Le massacre des Coptes d’Égypte

Suite à des graves agressions survenues en Égypte après la fusillade qui a visé des Coptes à de Nagaa Hamadi, le Saint-Siège, par la voix du cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, a apporté son soutien aux Coptes égyptiens, appelant à « l’union des chrétiens face à l’oppression ». La violence envers les chrétiens suscite l’indignation (Benoît XVI). Le pape Benoît XVI a condamné dimanche, au cours de la prière de l’Angélus, le meurtre de six Coptes en Égypte, assurant que « la violence envers les chrétiens dans certains pays suscite l’indignation de nombreuses personnes ».
« La violence envers les chrétiens dans certains pays a suscité l’indignation de nombreuses personnes, entre autre car elle s’est manifestée au cours des journées les plus saintes de la tradition chrétienne », lors du Noël orthodoxe, a dit le pape à l’issue de la prière, place Saint-Pierre au Vatican.
Six Coptes et un policier ont été tués mercredi soir à Nagaa Hamadi, en Haute-Egypte, aggravant l’inquiétude de cette minorité chrétienne dans un pays majoritairement musulman. Neuf Coptes ont aussi été blessés lors de cette fusillade visant des personnes qui sortaient de la messe ou faisaient des achats à l’occasion du Noël orthodoxe, célébré le 7 janvier.
« Il ne peut y avoir de violence au nom de Dieu. (…) On ne peut pas penser l’honorer en offensant la dignité et la liberté de nos proches. Les institutions politiques et religieuses doivent assumer leurs responsabilités », a conclu Benoît XVI.
Cela fait plusieurs décennies que nous appelons le monde libre de prendre conscience de la gravité de la situation dramatique des chrétiens d’Orient en général dans les pays arabo-musulmans, et celle des Coptes en Égypte en particulier.
Les chrétiens d’Orient sont marqués d’une croix d’opprobre ; ils se trouvent, de facto, transformés en citoyens de seconde zone, souvent otages et bouc émissaires, toujours souffre-douleur. Sur leur sort, sur leur drame permanent, persiste encore une quasi-générale chape de silence. Il y a plus de quatorze siècles que les chrétiens d’Orient sont en butte à des tentatives répétées de réduction, à la menace permanente d’une dissolution de leurs entités cultuelle, culturelle, politique, sociale et à la privation de leurs libertés. Depuis plus de quatorze siècles, ils ne cessent de défendre leur spécificité et leur liberté C’est un lieu commun de dire aujourd’hui combien cette communauté est menacée. Elle est menacée jusque dans son existence même. Les chrétiens d’Orient — qui ont été l’alpha de la chrétienté, et qui demeurent les plus fidèles dépositaires des valeurs de la civilisation judéo-chrétienne — sont aujourd’hui menacés d’anéantissement. Il faut avoir en mémoire que les décisions prises à la conférence Islamique de Djéda (Arabie Saoudite) en 1955 ainsi qu’à celle tenue à Lahore (Pakistan) en 1980, le furent sur le socle de délibération suivante : « Les pays islamiques doivent prendre les mesures nécessaires pour écraser les peuples chrétiens du Proche-Orient… et les convertir à l’Islam, avant la fin du siècle » (cf., notamment, le Figaro du 5 janvier 1984).
Les Coptes sont des vrais Égyptiens et sont identifiés à l’Égypte puisqu’ils la portent dans leur nom. « Copte » provient du mot grec « Aiguptoi ». Les Coptes s’honorent d’être les authentiques descendants de la nation pharaonique et les dépositaires de sa culture. En effet, entre la culture copte et celle de l’ancienne Égypte, il y a des liens qui dépassent le seul lien ethnique. Après des millénaires de présence sur la terre de leurs ancêtres, les Coptes sont aujourd’hui dans une situation nouvelle, plus cruelle que les massacres et humiliations endurés au fil des temps : celle d’une extinction programmée. C’est une certitude. Les Coptes, qui constituent encore la plus importante minorité chrétienne au Proche-Orient sont, de fragiles, devenus extrêmement vulnérables. Leur destin bascule sans que nul ne paraisse en mesure ou n’ait le désir d’empêcher l’accomplissement d’une tragédie. Ce qui se passe actuellement dans l’Égypte du XXIe siècle nous rappelle la triste situation des chrétiens lors de la conquête arabe en 642 ou à l’époque du Moyen-Âge.
