Qui donc est cette Femme ?

La première lecture est tirée d’une partie du ch. 12 de l’Apocalypse. Comme l’indique la triple mention « et on vit apparaître » (11, 19 ; 12, 1-3), trois réalités nous sont offertes : l’Arche de l’alliance, puis deux signes qualifiés de grandioses : la Femme et le Dragon.

La Femme : une synthèse de l’oeuvre divine

Elle est à la fois : (1) La personnification du peuple d’Israël ; identifiée avec la Sion idéale annoncée par les prophètes, revêtue de la gloire divine, elle enfante le peuple nouveau.

(2) La personnification de l’Église, nouvel Israël, protégée pendant le temps de la persécution (nourrie au désert).

(3) La Vierge Marie, sollicitée par l’ange Gabriel pour devenir la mère du Messie1.

Elle est entrevue dans un double état : de gloire, et nous rejoignons le dogme de l’Assomption ; mais aussi de souffrance, elle crie « dans les douleurs de l’enfantement ». Son enfant, est entrevu simultanément comme né et exalté. Plutôt que de l’enfantement à Bethléem, Il s’agit de l’enfantement mystique du Golgotha et de la résurrection, de l’enfantement du salut messianique réalisé dans la douleur2.

On peut faire un rapprochement avec l’Évangile de la Visitation qui nous est proposé, mais aussi avec l’épisode de Cana. Marie est située dans une perspective de médiation maternelle, d’intercession pour le salut de tous ses enfants. Marie glorieuse est en visitation priante et douloureuse auprès de tous ses enfants, demandant qu’on l’aide en offrant prières et sacrifices pour les pécheurs… et célébrée aujourd’hui dans tous ses sanctuaires.

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Marie est située par Dieu dans un climat d’hostilité

Cette souffrance de l’enfantement est annoncée dès le « protévangile », Gn 3, 15, sous la forme de l’hostilité : « Je mettrai une hostilité entre toi [le serpent] et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t’écrasera la tête et tu l’atteindras au talon. » Nous savons reconnaître aujourd’hui dans la descendance de Marie — son Fils Jésus — celui qui triomphe du pouvoir de Satan à travers le mystère de Pâques.

L’hostilité établie par Dieu lui-même entre le serpent et la femme se focalise sur Marie à cause de 2 grâces propres :

Sa sainteté : elle fut totalement soustraite à la domination de Satan par l’Immaculée Conception : façonnée dans la grâce de l’Esprit Saint et préservée de toute trace de péché.

Sa mission : associée à l’œuvre salvifique du Fils, Marie a pris pleinement part à la lutte contre l’esprit du Mal, et continue à le faire.

Ainsi, les titres d’Immaculée Conception et d’Associée à la Rédemption, attribués par la foi de l’Église à Marie pour proclamer sa beauté spirituelle et sa participation intime à l’œuvre admirable de la Rédemption, manifestent l’opposition irréductible entre le serpent et la nouvelle Ève. Un 3° titre s’ajoute aujourd’hui : Élevée dans la gloire…

Marie est une aide précieuse sur notre chemin de sainteté

Sa présence permet de résister au démon. « Le Fils de Marie a remporté la victoire définitive sur Satan, et Il en a fait bénéficier sa Mère de façon anticipée en la préservant du péché. Son Fils lui a donc accordé le pouvoir de résister au démon, accomplissant par le mystère de l’Immaculée Conception l’effet le plus important de son œuvre rédemptrice3»   →  Nous devrions nous en souvenir et réciter notre chapelet tous les jours.

Avec l’aide de St Michel Archange. Il fait fonction d’huissier pour expulser le Dragon hors de l’univers de Dieu, sur la terre (Ap 12) ; celui-ci sera définitivement réduit à l’impuissance, car ses jours sont comptés. C’est la chute des anges (voir Lc 10, 18 et Jn 12, 31) ; et l’occupation de la terre créée pour l’homme par les anges déchus. Vaincus par Jésus ressuscité, ils sont désormais contenus par la limite de la réalisation du projet divin. →  Nous devrions invoquer saint Michel plus souvent…

Et celle de la prière des martyrs. L’Agneau sacrifié, qui a vaincu le démon et sauvé le monde, ne cesse maintenant de dresser ses disciples en témoins défiant la mort ; la victoire de l’Église, c’est le martyre des chrétiens, et leurs prières impatientes (Ap 6, 10-11) font progresser le monde vers la victoire finale. →  Nous devrions les honorer et demander leur aide.

La célébration de l’Assomption de Marie nous donne la joie de cette conviction : « Il demeure certain, ou que le Fils a triomphé de Lucifer au moyen de Marie, ou que la Mère en a triomphé grâce à son Fils. Et comme un prisonnier de guerre devient, de droit, l’esclave de son vainqueur, Satan se voit, pour toujours, forcé d’obéir aux injonctions de la Reine »4.

1Pour l’interprétation du ch. 12 en détail, voir http://d.auzenet.free.fr/e_books/sp12_ciel_ouvert.pdf

2Is 26, 16-19.

3Jean-Paul II, A.G. du 29 mai 1996, qu’il faudrait lire en entier.

4St Alphonse-Marie de Liguori, Les Gloires de Marie, partie 1, chap. IV, paragraphe 2. (XVIII° s.).