Lettre ouverte au pape Benoît XVI

par Mgr Thomas J. Olmsted, évêque de Phoenix, Arizona (USA)  19 février 2013 http://www.diocesephoenix.org/pope.php Trad française site benoit-et-moi

Votre Sainteté, Pape Benoît XVI,

Avec affection filiale et profonde gratitude, je vous salue en mon nom personnel et au nom de mon évêque auxiliaire Eduardo A. Nevares et de tout le clergé, les religieux et les laïcs du diocèse de Phoenix, et je vous assure de nos meilleurs vœux et de nos prières alors que vous vous préparez à vous retirer des fonctions du ministère pétrinien.

Même avant que vous ne deveniez pape, nous vous connaissions et nous vous admirions, pour avoir fidèlement servi l’office du Pape qui vous a précédé. Pendant plus de 20 ans, vous avez été préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, travaillant comme proche collaborateur du bienheureux Jean-Paul II dans son témoignage historique de Jésus-Christ.

Le Collège des Cardinaux, dans l’un des conclaves les plus rapides de l’histoire, vous a choisi pour être son successeur à la chaire de Pierre. Le choix a été facile parce qu’ils vous connaissaient bien; ils connaissaient votre proximité avec le bienheureux Jean-Paul, ils connaissaient votre courage et votre intégrité, ils connaissaient votre sagesse et votre humilité. Ils connaissaient votre engagement dansl’enseignement authentique du Concile Vatican II et la nouvelle évangélisation telle que formulée par votre saint prédécesseur. Ils connaissaient votre familiarité des langues et votre engagement de toute une vie pour la mission de l’Église dans le monde entier.
Ils savaient aussi que, malgré votre âge, votre cœur était jeune et que vous n’auriez aucun mal à vous adresser aux personnes, y compris les jeunes du monde entier. Nous remercions Dieu que les Cardinaux et le Saint-Esprit vous aient choisi, Pape Benoît XVI. Vous avez été une bénédiction pour l’Église et le monde des huit dernières années qui ont eu la joie et l’honneur de vous appeler «Saint-Père».

Quel sera votre héritage? Sans aucun doute, nous avons beaucoup profité de votre enseignement, en particulier sur ce que les Saintes Ecritures appellent «les choses qui durent» (I Cor 13:13), à savoir la foi, l’espérance et la charité.

Durant la Messe le jour d’ouverture du conclave qui allait vous élire pape, le 18 Avril 2005, vous avez vivement critiqué la «dictature du relativisme» et indiqué d’autres tendances dangereuses dans la culture occidentale contemporaine, montrant, comme vous l’aviez fait à maintes reprises, l’acuité de votre esprit, le courage de vos convictions, et la sagesse de votre vision pastorale. Cela a attiré l’attention de nombreux experts de l’époque, qui ont conjecturé qu’une critique aussi hardie rendait très peu probable que vous pourriez être élu pape. Cependant, ce qu’ils n’ont pas remarqué, ou signalé, c’étaient vos derniers mots de cette homélie au début du dernier conclave. Ceux-ci contiennent la partie la plus importante de votre message, et jettent la lumière sur votre propre héritage dans l’histoire humaine. Ces mots continuent de nous instruire et de nous inspirer:

« Tous les hommes veulent laisser une trace qui demeure. Mais qu’est-ce qui demeure? Pas l’argent. Même les constructions ne demeurent pas; les livres non plus. Après un certain temps, plus ou moins long, toutes ces choses disparaissent. L’unique chose qui reste pour l’éternité est l’âme humaine, l’homme créé par Dieu pour l’éternité. Le fruit qui reste est donc ce que nous avons semé dans les âmes humaines – l’amour, la connaissance; le geste capable de toucher le coeur, la parole qui ouvre l’âme à la joie du Seigneur. Alors, allons et prions le Seigneur, pour qu’il nous aide à porter du fruit, un fruit qui demeure. Ce n’est qu’ainsi que la terre peut être transformée d’une vallée de larmes en un jardin de Dieu. »
(http://www.vatican.va/gpII/documents/homily-pro-eligendo-pontifice_20050418_fr.html)

Quand je reparcours ces presque huit années providentielles de votre pontificat, ce qui ressort le plus, ce sont les choses qui durent: l’amour, la compréhension, le geste capable de toucher les cœurs, le mot qui ouvre l’âme à la joie du Seigneur. Votre première encyclique était sur l’amour, Deus Caritas Est. Votre deuxième sur l’espérance,Spe Salvi; votre troisième était de nouveau sur l’amour, Caritas in Veritate. Beaucoup de vos autres enseignements ont été centrés sur l’amour et la charité, et les choses qui ouvrent les âmes à la joie du Christ. En outre, vous avez fait de nombreux gestes capables de toucher les cœurs, comme votre volonté de rencontrer personnellement les victimes / survivants de la violence faite aux enfants et à leurs familles, les visites pastorales de votre troupeau au Mexique et à Cuba, en Pologne et aux Etats-Unis, au Liban et dans de nombreuses autres terres. Vous avez gardé les yeux fixés sur ce qui dure: la foi, l’espérance et l’amour, vous avez gardé les yeux fixés sur Jésus, et donc vous nous avez enseigné à ne pas nous inquiéter des choses qui passent.

Vous nous avez aussi appris, par la façon priante dont vous avez pris votre décision de démissionner du ministère de Pierre, comment prendre des décisions difficiles mais nécessaires dans nos propres vies, y compris celles liés à l’affaiblisement et à l’âge. Nous avons été profondément touchés par vos paroles:

«Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien. Je suis bien conscient que ce ministère, de par son essence spirituelle, doit être accompli non seulement par les œuvres et par la parole, mais aussi, et pas moins, par la souffrance et par la prière. Cependant, dans le monde d’aujourd’hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi, pour gouverner la barque de saint Pierre et annoncer l’Evangile, la vigueur du corps et de l’esprit est aussi nécessaire, vigueur qui, ces derniers mois, s’est amoindrie en moi d’une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m’a été confié».
http://press.catholica.va/news_services/bulletin/news/30471.php?index=30471&po_date=11.02.2013&lang=fr#TRADUZIONE IN LINGUA FRANCESE

Vous nous manquerez, Saint-Père, car nous en sommes venus à vous aimer et à vous faire confiance en tant que fils et filles de notre mère l’Église. Mais nous soutenons pleinement votre décision, sachant que c’est la volonté de Dieu pour vous et pour nous.
Avec un coeur débordant de gratitude et d’affection filiale, nous vous promettons nos prières et notre communion avec vous dans notre Seigneur Jésus-Christ.

+ Thomas J. Olmsted
évêque de Phoenix