Que soit définitivement vidé l’Orient de ses derniers chrétiens ne semble toujours pas troubler la conscience du monde occidental. Mais il faut que ce monde sache que la montée de l’intégrisme musulman est aussi un grave péril, direct, pour l’Europe et les droits de l’Homme, les attentats, à Paris, en Égypte (Luxor, Le Caire, Sharm El Sheikh contre des touristes européens), à New York le 11 septembre 2001, à Moscou, à Madrid, à Bali, à Beyrouth, en Israël, aux Philippines et ailleurs, sont des exemples de cette haine non fondée de l’humanité et de tous ceux qui n’embrassent pas leur doctrine fanatique.
En considération de l’étendue qui ne cesse de progresser — des « territoires » islamisés, est-il exagéré de dire qu’une grande partie du monde est en péril ? Il est grand temps que le monde Occidental en général et notamment l’Europe, intègrent cette menace et agissent en conséquence. Des événements graves se produisent fréquemment dans les pays arabo-musulmans en général et en Égypte en particulier : Depuis les années soixante-dix, des exactions, des agressions et des assassinats se commettent contre les Coptes qui sont les chrétiens d’Égypte. Des villes et des villages (el-Zaoya el-Hamra, el-Khanka, Alexandrie, Le Caire, Guizèh, Samalout, Assiut, Minyeh, Abou Qorqas, Chebinel-Côme, Al Fayoum, El Kocheh, Guergua, Quina, Ain Chams, Imbaba, Dayrout, Tahta etc.) ont connu des agressions très graves : des églises ont été saccagées et incendiées, des magasins, des pharmacies, et des entreprises appartenant à des coptes ont été saccagés et pillés par des foules de musulmans intégristes, respirant la haine et la violence contre des citoyens paisibles, auxquels on reproche seulement d’être chrétiens.
Voici les principaux affrontements depuis 30 ans (voir La croix du 10 janvier) :
– 17 juin 1981 : 14 morts et 50 blessés lors d’incidents entre coptes et musulmans, qui, selon la version officielle à l’époque, a été déclenchée à l’issue d’une simple querelle entre deux voisins. Selon des témoins, ce conflit portait sur un morceau de terrain où une église devait être édifiée et que des intégristes islamistes avaient occupé pour y construire une mosquée.
– 4 mai 1992  : 14 morts (13 chrétiens et un musulman), dans des affrontements à Manchiet Nasser, village de Haute-Egypte, déclenchés par la mort en mars d’un musulman à la suite d’un conflit à propos de l’achat d’une maison.
– 12 fév 1997: Attentat contre une église à Abou Qourqas (Haute-Egypte): neuf civils coptes sont tués.
– 3 jan 2000 : Vingt Coptes ou chrétiens d’Égypte sont tués dans le village d’al-Kocheh en Haute-Egypte, les plus violents affrontements entre musulmans et chrétiens dans le pays depuis vingt ans.
– 14 avr 2006 : Un ouvrier musulman – présenté par les autorités comme un déséquilibré -, attaque trois églises à Alexandrie. Un Copte de 78 ans est tué. Une personne est tuée dans les heurts entre Coptes et musulmans qui suivent.
– 31 mai 2008 : Assaut contre un monastère à Malaoui, en Haute Égypte: quatre Coptes, dont deux moines, sont blessés par balles, trois autres moines sont séquestrés pendant une nuit. Un assaillant musulman est tué.
Cette attaque intervient dans un climat de regain de tensions confessionnelles alors que les Coptes, munis d’une autorisation, érigeaient un mur autour de l’antique monastère d’Abou Fena.
– 6 jan 2010 : Six Coptes et un policier sont tués à Nagaa Hamadi en Haute-Egypte lorsque trois inconnus ouvrent le feu sur une foule dans une rue commerciale à la veille de Noël.
Six Égyptiens Coptes et un policier ont été tués mercredi soir à Nagaa Hamadi en Haute-Egypte lorsque trois inconnus ont ouvert le feu sur une foule dans une rue commerciale à la veille du Noël copte, a annoncé jeudi une source de sécurité. Neuf autres Coptes ont été blessés lors de cette fusillade, a ajouté la source, citée par l’agence officielle égyptienne MENA. « Trois inconnus à bord d’une voiture ont tiré sur des chrétiens dans un quartier commercial alors qu’ils s’approvisionnaient pour fêter Noël », que les Coptes célèbrent le 7 janvier, selon cette source.
