La structure anthropologique de la famille

par le père Jean-Patrick FERRÉ.

Avant d’évoquer la sexualité dans de la vie conjugale, il est bon, d’évoquer la sexualité animale, pour qu’apparaissent les grandes différences. L’union sexuelle du mâle et de la femelle est ordonnée à la survie de l’espèce. Elle s’exerce selon des lois hormonales. La femelle secrète une hormone qui provoque le mâle en vue de la saillie. Une figure géométrique à deux dimensions peut représenter cette structure. C’est le triangle.

sexualité animale

Une étude anthropologique met à jour une tout autre structure. C’est une figure géométrique à trois dimensions qui va la représenter : le tétraèdre. Nous n’avons plus trois éléments concomitants, mais quatre. En anthropologie, la structure de la famille met à jour une donnée de première importance : la sexualité humaine n’est plus d’abord ordonnée à  la survie de l’espèce – la reproduction – mais au « contrat de Parole » (que nous nommerons Alliance dans la liturgie catholique). Le contrat de parole est scellé entre l’élément masculin et féminin visibles sur notre structure, devant témoin ayant autorité (qui est Dieu lui-même dans le sacrement, en la personne de son représentant : le prêtre ou le diacre). Cette autorité, dans notre société laïque, c’est l’institution républicaine, en la personne de son représentant, le maire ou la personne qui représente le maire. Ce n’est pas une parole échangée en catimini. C’est une parole à dimension sociale. Et cette parole échangée donne la légitimité à la descendance commune aux éléments féminin et masculin liés par contrat.

 

structure familiale

Cet élément de notre structure présentée ci-dessus est souvent oublié dans l’énoncé de la famille humaine. L’étude historique de l’institution du mariage montre cependant que, quelle que soient l’époque ou le lieu géographique, c’est ce témoin qui revêt une importance capitale, le plus souvent en la personne du père de l’élément féminin, même si, en Afrique, on trouvera le plus souvent le « grand-frère » du père de la mariée, c’est-à-dire le cousin germain qui a la fonction de chef de famille (1). Il y a encore peu de temps, l’usage était conservé dans notre pays, suivant lequel un jeune homme allait demander la main de sa fiancée à son futur beau-père.

L’enfant (ou les enfants) qui va naitre devient, de fait, le point d’union de deux familles jusque-là sans aucun lien. Il est le descendant à la foi de l’une et de l’autre famille de l’homme et de la femme.

Une raison grave de santé pouvant empêcher la fécondité, ne remet pas le moins du monde en doute la structure anthropologique de la famille telle qu’elle est proposée ci-dessus. Il n’y a en effet aucune volonté de la part du couple, de ne pas avoir d’enfant.

Revenant à la structure, il devient tout à fait évident  que la suppression volontaire d’un ou de plusieurs éléments concomitants, rend celle-ci caduque. On ne peut pas parler de famille. La loi disant autoriser le mariage de deux féminins et de deux masculins est un énoncé auto-contradictoire, plaçant par le fait même ceux qui y sont encouragés dans l’auto contradiction (2).

Contraindre des citoyens de notre République à l’auto contradiction est alors la plus terrible discrimination que l’on puisse leur infliger. La Loi leur fait croire qu’ils célèbrent un mariage… qui n’en est pas un. La Loi leur fait croire qu’ils fondent une famille, qui n’en est pas une. Est-ce la raison pour laquelle, sans vraiment pouvoir en donner l’explication, la revendication du « mariage » homosexuel, n’est pas dans l’esprit de toutes les personnes homosexuelles, mais seulement des lobbys, de la Presse, et de nos dirigeants homophobes cherchant la discrimination majeure à infliger à quelques uns des citoyens l’humiliation majeure : on vous fait miroiter une institution familiale qui n’est pas, c’est à dire que l’on vous méprise.  Une grande partie de nos dirigeants et des journalistes font l’impasse de la réflexion anthropologique. C’est en soit une action criminelle.

Notes

1. Dans les Eglise Africaine, le clergé demande très souvent, avant que soit célébré le sacrement du mariage,  que soient premièrement célébré le mariage coutumier, puis le mariage civil. Dans sa très grande richesse culturelle, le mariage coutumier africain, j’ai pu le constater,  apporte de réelles garanties de stabilités au couple qui fonde une famille.

2. On nomme « principe de non-contradiction » cette loi qui veut qu’on ne peut affirmer et nier le même terme ou la même proposition : « Il est impossible qu’un même attribut appartienne et n’appartienne pas en même temps et sous le même rapport à une même chose » (Aristote, Métaphysique, livre Gamma, chap. 3, 1005 b, 19-20).