Témoignage : cette voyante m’avait dépouillée de mon identité profonde, humaine et spirituelle

Donné à Pontmain le 26 octobre 2013 lors d’une journée de formation sur les méfaits de l’occultisme

Je suis née en 1956 dans une famille laminée par la souffrance, marquée par la perte d’un enfant emporté par la polio à l’âge de 2 ans et demi, et une mère héritière d’un lourd passé, au psychisme fragile, dont la vie dissolue a provoqué chez mon père une grande violence physique et verbale. De mon côté, je priais, trouvant mon refuge près de la croix en redisant : « mon Dieu, comme ils te font souffrir ! »

Cette vie déréglée devait abréger la vie de ma mère à l’âge de 36 ans par un suicide longtemps étouffé, que je n’apprendrai qu’à mes 23 ans, après avoir obligé mon père à me dire la vérité.

J’allais avoir 14 ans quand ce drame survint : d’abord perdue, en proie à la douleur, je ressentis pourtant bientôt un soulagement. Car si j’avais terriblement appréhendé ce drame, j’avais aussi prié pour que maman meure, me disant qu’elle serait plus heureuse au Ciel que sur terre… Et il me semblait que mes prières avaient été exaucées.

La vie reprit son cours : déjà, plus de bagarres ni de disputes à la maison ; je ne me demandais plus le soir en rentrant de l’école si j’allais retrouver maman chez nous ou à l’hôpital ! Une première guérison s’opère en moi : trois semaines après le décès de maman, je ne suis plus énurétique. Mon père s’occupe bien de moi et de mes deux frères. Je me sens revivre avec le changement d’école : je vais rentrer au collège et là, plus de maîtresse à m’humilier et me frapper, car ma mère avait donné l’autorisation de me corriger. Ces brimades répétées m’avaient comme anesthésié l’esprit et l’intelligence. Mais grâce à des cours particuliers, grâce au calme revenu à la maison, j’ai pu rattraper mon retard qui était considérable. Apprendre était pour moi synonyme de Liberté.

Déjà, je me nourris de la prière quotidienne et de la Parole de Dieu.

A mes 16 ans, mon père nous annonce qu’il va se remarier, tout en me promettant qu’il n’hésiterait pas à divorcer s’il advenait que ma future belle-mère et moi-même ne nous entendions pas.

Trois semaines à peine après cette nouvelle, sans que nous y soyons du tout préparés, c’est le remariage… et le soir même notre belle-maman et son fils débarquent chez nous, dans notre maison, sur ce territoire que j’estimais réservé à mon père et à mes frères… Je me sens trahie. Ce soir-là, tout mon être est comme bloqué et se referme. Plus rien ne sera jamais comme avant. Derrière moi, je laissais une enfance carencée ; devant moi s’annonçait une adolescence très chaotique.

Mon désespoir d’adolescente me rapproche du fils de ma belle-mère. J’allais avoir 17 ans. C’est mon premier flirt. Alors bien sûr, mon père et toute la famille condamnent cette ébauche de relation. Nous sommes donc séparés, lui au lycée, moi dans un autre. Et interdiction de se parler à la maison.

Il n’en fallait pas plus pour que se crée chez moi un blocage radical, avec son cortège de maux : des apnées que je fais pour ne plus souffrir, et une période d’aménorrhée qu’aussitôt mon père et sa soeur soupçonneront être un début de grossesse…

Mon fardeau est si lourd que je veux aller voir un psychologue, ce à quoi mon père s’oppose catégoriquement, estimant que cela n’avait déjà servi à rien pour ma mère…

Ma tante paternelle me met alors en confiance et me demande de l’accompagner au Mans chez une voyante dont elle me vante tous les dons et qui aidait un grand nombre d’étudiants… J’y vais donc, en toute confiance.

Nous nous asseyons. Elle tire les cartes et me lance d’un ton péremptoire : « vous êtes enceinte » !

