Liberté ET Fraternité

Depuis quelques jours, j’ai discuté avec des personnes qui, scandalisées par l’assassinat des journalistes de Charlie hebdo, et totalement solidaires de la lutte contre la barbarie et pour la démocratie, m’ont dit se désolidariser du slogan retenu « Je suis Charlie ». En effet, la conception de la liberté de ce journal n’est pas la nôtre. Tous ceux qui affichent l’affirmation « Je suis Charlie » sur le fond noir des anarchistes, des libertaires et de l’ultra-gauche sont-ils conscients de ce à quoi ils s’identifient ?

Affirmons-le clairement : nous sommes pour la liberté d’expression. Mais nous pensons que la liberté d’expression ne doit pas être en contradiction avec cet autre pilier de notre démocratie : la fraternité !

Ainsi, après avoir condamné de la façon la plus ferme l’attentat de Paris, le Pape François exhortait « à s’opposer par tous les moyens à la diffusion de la haine et de toute forme de violence, physique et morale, qui détruit la vie humaine, viole la dignité des personnes, mine radicalement le bien fondamental de la cohabitation pacifique entre les personnes et les peuples malgré les différences de nationalité, de religion et de culture ».

Le Pape dénonce ainsi la barbarie des auteurs de l’attentat ; mais sait-il que le journal satirique contribue largement à « la diffusion de la haine » et constamment « viole la dignité des personnes » comme le Pape et, pire, Jésus lui-même ! Les dessins publiés dans ce journal sont souvent blasphématoires, et c’est d’ailleurs pour « venger le Prophète Mahomet », caricaturé dans CH, que les terroristes ont assassiné les journalistes.

Charlie hebdo prétend dénoncer les extrémismes religieux, mais en réalité ce sont toutes les religions, et finalement Dieu lui-même qu’ils rejettent. Les conséquences en ont été soulignées par le Pape François dans son discours au Corps diplomatique: « À une dimension personnelle du refus s’associe ainsi inévitablement une dimension sociale, une culture qui rejette l’autre, brise les liens les plus intimes et les plus vrais, finissant par défaire et désagréger toute la société, et par engendrer la violence et la mort. »

En fait, ce que revendiquent les journalistes de CH, je l’ai entendu dans la bouche d’une d’entre eux, c’est « la liberté de blasphémer ». Et c’est ainsi que, le 14 janvier, un journaliste d’Itélé présentait le dernier numéro de CH : il revendique son « droit au blasphème ». On y voit notamment le pape François un couteau entre les dents, et brandissant le point comme les révolutionnaires, pour vilipender la curie, alors que nul n’est plus miséricordieux que lui. On le voit aussi partageant avec un ayatolla et un juif les zones d’influence dans le monde, comme à Yalta, alors qu’il ne cesse de prôner le dialogue interreligieux, et le rapprochement de toutes les religions autour de valeurs universelles : défense de la vie, de la famille, de la liberté religieuse, etc. C’est pourquoi, autant nous sommes pour la liberté d’expression et la défense de la démocratie, autant nous affirmons : « Nous ne sommes pas Charlie ».

En effet, pour nous catholiques pratiquants, comme pour les Musulmans sincères, le blasphème est très grave. Le catéchisme de l’Église catholique affirme : « Le blasphème s’oppose directement au deuxième commandement. Il consiste à proférer contre Dieu – intérieurement ou extérieurement – des paroles de haine, de reproche, de défi, à dire du mal  de Dieu, à manquer de respect envers Lui dans ses propos, à abuser du nom de Dieu. (…) Le blasphème est contraire au respect dû à Dieu et à son saint nom. Il est de soi un péché grave (cf. CIC, can. 1369). » (CEC n° 2148)

Certes, dans une démocratie, les gens sont libres de blasphémer (ce qui n’est pas le cas dans les pays qui appliquent la charia) : ils en rendront compte à Dieu à leur mort (ceux de CH qui sont morts ont déjà été jugés par Dieu), et nul n’a le droit de se substituer à Dieu pour les punir.

