Témoignage : devine qui vient dîner ce soir ?

Devine qui vient dîner ce soir ?

Certains hôtes inattendus et indésirés ont pris place à la maison. Ils « craignent », mais ne les a-t-on pas invités en invitant ceux qui désiraient le repos ? Dernier de trois enfants, André a 14 ans quand il perd sa grand-mère.

Une mort alors impossible à accepter. Une mort qu’il choisit de « contourner ». La route qu’il empreinte porte un nom : spiritisme. « Dans la famille ‘Demoi’, je demande la grand-mère »…  mais quelqu’un triche ! C’est le prince de ce monde qui s’invite.

You ! : Est-ce facile de commencer le spiritisme ?

André : Pour moi hélas oui. En tant que croyant, j’accusais Dieu d’avoir repris la grand-mère que j’aimais tant. C’est alors que j’ai rencontré une fille qui pratiquait le spiritisme et m’a fait croire que l’on pouvait communiquer avec nos morts. Elle m’a initié et très vite je me suis pris au jeu. Cela marchait très bien, et j’étais de plus en plus fort dans la maîtrise des forces occultes.

Y ! : « forces occultes » ! … Cela t’a-t-il donné des pouvoirs ?

Non. Pas au début. Si je suis rentré là-dedans, ce n’était pas dans le désir d’avoir des pouvoirs mais uniquement pour parler avec ma grand-mère. Pourtant, un jour, je me suis rendu compte que l’esprit qui me parlait n’était pas le sien : quand je l’interrogeais sur son nom, il m’en donnait un autre. Mais comme il me renseignait sur les défunts, je continuais à lui parler. Je vérifiais en général les informations reçues. Or j’ai découvert qu’elles s’avéraient correctes, mais parfois aussi incorrectes !

Y ! : Comment as-tu réagi devant cette incertitude ?

Vers 15 ou 16 ans, malgré un certain doute, j’ai commencé à acquérir de plus en plus de pouvoirs (divination, pouvoir de dominer l’autre … ), et beaucoup de gens venaient me trouver. L’orgueil s’installait en moi d’une manière sournoise. Les conséquences ne se sont pas fait attendre : en l’occurrence, des disputes avec ma famille et mes meilleurs amis, car mon caractère changeait. Je pensais avoir raison sur tout et je n’écoutais plus les autres, j’étais devenu un gourou imbuvable. Progressivement, je me suis retrouvé dans une grande solitude et une grande tristesse, tandis que mes pouvoirs, eux, ne cessaient d’augmenter.

Y ! : Et malgré cela, tu continuais ?

Vous savez, le spiritisme, c’est comme un envoûtement. Vers 20 ans, j’ai demandé à l’esprit qui me parlait quel était son nom et il m’a répondu Satan. Là, j’ai pris peur. Et même très peur parce que je savais qui il était. Ma peur était sa signature. Je me suis alors rendu compte que les esprits qui m’avaient parlé auparavant provenaient de l’esprit du mal et non des défunts. Dès le début, il m’avait mené dans le mensonge. En continuant, je faisais un pacte avec lui. Alors j’ai décidé d’arrêter.

Y ! : Est-ce facile ?

La volonté ne suffit pas. Certains signes bizarres apparurent : des bruits dans les pièces où je me trouvais, des sensations de personnes qui me touchaient, ma radio qui s’allumait toute seule … Les signes devinrent de plus en plus nombreux et fréquents, et je pensais que je devenais fou. Je voulais me suicider. Un soir, j’ai voulu sauter par la fenêtre, mais une force m’a arrêté et la paix est revenue dans mon cœur. Plus tard, j’ai compris que c’était la main de Dieu. Pourquoi était-Il intervenu pour moi à ce moment-là ? Cela reste un mystère qui, je crois, est le mystère de l’amour de Dieu pour tout homme.

Y ! : Les signes infernaux se sont-ils arrêtés ?

Sur mon lieu de travail, j’ai fait la connaissance de Christine, qui me conseilla de rencontrer un prêtre exorciste. Une rencontre qui fut extraordinaire : après lui avoir confessé toutes mes pratiques et leurs conséquences, quelle joie de sentir mon cœur léger et libre ! Pourtant les phénomènes continuèrent de plus belle et j’étais de plus en plus paniqué.

Y ! : Qu’as-tu fait alors ?

J’ai persévéré. Je suis retourné voir ce prêtre, et il a fait sur moi une prière de délivrance … Vous ne pouvez pas imaginer ma joie : les phénomènes s’étaient arrêtés net, et surtout, intérieurement, je me sentais profondément libre. Dans mes choix de vie, je n’étais plus contraint par la peur. Mon intelligence s’était ouverte et enfin je comprenais que l’esprit du mal m’avait lié pour me faire faire des choses contre ma volonté.

Y ! : Ta vie a-t-elle changé ? Comment ?

Oui, complètement. J’ai pris un vrai chemin qui menait vers Dieu par l’Église. Une nouvelle vie commençait, faite de joie et de paix. J’ai eu l’immense bonheur de me réconcilier avec ma famille et mes amis. Au bout de sept ans de cheminement, j’ai trouvé mon port : à 36 ans, je suis devenu moine dans une communauté catholique et je me prépare à la prêtrise dans un bonheur que je n’avais jamais connu auparavant.

Y ! : Peut-on vraiment parler avec les morts ?

Pas par le spiritisme. Dans cette pratique, ce ne sont pas les morts qui s’adressent à nous, mais les esprits du mal.

Y ! : Alors, quelle peut être notre relation avec nos morts ?

Ceux qui nous ont quittés restent présents à notre mémoire, dans notre cœur et dans les souvenirs de tous les jours. Certes, ils ne sont pas là physiquement, mais ils interviennent auprès de Dieu pour nous et pour notre secours. Eux ne nous oublient pas. Ainsi notre cœur peut-il demeurer dans la joie. Car jamais nous ne serons séparés de l’amour qui existe entre eux et nous, qui est l’Amour même de Dieu. C’est cela, la communion des saints.

Revue You ! n° 27