Partager avec d’autres son vécu dans la foi

Les membres d’un groupe de prière viennent prier régulièrement chaque semaine. La spontanéité de la louange s’exprime. Elle oblige normalement à aller plus loin dans une certaine transparence de soi et dans l’accueil de l’autre tel qu’il est vraiment. Peu à peu se tissent des liens entre les personnes. Ils demandent à être approfondis pour avoir une certaine consistance.

Il n’y a de vie fraternelle que perpétuellement remise en chantier. C’est ainsi que va jaillir une charité positive entre les personnes. Et que notre assemblée de prière deviendra aussi le lieu de l’amour fraternel, la seule manifestation de l’Esprit par laquelle Jésus authentifie ses disciples.

Comment puis-je construire la charité fraternelle?

On pourrait dresser une liste impressionnante de petits “signes” à laquelle elle se repère…

– L’ouverture de mon cœur envers tous. Est-ce que mon cœur est vraiment ouvert à chacun ou seulement à quelques-uns?

– L’accueil des nouveaux, de sorte qu’ils n’aient pas l’impression de se trouver devant un club de bons amis … Est-ce que je sais faire une démarche envers la personne de passage ?

– L’absence de jugements portés sur les frères; non seulement exprimés, mais encore pensés. Les pensées de jugement sont quelquefois plus néfastes que les conflits ouverts pour détruire l’unité…

– Mon écoute en profondeur du frère, de ce qu’il exprime dans sa prière, de ce qui fait sa vie…

– Mon souci de partager aux autres ce que le Seigneur fait en profondeur dans ma vie…

Il faut souligner ce dernier point. Un groupe de prière où l’on se contente de prier sans jamais partager son vécu finira par ne plus vivre sa prière en vérité. On laisse des barrières d’ignorance et de froideur s’élever peu à peu. Et l’on ne met pas en circulation l’amour du Seigneur.

Il est donc nécessaire de prévoir à intervalle régulier des temps de partage communautaire, des petits groupes de partage. Vous direz: “Moi je n’aime pas raconter ma vie à n’importe qui”… “On se connaît trop pour étaler sa vie devant les autres”… Rappelons-nous qu’on entre dans le partage communautaire pas à pas, progressivement, au fur et à mesure…

Sur ce sujet, voici le résumé succint d’un enseignement du P. Charles Mathieu, un prêtre canadien.

Qu’est-ce qu’un chrétien communautaire?

“La vie communautaire est d’abord un état d’esprit, et ne consiste pas nécessairement en l’appartenance à une communauté.

Par conséquent, est communautaire  celui ou celle qui acquiert:

  • la volonté (il faut le vouloir)
  • l’aptitude (cela s’apprend)
  • l’habitude (la pratique)

de PARTAGER avec tous ses frères et sœurs,

  • de mieux en mieux,
  • au fur et à mesure,
  • aller et retour,

le meilleur de ce qu’il EST et DEVIENT   spirituellement dans la vie,

grâce à l’AMOUR DU SEIGNEUR à l’œuvre

  • en lui,
  • à travers lui,
  • et autour de lui”.

Pour lancer de petits groupes de partage dans le groupe de prière, il suffit essentiellement de prendre pour objectif ce qui est dit ici: “partager…  le meilleur de ce que je deviens grâce à l’amour du Seigneur à l’œuvre…”.

Le temps bref (une vingtaine ou une trentaine de minutes) passé en groupe de partage est un temps de “partage du vécu dans la foi”.

Le partage du vécu dans la foi.

“Il s’agit d’apprendre à partager son vécu dans la foi, c’est-à-dire ce qui se passe dans notre quotidien au regard de Dieu…

Pour cela, il faut se mettre en état de prière: Seigneur aide-nous à conscientiser ce que tu es en train de faire par ton amour trinitaire en chacune de nos vies. C’est cela qu’il faut partager.

Il faut donc que chacun prenne conscience et confiance en une marque d’amour que le Seigneur vient de manifester dans sa vie, et puisse le partager avec les autres.

L’esprit communautaire, c’est :

  • la découverte,
  • la conscientisation,
  • et la mise en circulation

de l’amour du Seigneur à l’œuvre en chacun de nous,

à travers nous, au milieu de nous”.

Cela veut dire qu’un partage communautaire se prépare un peu à l’avance. Si le partage est mensuel, la date a été prévue, de sorte que chacun puisse préparer le partage dans la prière. Et comme il s’agit du vécu, et non pas d’idées, voici pour terminer quelques consignes pratiques…

La règle des trois faits.

“1. On part d’un fait dans sa vie, mais on ne s’étend pas sur ce fait.

2. Le deuxième fait : qu’est-ce que le Seigneur fait ou a fait à l’occasion de ce premier fait. Là encore, être bref, car il s’agit plus d’un discernement que d’un témoignage sur ce que le Seigneur fait.

3. Le troisième fait : qu’est-ce que tout cela m’a fait à moi ? est-ce que j’ai appris quelque chose? est-ce que mon bilan spirituel s’est enrichi? C’est le plus difficile, et c’est là que se situe le partage du vécu de la foi.

Cela provoque dans le groupe un retour sur le troisième fait: sais-tu ce que cela m’a fait de t’entendre dire ce que cela t’a fait ?! Le partage du vécu de la foi se met à circuler.

On est venu au partage avec un petit pain; on repart avec une corbeille pleine…”