Benoît XVI avait tout prévu

BENOÎT XVI DANS SON DISCOURS DE RATISBONNE AVAIT TOUT PRÉVU PROPOSANT UNE RÉVOLUTIONS DE LUMIÈRES DANS L’ISLAM.
Italia Oggi
8/1/2015 Sur le site benoit-et-moi
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C’était une erreur, pour l’Eglise, de ne pas avoir poursuivi l’appel de Benoît XVI en faveur une révolution des Lumières dans l’Islam.
Sandro Magister de l’Espresso, repart de là, de la leçon de Ratisbonne du Pape Ratzinger en 2006, et analyse le rôle que l’église catholique a eu et peut avoir afin de contraster la violence musulmane.

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Question. Après l’attaque au journal satyrique français, est-ce que le risque d’attentats contre l’Etat du Vatican a augmenté?

Réponse. Le risque est réel. Depuis un certain temps d’ailleurs l’Eglise est dans la ligne de mire. Se défendre devient de plus en plus compliqué, il est désormais évident que les attentats ne répondent pas à une stratégie régie à un niveau global; il y a une fragmentation d’initiatives pas prévisibles, poursuivies par des poignées d’hommes.

Q. Quel a été le rôle l’Eglise afin de contraster les violences islamiques?

R. Les dernières grandes visions prospectives des sommets du Saint Siège s’arrêtent malheureusement à 2006, à la mémorable leçon de Ratisbonne de Benoît XVI, alors qu’il invoqua aussi pour le monde musulman, comme cela s’est déjà produit dans le christianisme, une sorte de « révolution » des Lumières, à partir du respect des droits des personnes. Le chemin engagé par le Pape fut interrompu de l’intérieur de l’Eglise.

Q. Pourquoi fut-il interrompu?

R. Tour d’abord par la peur. La peur de morts chrétiens, qui se produisirent effectivement par la suite. Ensuite parce qu’on préféra la voie du dialogue, ou mieux de la rhétorique du dialogue, à tout prix, qui s’est traduite à l’épreuve des faits en un dialogue purement cérémoniel, qui n’a pas donné de résultats. Au tout début de 2015 une aussi extraordinaire qu’inattendue ouverture à la voie indiquée par le Pape Benoît a été accomplie, de la part justement d’un leader islamique (ndt: ici une vidéo montrant al-Sissi accueilli dans l’église copte du Caire avant la messe de Noël: www.youtube.com/watch?v=EcCVA1yIU8w ).

Q. C’est un paradoxe.

R. Oui, aussi parce que le protagoniste n’est pas un démocrate, mais un despote, le président de l’Egypte, le général Abdel Fattah al Sissi, et le siège était l’Université qaïroteCaire d’Al-Azhar, le plus important centre de théologie de tout le monde sunnite.

Q. Et qu’a dit Al-Sissi?

R. Il a demandé à grand’ voix aux guides religieux d’entamer de toute urgence une révolution capable d’éradiquer le fanatisme de l’islam et de le remplacer avec une vision plus illuminée du monde. S’ils ne font pas, a affirmé le général, il devront assumer « devant Dieu » la responsabilité d’avoir conduit la communauté musulmane sur des chemins de ruine.

Q. Quelle est la politique poursuivie par le pape François?

R. La politique inter-religieuse que les sommets de l’Eglise du pontificat de François développent s’est contentée jusqu’à présent d’invoquer le dialogue, sans avoir jusqu’ici le courage de mettre les personnes en face de ce qui doit être surmonté. Il faut espérer que l’Eglise récupère un rôle plus actif, avec ses moyens propres évidemment, contre l’extrémisme islamique. Aussi parce que les principales victimes sont chrétiennes.

Q. Sommes-nous en présence d’une guerre de religion?

R. L’Eglise catholique est assiégée, les victimes sont marquées par leur baptême, il suffit de voir ce qui s’est passé au Nigéria.

Q. La menace terroriste s’est fragmentée en plusieurs groupes et s’est infiltrée partout. Il y en a qui mettent au banc des accusés de ce qui s’est passé le mythe occidental de la société ouverte.

R. Je ne pense pas de cette façon. Le monde est un village global, ce qui arrive dans les terres les plus reculées a des répercussions partout. L’offensive musulmane est de deux types, territoriale, entre Syrie et Iraq, mais aussi dans une nation comme la Libye, au nom du mythe du califat. Ensuite individuelle, perpétrée par des personnes ou groupes isolés, contre lesquels les moyens traditionnels de défense ne servent à rien.

Q. Les Etats semblent en grande difficulté dans la gestion de leur sécurité et une stratégie internationale efficace semble aussi faire défaut.

R. Nous sommes en présence d’un choc asymétrique, la différence entre un camp et l’autre étant immense, ce qui rend presque impossible une action de résistance et de contraste selon les modalités classique. Pour le contrôle du territoire, la seule stratégie qui ait produit de bons résultats dans le passé récent a été celle du Général Petraeus en Iraq, lorsqu’il parvint à assécher le soutien des tribus aux groupes armés.

Q. Finalement, il enleva l’eau aux poissons.

R. Oui, il faut avoir les forces musulmanes saines de son côté. Afin d’y parvenir, il faut des hommes sur le terrain bien formés et bien guidés.