Le feu de la contradiction

1. Je suis venu apporter un feu sur la terre

« et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !  » (Lc 12,49). Cette parole impatiente de Jésus parlant du baptême de sa passion est l’aboutissement du thème biblique du « feu dévorant ». Non pas le feu qui dévaste nos forêts, et qui manifeste combien les déséquilibres introduits dans la création par notre péché, notre éloignement de Dieu, sont graves. Mais le feu de l’amour divin à la recherche de la brebis perdue (« Adam, où es-tu ? »), le feu de la rédemption qui nous ouvre le coeur du Père.

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2. Non pas la paix sur la terre, mais bien la division

Jésus se positionne directement à l’encontre de nos consensus mous d’aujourd’hui où nous gommons toute aspérité au profit d’une unité de façade. Il ne vient pas améliorer notre bien-être terrestre, mais nous conduire à entrer dans le Royaume de Dieu en entrant par la porte étroite. En ce sens, le feu de son amour est un feu séparateur, il accomplit un tri, une division : « vous n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde ; voilà pourquoi le monde a de la haine contre vous » (Jn 15,19).

3. Que cet homme soit mis à mort : il démoralise toute la population

Tel est bien le risque inhérent à notre suite du Christ : les fausses accusations, le rejet, l’élimination. Jérémie nous est offert en exemple : le prophète ne peut porter la Parole divine qu’au prix d’une vie sacrifiée, offerte en sacrifice. « Ma mère, tu m’as enfanté homme de querelle pour tout le pays » (Jr 15,10). Ce que le vieillard Syméon annonçait à Marie est constitutif de notre témoignage : être un « signe de contradiction » (Lc 2,34).

4. Courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus

La vie chrétienne est une épreuve, une « grande épreuve » (Ap 7,14). La métaphore sportive1 utilisée par Paul (ne pas courir pour rien, courir avec persévérance, veiller à ne pas être disqualifié… de manière à remporter le prix), est reprise ici dans la lettre aux Hébreux. Et, pour cela, garder « les yeux fixés sur Jésus, origine et terme de notre foi ». Ici, une traduction mot à mot est plus suggestive : « Il est l’initiateur de la foi et il la mène à son accomplissement. » Le mot grec traduit ici par initiateur signifie : Celui qui précède les autres sur le chemin à suivre, le guide. Et ce guide est parfait, on peut se fier à lui absolument pour arriver au but; il conduit au sommet, ce que notre texte appelle « l’accomplissement ».

5. Nous qui sommes entourés d’une immense nuée de témoins

L’auteur de la lettre aux Hébreux a consacré le ch. 11 à présenter les grands modèles de la foi que l’on trouve dans l’A.T. (p. ex. : Abraham et de Sara). Ici, il commence le chapitre 12 en disant : tous ces croyants de l’A. T. sont comme une nuée qui vous entoure. Et après 2000 ans de christianisme, cette nuée est immense2. Nous avons besoin de ces frères et sœurs que sont les saints, de méditer leur parcours (souvent celui du martyre, le « baptême » dont parle Jésus) comme autant de témoignages d’une suite du Christ originale. Nous sommes un seul peuple, ils nous entourent de peur présence, de leur prière, de leur protection.

1Voir la Petite Ecole Biblique n° 66, https://petiteecolebiblique.fr/66-cest-sportif/

2L’application « Evangelizo » sur nos smartphones, reprend le site www.levangileauquotidien.org/FR/saints/ et donne quotidiennement une belle liste de ces saints, avec une notice particulière pour chacun.