Des cas d’enlèvement et de conversion à l’islam des jeunes filles chrétiennes mineure est devenu chose courante pour ne pas dire presque quotidien. On estime leur nombre à plusieurs centaines. Les parents, les associations des droits de l’Homme, mouvements civils, des écrivains libéraux ont adressé des appels aux Présidents de la République au Ministre de l’Intérieur, aux Autorités religieuses du pays,qui sont restés sans réponses.
Pourtant les Coptes sont des Égyptiens authentiques, vrais descendants des anciens Égyptiens : ils font partie du patrimoine humain de leurs ancêtres, ils font partie de l’histoire et de la civilisation égyptienne. Ce sont de vrais compatriotes qui effectuent leurs devoirs de citoyens Dans cette situation difficile, les Coptes gardent une attitude admirable, de maîtrise d’eux-mêmes, dans la foi en Dieu et en l’assurance de leurs droits. Ils ne réclament pas vengeance ; bien au contraire, ils appliquent l’enseignement de leur maître Jésus-Christ, en priant pour ceux qui les persécutent. Ils ne veulent pas se laisser piéger par la provocation des intégristes, leurs agresseurs, ils refusent de vivre le drame national du Liban de guerre civile qui a duré quinze ans. Ils proclament leur volonté de rappeler que La Constitution de la république d’Égypte leur accorde les mêmes droits qu’à leurs concitoyens musulmans.
Mais la pratique des Pouvoirs publics égyptiens est tout autre ; et ségrégationniste : Les Coptes sont privés de certains droits fondamentaux, par exemple, l’accession à tout poste de direction dans l’administration leur est interdite. Ils sont exclus de fonctions dans l’armée, la police, la justice et le corps diplomatique. Aucun préfet de département, aucun recteur d’académie, aucun président d’université, aucun président de municipalité d’une grande ville, aucun président de tribunal, aucun président d’une chaîne de télévision ou organe de média etc. n’est copte. Le mois dernier le doyen de l’université de médecine de Minyeh (un musulman) a eu le courage de démissionner car les autorités de l’Université ont refusé la nomination d’une jeune méritante au poste d’assistant en gynécologie parce qu’elle est copte.
À tous les niveaux dans les universités égyptiennes un méritant copte n’aura jamais un poste correspondant à son mérite. L’exemple le plus significatif est celui du cas du Professeur Magudi Yaqoub un grand cardiologue d’une renommée mondial, à la fin de ces études à la faculté de médecine du Caire avec excellence, on lui a refusé le poste d’assistant. Il est parti au Royaume-Uni, il est devenu un des grands professeurs du Royaume et d’une célébrité mondiale, on dit même qu’il est le cardiologue de La Reine.
Au niveau des fonctions électives, les Coptes sont l’objet d’une sous-représentation organisée. Les Coptes représentent environ de 15 à 20 % de la population égyptienne estimée à 80 millions de personnes (selon les statistiques des registres du Patriarcat). C’est-à-dire entre 12-15 millions dont 2 millions constituent la diaspora copte. Dans un entretien à la télévision égyptienne, Sa Sainteté Chenouda III a avancé le chiffre de 12 millions de citoyens copte au moins. Aucun responsable de l’Etat égyptien n’a contesté cette déclaration.
Ces citoyens Coptes, sont réduits à une représentation institutionnelle qui ne dépasse guère le 0,2 %. Un seul député copte a été élu sur une liste, il s’agit du ministre de l’Économie et neveu de Boutros Ghali, et 5 nommés par le Président de la République, sur les 444 qui composent l’Assemblée nationale issue des élections du novembre dernier 2005.
Ils leur est extrêmement difficile, sinon impossible, de construire de nouvelles églises, ou même, parfois de les restaurer. Trois permis de construire ont été accordés, juste avant les dernières élections présidentielles qui se sont déroulées en septembre 2005, sur une centaine de demandes qui dorment depuis vingt-cinq ans dans le bureau du Président de la République. Car, c’est lui seul qui accorde ou refuse les permis de construire des églises, alors que dans le même temps, il n’est pas nécessaire de faire de demande pour la construction des mosquées. Tout citoyen peut où il veut et quand il veut construire une mosquée. Il est également interdit aux Coptes de professer publiquement leur foi ; et si des musulmans se convertissent au christianisme, ils sont emprisonnés et torturés, parfois jusqu’à la mort, en même temps que ceux qui les ont convertis ! (cf. rapports des commissions internationales des droits de l’Homme depuis 1970 jusqu’à nos jours).
