homosexuel fondé sur la soif de reconnaissance sociale et le «  désir  » d’enfants.

Le futur « mariage » entre personnes de même sexe, qu’on annonce irrépressible, est déjà attaqué par les tenants de la bisexualité. Comme certaines ligues libertaires du début du XXe siècle, qui appelaient de leurs vœux une sexualité très précoce pour favoriser l’instabilité des relations et dissuader une fidélité conjugale jugée liberticide, la nouvelle vague de la bisexualité prône désormais des unions à partenaires multiples. Ces unions seraient le meilleur creuset de l’homoparentalité.

Comment les enfants s’en sortiront-ils  ?

Mal. Ces systèmes utopiques avec des adultes multiples exerçant une autorité confuse sur des enfants ont déjà été expérimentés. Je pense aux dérives de communautés fondées sur des utopies spiritualistes ou écologistes. à partir du moment où l’enfant et ses parents ne sont plus unis par le lien de filiation naturelle (qu’il soit biologique ou adoptif) qui préserve au fond l’égalité parents-enfants dans leur accueil réciproque, l’abus peut vite devenir gravissime, qu’il soit psychique, sexuel, etc. Déjà, nous recevons des témoignages poignants autour de la prétendue homoparentalité  : ils montrent à quel point les enfants peuvent souffrir, malgré l’injonction d’aller bien qui leur est faite. Tout cela ne trompe d’ailleurs pas les adultes concernés. Ils sentent au fond qu’avoir privé délibérément leur enfant d’un véritable couple parental fut injuste et s’en culpabilisent.