Matthieu Faucher, professeur des écoles à Malicornay

Suspendu par sa hiérarchie, puis muté, après avoir fait travailler ses élèves sur des textes de la Bible. Aujourd’hui réhabilité par la justice.

Nous nous étions déjà fait l’écho de cette histoire de fou, celle de « l’instit de Malicornay », du nom de ce village de l’Indre où enseigne Matthieu Faucher, 39 ans à l’époque, c’est-à-dire il y a quatre ans. Nous sommes bien avant le climat de délation installé par le Covid ; reste que pour une raison qui m’échappe, il est dans la nature humaine, apparemment, de dénoncer son prochain. Arrêtons-nous juste un instant sur ce rapport entre délation et silence. Matthieu Faucher a été victime d’une délation, Camille Kouchner, la belle-fille d’Olivier Duhamel a souffert du silence. La délation comme le silence ne sont pas que des formes de lâcheté : dans son livre Familia Grande, Camille Kouchner écrit que “beaucoup étaient ravis de devoir se taire : “Être dans la confidence (…) est un moyen (…) de témoigner sa soumission à mon beau-père”, lequel est décrit comme coupable de viol. La délation fonctionne pareil : on dénonce quelqu’un pour bien se faire voir, pour montrer sa docilité et en être récompensé.

Retour à notre histoire, celle de l’instit de Malicornay : une lettre anonyme avait fait basculer la vie et la carrière de ce professeur des écoles. On l’avait accusé de faire du prosélytisme religieux, quoiqu’il fût agnostique et pas catho-friendly. Nous sommes en 2017 et l’Éducation nationale va le punir : faute professionnelle, suspension immédiate, mutation, etc. Il fallait en faire un exemple pour que ses pairs n’eussent pas l’idée de copier ses méthodes. Ce sera 4 ans de bataille judiciaire et au bout du compte, le pot de terre a triomphé du pot de fer, c’est assez rare pour être souligné : avant Noël, la justice donnait entièrement raison à l’enseignant contre l’Education nationale qui avait fait appel. La hiérarchie est obligée de réintégrer Matthieu Faucher dans sa classe de CM1/CM2. Pourquoi est-ce important d’en parler ? D’abord parce qu’il y a un grand flou autour de l’enseignement laïc du fait religieux, flou que la justice vient de dissiper à son niveau, à son niveau seulement. Ensuite, parce que depuis l’affaire Samuel Paty, on navigue ici dans des eaux très dangereuses et que l’Education nationale ne veut qu’une chose, c’est dissuader les enseignants de s’y aventurer.

Une émission produite par Louis Daufresne sur Radio Notre-Dame