C’est là une situation inadmissible, condamnable et intolérable, d’autant plus que l’Égypte et d’autres pays islamiques, où existent des persécutions religieuses, ont ratifié la « déclaration des droits de l’Homme ». Par contre dans les sociétés occidentales, de tradition chrétienne, les minorités musulmanes nationales ont les mêmes droits civils et religieux que les autres populations. Quant aux communautés musulmanes non nationales des pays occidentaux de tradition chrétienne, elles bénéficient — même si elles sont plus ou moins acceptées — de tous les avantages sociaux des nationaux. Elles sont aidées et des lieux de cultes sont mis à leur disposition, elles peuvent pratiquer librement leur religion.
Il faut dire que la mention de la religion sur la carte d’identité, obligatoire à partir de 16 ans, entraîne des discriminations à leur encontre dans de nombreux domaines. Ainsi, les chrétiens sont exclus de certaines fonctions ou professions : ministres de plein exercice, postes sensibles dans l’armée, doyens de faculté, avocats ou médecins dans certaines spécialités. Ils ne représentent que 1,5 % des fonctionnaires. Même dans les villages du sud où vivent 90 % de chrétiens, le maire ne peut être un copte.
Les discriminations se vérifient aussi dans l’enseignement. Ainsi, dans les grandes écoles, un chrétien ne peut être major de sa promotion ou premier de sa classe. Par ailleurs, un Copte ne peut enseigner l’arabe, qui est pourtant sa langue maternelle, sauf dans les petites classes où l’apprentissage de la lecture ne se fait pas à l’aide du Coran.
En 2007, dans un rapport intitulé « L’égalité au travail : relever les défis », le Bureau international du travail a déploré ces inégalités. « L’une des formes les plus résistantes de discrimination vise les Coptes en Égypte, qui ne jouissent ni de l’égalité d’accès à l’éducation, ni de l’égalité des chances en matière de recrutement et de promotion » (Églises du monde, n° 136, 4e tr. 2007).
À signaler en outre un communiqué de l’organisation Reporters sans frontières (RSF), daté du 14 août 2007, dans lequel les autorités du gouvernorat de Qena sont accusées de harceler Hala Helmy Botros, une Copte écrivant sous le nom de plume d’Hala El-Masry, qui dénonçait sur des sites Internet les persécutions commises à l’encontre de sa communauté. Selon RSF, elle serait interdite de sortie de territoire (Églises du monde, n° 136, 4e tr. 2007). De son côté, un musulman étudiant à El Azhar, au Caire, Abdel Karim Nabil Soliman, a été expulsé de cette Université et incarcéré pour avoir écrit, sur Internet, que l’institution « défend des idées radicales et cherche à supprimer la liberté de pensée » (Asianews, 15 mars 2007). À noter que les chrétiens ne sont pas admis parmi les étudiants fréquentant cette Université, alors qu’El Azhar est partenaire du Saint-Siège dans le cadre d’un Comité de dialogue interreligieux.
Quant à la justice, les chrétiens ne disposent pas de leurs propres tribunaux. Les responsables de tous les rites ont élaboré des règles communes qui servent de références aux tribunaux civils, dont les juges peuvent être musulmans. Mais ces règles ne doivent pas contrevenir aux dispositions de la charia. Par exemple, les chrétiennes comme les musulmanes, ne peuvent hériter à égalité avec leurs frères car le Coran interdit l’égalité dans ce domaine (4, 11).
Par ailleurs, les Coptes sont soumis à des humiliations dans le domaine religieux. Ainsi, si les enfants fréquentant les écoles publiques ne sont pas obligés d’apprendre le Coran (ils lisent cependant de larges passages du Coran durant les cours de langue arabe, le Livre saint de l’islam étant considéré comme base de cette langue), ils ne peuvent bénéficier dans ces établissements d’un enseignement de la Bible et de la doctrine chrétienne. Les bibliothèques scolaires ne disposent d’aucun ouvrage chrétien. Enfin, les manuels d’histoire occultent les six premiers siècles de notre ère, passant de la période des Pharaons à la conquête islamique, présentée comme une « libération » de l’occupation romaine. Il faut également signaler la diffusion de livres insultants pour les chrétiens, y compris à la Foire du livre du Caire.