Moi de répondre aussitôt : « impossible, je n’ai jamais eu de relations »

Investie d’une autorité qui m’écrase, fixant ma tante, elle insiste : « elle est enceinte, il faut faire le nécessaire ! »

A cet instant précis, je fixe son jeu de cartes, et par un transfert inexplicable, ces cartes deviennent comme des pages d’Evangile, sa parole devient parole de vérité, sa voix prend corps dans mes pensées. Cette femme me capte, me capture, elle s’empare de moi. Je suis perdue… et surtout, je ne comprends plus rien : comment ma tante assidue à la pratique religieuse peut-elle m’emmener consulter ce genre de personnage ? !

Ma tante m’emmène donc chez son médecin, qui bien entendu, confirme non seulement que je ne suis pas enceinte, mais encore que je ne me suis même jamais exposée à l’être !

Et pourtant rien à faire, en dépit de cette conclusion médicale et malgré l’évidence, la voyante continue d’affirmer que je suis enceinte. Au point que mon père et ma tante prévoient de m’envoyer régler l’affaire en Angleterre… Je suis le déshonneur de la famille, couverte d’insultes ; les prédictions et les menaces me tombent dessus.

Je commence à réaliser que je suis tombée dans un piège. Mais de son côté, cette voyante exerce une puissance de persuasion telle que je finis par faire de sa parole comme une Parole du Ciel ; à tel point que je lui attribuais les paroles du Ps 139 : « tu me sondes et me connais ; que je me lève ou m’assoie, tu le sais ; tu perces de loin mes pensées ; que je marche ou je me couche, tu le sens ; mes chemins te sont familiers…. »

Et en effet, je sentais combien tous mes faits et gestes étaient épiés… La peur me prend. Car ma tante consulte régulièrement cette voyante et la tient au courant de tout sur notre famille ; de plus, elle possède littéralement mon père.

Des symptômes aussi étranges que pénibles surgissent : subitement, je ne peux plus écrire, ma main se paralyse, et je n’arrive plus à parler. Or, c’était les seuls outils qui me restaient pour me défendre ! Dès lors, je suis coupée des autres, coupée de moi-même, et surtout coupée d’avec Dieu ! Il me semble que je suis en exil. Ma foi ne nourrit plus mon psychisme. Tout en moi est devenu froid. Je suis désarticulée et brisée.

La voyante prédit que je suis damnée. Alors, dernier sursaut de foi, nous partons à Lourdes car pour mon père, il faut un miracle. Mais c’est pour moi un pèlerinage éprouvant qui tient plus de la pratique superstitieuse que de la foi authentique. Je suis sommée de faire le chemin de croix chaque matin, mon père sur les talons, avec cette constante menace : si tu ne fais pas ci, si tu ne fais pas ça, tu es damnée.

Un proverbe indien dit :

« Si vous êtes avec des gens bizarres, vous devenez bizarres ;
Si vous êtes avec un saint, vous devenez un saint »
Et c’est un fait que les bizarreries de mon père et de ma tante font naître bientôt en moi des sentiments étranges, des idées folles me traversent l’esprit : j’ai envie de tuer mon père et de massacrer ma tante.

Heureusement que je n’avais pas en moi de tendances suicidaires, car j’ai traversé alors quatre années les plus horribles de ma vie : je vivais à côté de moi-même, mes forces m’avaient abandonnée, je traversais un interminable désert spirituel. Cette voyante m’avait dépouillée de mon identité profonde, humaine et spirituelle.

Mon mariage m’a arrachée à cette emprise empoisonnée ; pourtant, à la naissance de mon premier enfant, des peurs enfouies rejaillissent : je crains de lui faire mal. J’entame alors une psychanalyse qui durera 30 ans, durant lesquels il a fallu rééduquer ma mémoire blessée, réapprendre à aimer et surtout, me libérer des prédictions pernicieuses de cette voyante.

Mais la véritable guérison, toute en profondeur et en tout mon être, je l’ai reçue du Seigneur. Aujourd’hui, c’est Lui qui a repris la première place au cœur de ma vie. Et je lui rends grâce de m’avoir arrachée aux mains de la voyance et la divination pour me faire renaître à la Confiance et à l’Abandon en Lui.