Au risque de perdre la boussole

Un article de fond d’Aline Lizotte, sur les racines du déploiement de la théorie du Gender

Bientôt, l’homosexualité deviendra une vertu ; la pédophilie, une maïeutique ; la procréation médicalement assistée, un acte de compassion ; l’avortement, une norme d’hygiène publique ; les couples hétérosexuels perdront leur propre identité : ils ne seront plus mari et femme, ils seront des époux non identifiés ou seulement des partenaire ; la famille sera un souvenir archaïque : terminée l’ère des papas, des mamans, des grands-parents, des oncles, des tantes, des cousins, des cousines ; ces mots disparaîtront et du Code civil et du dictionnaire ; la famille disparue sera remplacée par un micro melting pot : l’enfant sans père ou sans mère sera confié à un groupe parental avec un parent n°1 ou un parent n°2 et d’autres sous-parents ; quel nom lui donnera-t-on ? : celui du parent n°1 ou du parent n°2, ou, comme en Suède, un vague pronom neutre (ceci ou cela) ! Et à quel homme se rattachera l’enfant ? L’homme responsable de sa conception, l’homme dont il portera le nom, le troisième qui a bien voulu assumer les frais de scolarité en guise d’éducation ou le quatrième qui, pendant un temps, vit avec la mère ? Et de quelle mère s’agira-t-il ? De celle qui a donné l’ovocyte, de celle qui a assumé la gestation et donné naissance à l’enfant, de celle qui en a pris la charge et l’a éduqué ou d’une quatrième qui assume, auprès de l’enfant, une tâche de nourricière ? Et quand il n’y aura plus que des femmes ou que des hommes dans l’entourage de l’enfant, à qui se rattachera-t-il : à l’homme n°1 ou à l’homme n°2 ? À la femme n°1 ou à la femme n°2 ?

C’est le monde de la libération sexuelle ! On peut se demander sérieusement comment on en est arrivé là ? On n’y a pas fait attention, car on les prenait pour un groupe d’excitées déboussolées, mais nous devons ce beau gâchis à la montée d’un certain féminisme. Ce féminisme inspiré d’une idéologie trotskyste. Ce féminisme est venu par vagues ! Examinons-en, brièvement, la montée.

1ère vague – les suffragettes (revendication des droits de la femme en tant que femme)

Le XIXe siècle est, dans la classe bourgeoise libérale, un monde d’hommes. Les femmes ne travaillent pas, ont des domestiques et occupent socialement un second rang. Leurs droits politiques n’existent pas et les carrières publiques sont réservées aux hommes : l’armée est un organisme complètement masculin, l’université n’est que masculine, la vie politique parlementaire appartient aussi aux hommes. Ils dominent même la vie sociale. Après un dîner, les hommes passent ausmoking-rom – il serait indécent pour une femme de fumer – tandis que les femmes font salon. Partout les qualités dites « masculines » sont mises en évidence. Les manières viriles sont louées et signifiées dans les vêtements et comportements (port de la barbe, ou du moins de la moustache ; d’une canne et de gants qui rappellent la cravache du cavalier et le sport préféré de cette gentry, l’équitation ; consommation de whisky). La pratique du duel est encore en vogue en Allemagne parmi les officiers de l’armée et dans certaines associations d’étudiants. Ce monde tranquille, confortable, riche, dominateur et sûr de sa pérennité allait se voir attaqué de tous côtés et, finalement, disparaître comme modèle social. Idéologiquement deux lames de fond l’ont secoué : les luttes ouvrières et les femmes ; deux lames de fond qui se sont combinées. Socialement, les deux grandes guerres du XXe siècle ont eu raison de son arrogance.

 

L’article complet (newsletter février 2013) est en ligne sur le site de l’Association pour la Formation Chrétienne de la Personne (AFCP)