Michel Maffesoli, professeur émérite à la Sorbonne, membre de l’institut universitaire de France, sociologue de l’imaginaire et du quotidien. Auteur de « La transfiguration du politique » (éditions du Cerf).
Le présent des États-Unis préfigure souvent le nôtre. Aussi est-il permis de penser que ce qui se passe outre-Atlantique nous concerne, même si la question des armes à feu, culturellement parlant, nous éloigne très nettement de la réalité américaine. Celle de la violence, en revanche, nous en rapproche. Il y a des faits, tel que l’égorgement du médecin militaire devant une école catholique de Marseille, qui, il y a quelques décennies, auraient frappé toute la France de stupeur.
‘C’est dire à quel point nous nous habituons à une forme de criminalité qui faisait naguère la mauvaise réputation des banlieues américaines. La tuerie d’Uvalde ne saurait répondre à la seule problématique de savoir s’il faut restreindre l’accès aux armes à feu. L’interrogation qui demeure porte sur le mystère du mal, de son déchaînement. Il gît dans l’âme humaine mais la société, sans l’accuser par démagogie, porte-t-elle une part de responsabilité ?