Les chrétiens subissent aussi des entraves dans l’exercice du culte. L’autorisation de construire des églises est très difficile à obtenir, ce qui n’est pas le cas des mosquées. Il n’est pas rare que lorsque des musulmans apprennent qu’une demande de permis de construire une église a été déposée, ils s’empressent de bâtir une mosquée à proximité du terrain prévu, ce qui rend alors l’édification d’une église impossible. Il arrive que des musulmans recourent à la violence pour empêcher des chrétiens de disposer de lieux de culte convenables. Ainsi, à la mi-mai 2007, dans le village de Bamha, à 25 km au sud du Caire, des musulmans, informés par leur imam que des « infidèles » étaient en train d’agrandir leur église, travaux pour lesquels ils avaient obtenu une autorisation, ont saccagé et incendié des maisons et des magasins appartenant à des Coptes (Figaro Magazine, 2 juin 2007 ; France Catholique, 25 janvier 2008).
Une question se pose désormais : qu’attend le Président Hosni Moubarak pour réagir à la vague d’agressions dont est victime la communauté chrétienne d’Égypte depuis plusieurs décennies ? Le moment n’est-il pas venu d’envisager un débat national sur la citoyenneté et l’instauration de l’Etat civil ? Les représentants Coptes, y compris les plus timides d’entre eux, réclament ces dispositions depuis des années.
Le régime qui craint un soulèvement de l’opposition islamiste souterraine s’obstine à ne pas affronter la réalité du malaise ambiant de la communauté chrétienne la plus importante et la plus ancienne du Moyen-Orient. Le régime préfère-t-il laisser défouler les fanatiques sur la population copte paisible et conciliante pour camoufler les vraies crises alimentaire, éducative, sociale et morale ?
Le régime militaire de Moubarak n’a plus beaucoup de choix. Il doit donner des gages de sa bonne volonté pour lutter contre l’extrémisme religieux et l’intolérance qui menacent la globalité de l’édifice républicain qu’il a toujours rêvé d’incarner. Pour ce faire, il doit entamer des réformes profondes, singulièrement dans les systèmes éducatif et médiatique. C’est à la mise en œuvre de ces démarches que la société internationale doit conditionner l’aide qu’elle octroie au régime égyptien.
Les demandes des Coptes ne vont pas au-delà des droits de tous les citoyens qui se résument comme suite :
1- L’abrogation de toutes les lois et les règles administratives réprimant la liberté, affectant le respect des Droits de l’homme et principalement celle qui concerne l’état d’urgence établi depuis près d’un quart de siècle et toutes les conséquences judiciaires négatives qui en résultent.
2- la liberté sans restriction de fonder des partis politiques non religieux et des associations civiles et l’abrogation de toutes les lois restrictives à cette liberté.
3- La liberté de publier des journaux et de créer des médias (audibles et visuels) et l’abrogation de toutes les lois réprimant cette liberté d’expression.
4- L’adoption immédiate d’une loi commune régissant la construction et la restauration des lieux de cultes et l’appui de ces institutions dans la mise en évidence et le respect du principe de l’égalité de tous les égyptiens devant la loi. Les participants au congrès exigent que tout acte d’agression (de vandalisme) envers un lieu de culte soit plus sévèrement puni.
5-La criminalité pour toute incitation à la haine religieuse, ou toute insulte aux autres croyances. L’aggravation des peines surtout pour tous ceux qui utilisent les médias gouvernementaux pour commettre ces crimes et prendre des sanctions contre les responsables officiels et gouvernementaux de ces organes et de tout autre moyen d’oppression organes étatiques.
6- Créer des départements d’études Coptes dans les universités égyptiennes en tant que partie intégrante de la culture nationale.
7- L’adoption de politiques correctives de transition pour aborder le problème de la marginalisation actuelle des femmes, des coptes et de toute autre minorité, par l’application du principe de discrimination positive. Prendre les mesures appropriées nécessaires guidées par le souci de préserver une représentation correspondante à la présentation des minorités dans la population du pays quant à la représentation parlementaire, aussi bien que dans les conseils municipaux et dans les autres secteurs et organes de l’État.