Mais nous ne partageons pas cette conception de la liberté. Pour les chrétiens, Dieu a donné  la liberté à l’homme pour qu’il puisse répondre librement à son amour. Vatican II affirme : «  » Dieu a ‘laissé l’homme à son propre conseil’ (Si 15, 14) pour qu’il puisse de lui-même chercher son Créateur et, en adhérant librement à Lui, parvenir à la pleine et bienheureuse perfection  » (GS 17) ». (CEC n° 1730)

La liberté donnée à l’homme implique donc une responsabilité : « Par le libre arbitre chacun dispose de soi. La liberté est en l’homme une force de croissance et de maturation dans la vérité et la bonté. La liberté atteint sa perfection quand elle est ordonnée à Dieu, notre béatitude. » (CEC n° 1731) Je souligne : notre liberté nous est donnée pour que nous cherchions la vérité (Dieu) et vivions la bonté (l’amour de Dieu et du prochain).

Si la liberté donnée à l’homme le conduit au blasphème envers Dieu et son Église, et à la méchanceté vis-à-vis de ses saints serviteurs comme les Papes de ces dernières années, elle devient source « de blâme et de démérite » (CEC n° 1732) « Le choix de la désobéissance et du mal est un abus de la liberté et conduit à l’esclavage du péché » (CEC n° 1733).

Or c’est bien ainsi que Charlie hebdo exerce sa liberté. C’est pourquoi, au nom de la liberté d’expression, nous avons le droit de dire que nous ne sommes pas d’accord avec les provocations de Charlie-Hebdo, ses expressions de dérision, de mépris et trop souvent de haine, certaines de ses productions scatologiques et pornographiques, les encouragements aux chanteurs de rap appelant au viol et… au meurtre, notamment de policiers, la violence des écrits antichrétiens, les caricatures insultantes pour Jésus, la Vierge Marie, les Papes etc. Comme le disait le Pape François, cette attitude « viole la dignité des personnes, mine radicalement le bien fondamental de la cohabitation pacifique entre les personnes et les peuples malgré les différences de nationalité, de religion et de culture ».

C’est pourquoi non, nous ne sommes pas Charlie.

Et nous trouvons scandaleux que le gouvernement socialiste accorde une subvention énorme, prélevée sur notre argent, pour subventionner ce journal qui ne représente qu’une infime partie des français (cf. le nombre d’abonnés !) Scandaleuse aussi la publicité que font à ce journal les medias complices de la diffusion du blasphème, de la haine et de la division. Tiens, le mot diviseur en grec se dit « diabolos » ; et le mot « accusateur » ou « calomniateur » se dit en hébreux « satan ». Coïncidence troublante !

Nous sommes des catholiques convaincus que l’homme est libre et qu’il s’épanouit en mettant sa liberté au service de la Vérité de l’Évangile et de l’amour entre tous les hommes.

Nous sommes des catholiques ouverts à l’œcuménisme et au dialogue interreligieux. Nous sommes solidaires des Musulmans qui ont été blessés par les caricatures de CH sur Mahomet.

Nous sommes des citoyens français prêts à défendre la liberté, mais aussi l’égalité et la fraternité. « Cette société, constituée de diversités de toutes sortes, doit travailler sans cesse à la construction de la paix et de la fraternité. » (Mgr Olivier Ribadeau Dumas, Secrétaire général de la Conférence des Évêques de France, Porte-parole)

Ironie du sort, alors que de leur vivant les journalistes de CH assassinés semaient la zizanie, voire la haine, par leur mort ils ont suscité, dans les manifestations du 11janvier, un élan de fraternité sans précédent en France. Puisse la fraternité triompher ainsi partout dans la France et dans le monde !

Paul Salaün. 56  Saint-Avé

 

Nous protestons contre le slogan « Je suis Charlie » qui a été complaisamment affichée sur les écrans télé ces jours derniers. Le fond noir était celui des anarchistes, des libertaires et de l’ultra-gauche.

Et la conception de la liberté d’expression de Charlie Hebdo est celle de la liberté de blasphémer.

Ce journal ne cesse d’offenser les Musulmans et les Chrétiens par ses caricatures blasphématoires.

C’est pourquoi nous ne sommes pas Charlie.

Nous sommes des citoyens qui défendent la liberté d’expression et la fraternité, et dénoncent la barbarie des assassinats quels qu’ils soient.

Nous sommes des catholiques ouverts à l’œcuménisme et au dialogue interreligieux, et nous dénonçons le fondamentalisme qui tue au nom de la religion.

Nous appelons les medias à plus de neutralité. Nous leur demandons de mettre davantage en exergue le respect de l’autre, qu’il soit Musulman, Juif ou Chrétien, afin qu’en France nous vivions vraiment la liberté, l’égalité et la fraternité.

Pétition : http://citizengo.org/fr/15472-nous-protestons-contre-le-slogan-je-suis-charlie-qui-ete-complaisamment-affichee-sur-les