Tes pensées ne sont pas celles de Dieu

Alors que Jésus annonce sa Passion souffrante et violente, Pierre réagit en refusant une telle issue. Ce faisant, il s’oppose aux « pensées de Dieu », et manifeste les « pensées des hommes ». Jésus le repousse vertement : « Arrière de moi Satan, tu m’es un obstacle… » Cet évangile est l’occasion pour nous de comprendre que nos propres pensées peuvent être inspirées très différemment.
– Par nous-mêmes, notre propre moi égoïste ou altruiste qui s’exprime

– Dans les deux autres cas, par l’Esprit Saint ou par le diable, elles nous surprennent comme ne venant pas de nous, car elles s’originent dans l’un ou l’autre de ces deux esprits.

Le chemin de la conversion chrétienne, c’est d’apprendre à se laisser inspirer par les « pensées de Dieu », par l’Esprit Saint. Souvent en acceptant de crucifier nos pensées personnelles, et de lutter contre les pensées qui viennent de l’esprit du Mal…

« Ne prenez pas pour modèle le monde présent,
mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser
pour discerner quelle est la volonté de Dieu :
ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire,
ce qui est parfait. »
(Rm 12, 2).

(Photo du cloître du Mont Saint Michel, envoyée par Jacques)

Paroles du pape après l’angélus

Chers frères et sœurs, bonjour !

Le passage évangélique du jour (cf. Mt 16,21-27) est lié à celui de dimanche dernier (cf. Mt 16,13-20). Après que Pierre, au nom des autres disciples, ait professé sa foi en Jésus comme Messie et Fils de Dieu, Jésus lui-même commence à leur parler de sa passion. Le long du chemin vers Jérusalem, il explique ouvertement à ses amis ce qui les attend à la fin dans la ville sainte : il annonce son mystère de mort et de résurrection, d’humiliation et de gloire. Il dit qu’il devra « souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter » (Mt 16,21). Mais ses paroles ne sont pas comprises, parce que les disciples ont une foi encore immature et trop liée à la mentalité de ce monde (cf. Rm 12,2). Ils pensent à une victoire trop terrestre, c’est pourquoi ils ne comprennent pas le langage de la croix.

Face à la perspective que Jésus puisse échouer et mourir sur une croix, le même Pierre se rebelle et lui dit : « Dieu t’en garde, Seigneur ! cela ne t’arrivera pas. » (v. 22). Il croit en Jésus – Pierre est comme cela – il a la foi, il croit en Jésus, il croit ; il veut le suivre, mais il n’accepte pas que sa gloire passe à travers la passion. Pour Pierre et les autres disciples – mais pour nous aussi ! – la croix est quelque chose d’inconfortable, la croix est un “scandale”, tandis que Jésus considère que le “scandale” est de fuir la croix, ce qui voudrait dire se dérober à la volonté du Père, à la mission qu’Il lui a confiée pour notre salut. C’est pourquoi Jésus répond à Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » (v. 23). Dix minutes plus tôt, Jésus a loué Pierre, il lui a promis d’être la base de son Eglise, le fondement ; dix minutes après il lui dit “Satan”. Comment peut-on comprendre cela ? Cela nous arrive à tous ! Dans les moments de dévotion, de ferveur, de bonne volonté, de proximité envers le prochain, nous regardons Jésus et nous avançons ; mais dans les moments où nous rencontrons la croix, nous fuyons. Le diable, Satan – comme le dit Jésus à Pierre – nous tente. C’est du mauvais esprit, cela vient du diable de s’éloigner de la croix, de la croix de Jésus.

S’adressant ensuite à tous, Jésus ajoute : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.» (v. 24). De cette façon Il indique le chemin du vrai disciple, en montrant deux attitudes. La première est « renoncer à soi-même », qui ne signifie pas un changement superficiel, mais une conversion, un renversement de mentalité et de valeurs. L’autre attitude est de prendre sa croix. Il ne s’agit pas seulement de supporter avec patience les tribulations quotidiennes, mais de porter avec foi et responsabilité cette part de fatigue, et cette part de souffrance que comporte la lutte contre le mal. La vie des chrétiens est toujours une lutte. La Bible dit que la vie du croyant est une milice : lutter contre le mauvais esprit, lutter contre le Mal.

Ainsi l’engagement de “prendre sa croix” devient participation au salut du monde avec le Christ. En pensant à cela, faisons en sorte que la croix accrochée au mur chez nous, ou que nous portons autour de notre cou, soit le signe de notre désir de nous unir au Christ pour servir les frères avec amour, spécialement les plus petits et les plus fragiles. La croix est le signe saint de l’amour de Dieu, et c’est le signe du sacrifice de Jésus, et elle ne doit pas être réduite à un objet superstitieux ni à un bijou ornemental. Chaque fois que nous fixons le regard sur l’image du Christ crucifié, pensons que comme vrai Serviteur du Seigneur, il a réalisé sa mission en donnant la vie, en versant son sang pour la rémission des péchés. Et ne nous laissons pas conduire ailleurs, dans la tentation du Malin. Par conséquent, si nous voulons être ses disciples, nous sommes appelés à l’imiter, en dépensant notre vie sans réserve par amour de Dieu et du prochain.

Que la Vierge Marie, unie à son Fils jusqu’au calvaire, nous aide à ne pas reculer face aux épreuves et aux souffrances que le témoignage de l’Évangile comporte pour nous tous.

Traduction de Zenit, Anne Kurian-Montabone