Afin d’éclairer nos lecteurs sur les origines des Coptes, un rappel historique s’impose. Les origines du mot « copte »
Les chrétiens d’Égypte sont appelés Coptes. Les Coptes sont avant tout, de vrais Égyptiens et identifiés à l’Égypte puisqu’ils la portent dans leur nom. Ils revendiquent avec honneur et fierté d’être les authentiques descendants directs de la nation pharaonique et les dépositaires de sa culture.  » Copte  » n’est d’ailleurs autre chose que l’abréviation, par suppression de la diphtongue initiale du mot  » Aegyptoi « , formé par les Grecs d’Égypte au VIII°s av.J.C. sur le nom prestigieux du temple de Memphis, dédié au dieu Ptah, de l’ancienne capitale de l’Ancien Empire Het-Ka-Ptah  » château de l’âme de Ptah « . Het-Ka-Ptah devenu “ Aeguptoi ”. Le mot a été transformé par les Arabes, qui n’admettent dans leur langue écrite ni voyelle ni diphtongue initiale. Les conquérants de l’Égypte au VII°s (642), ils désignèrent ainsi les habitants de la vallée du Nil, à l’époque pratiquement tous étaient chrétiens. Ils les appelaient  » qpt « ,  » gpt  » ou encore  » cophte « . Peu à peu l’Arabe remplace la langue copte dans le parler ordinaire du pays, ensuite dans l’administration. Sous la nouvelle forme, le mot est passé en Europe par l’intermédiaire, d ‘abord, des Croisés, ensuite des voyageurs, notamment des XVII° et XVIII°s. qui l’avaient sans doute rapporté de l’Égypte musulmane.
Or le peuple que les Arabes avaient trouvé en Égypte était, dans sa plus grande majorité, de religion chrétienne. Dès lors, pour la nouvelle administration, de même que arabe signifie musulman, copte signifie chrétien, naturellement chrétien Égypte Le terme copte qui avait à l’origine un sens ethnique est passé à un sens religieux.
Dès lors on a placé sous le vocable  » copte  » tout ce qui, de près ou de loin, pouvait s’y rattacher. La notion s’applique a tout ce qui se rapporte à la vie des chrétiens Égypte : église, liturgie, langue, littérature, écriture, vie religieuse, monachisme, musique, arts, vie sociale, mœurs aussi bien, qu’objets d’usage courant : vêtements, bijoux, instruments de travail etc…
Wadie ANDRAWISS
Né en 1940, en Égypte, je suis enseignant et historien.. Je suis titulaire d’un doctorat en Sciences religieuses (Strasbourg), thèse sur le « Statut personnel des chrétiens d’Égypte », d’un diplôme de Civilisation Islamique (Bordeaux III), d’une licence ès-Lettres langue et littérature Arabe (Paris III La Sorbonne) et d’un D.E.A Histoire des Religions et Anthropologie Religieuse (La Sorbonne Paris IV).
Enseignant en France et à l’étranger. Mon premier poste était au Collège Saint Antoine de Jérusalem. Son dernier poste était celui de Directeur pédagogique dans l’Enseignement catholique. Il est historien spécialisé dans l’histoire des Chrétiens d’Orient en Général et l’histoire des Coptes en particulier.
Conférencier à la Sorbonne de 1988-1994 dans le cadre de l’Université – Intér -Âges. Les sujets de ces conférences, divers et variés, traitaient des Chrétiens d’Orient, de l’Égypte chrétienne, des Lieux Saints de la Palestines etc… Depuis septembre 2005, il est conférencier à l’Université de Tiers Temps de Montpellier et à l’Université de Temps Libre du Bas Languedoc. Auteur de plusieurs études sur l’Histoire du Christianisme en général et des Coptes en particulier – sur les Lieux Saints de la Palestine- Le Monachisme – le statut personnel des chrétiens vivant dans les pays arabo- musulmans- Les rapports chrétiens/Musulmans

2 réflexions au sujet de « Le massacre des Coptes d’Égypte »

  1. Je vous remercie d’avoir publié mon article sur votre site.
    Je suis heureux également de constaté que certains lecteurs s »interesse à l’histoire des communautés chrétiennes d’Orient

    Si vous le voulez vous pouvez trouver un dossier complet sur les coptes sur :wadie andrawiss sur copte_pleiade.
    d’autres articles et sujets sur les chrétiens d’orients sur: http://www.wadie andrawiss
    Cordialement

    Wadie ANDRAWISS

  2. Je vous remercie pour toutes ces informations qui sont le plus souvent occultées, même en Europe. Je vous félicite pour votre courage à les publier.
    Unissons nos prières pour ces chrétiens qui vivent la Parole de Dieu malgré les conditions défavorables et même hostiles.

Les commentaires sont fermés.