Découvrir le sacrement de la Réconciliation

Le Père Marcel Bourland, du diocèse de Dijon, est un vieil ami. Il a publié cet article dans la Revue l’Alouette, la revue des Foyers de Charité, n° 265, juillet 2011.

Ce sacrement de Réconciliation a été très marqué au 19e et au 20e siècle par le jansénisme et il a été défiguré alors que c’est un beau sacrement. Et Tertullien avait raison de l’appeler « un second baptême ».

Ce sacrement, j’ai la chance, depuis janvier 1973, dans une rencontre très profonde avec le Seigneur, de le célébrer tous les jours.

Tous les jours, je suis sollicité par tel ou tel, certains jours plus que d’autres, pour pouvoir célébrer ce sacrement. C’est vraiment celui qui nous fait grandir dans la force de notre Baptême. Le jour de notre Baptême, nous avons reçu une nouvelle identité d’enfant de Dieu et le Christ ressuscité a pris la route avec nous. Il marche avec nous, Il est vivant aujourd’hui en 2011, et ce sacrement nous permet, avec le Christ, dans cette rencontre personnelle, de voir ce qui en nous n’est pas encore évangélisé, ce qui en nous n’a pas encore été touché par la grâce du Seigneur ; peut-être par notre refus qu’on appelle le péché où l’homme que nous sommes a pris à nouveau son autonomie et décide lui-même de ce qui est bien et de ce qui est mal.

Ce sacrement est une rencontre comme tous les sacrements avec le Christ vivant.

Je viens régulièrement auprès du Christ pour découvrir ce qui en moi ne lui appartient pas encore : telle réaction, telle négation, telle attitude. Et ainsi je retrouve dans la force du Christ toute la force de mon Baptême. C’est vraiment, comme disait Jésus à Nicodème (Jn 3) : une nouvelle naissance. Chaque sacrement de la Réconciliation est une nouvelle naissance. Le prêtre, par son ministère, rend le Christ présent pour nous redire : Va et continue ta route, reprends-la avec courage et avec espérance.

Très souvent, on risque de confondre une faute morale — en fonction d’un certain nombre de repères de notre éducation — avec ce qu’est le péché.

Le péché, il est toujours dans la découverte que nous n’avons pas répondu à l’appel du Christ vivant. Nous avons préféré notre autonomie, nous avons préféré décider nous-mêmes de ce qui est bien et de ce qui est mal, de ce qui est mieux et de ce qui est moins bien. Et c’est pourquoi ce sacrement vient nous redonner une nouvelle alliance, vient recréer en nous une nouvelle relation réussie avec le Christ présent. Ce sacrement, dans l’aveu que nous faisons, n’est pas une liste de fautes morales face à une culture, à une éducation, mais beaucoup plus dans une relation vivante et affectueuse avec le Christ qui vient nous montrer ce qui encore en nous doit davantage Lui appartenir. Et je pense qu’on peut dire que ce sacrement est beaucoup plus un sacrement de l’avenir où je reprends la route avec le Christ, avec un désir de mieux répondre à son appel, qu’un sacrement du passé. Je ne suis pas là pour venir faire un bilan devant un tribunal, je suis là pour répondre, comme dans toute rencontre avec le Christ, à un nouvel appel et pour Lui répondre : me voici, Seigneur, je viens pour faire Ta Volonté.

Ce sacrement est vraiment, dans les quatre dimensions dans lesquelles on le célèbre, une rencontre très personnelle avec le Christ vivant.

Tout d’abord, c’est sa Parole, sa Parole qui m’est donnée et qui a éveillé en moi de découvrir tel ou tel aspect de ma vie qui n’a pas encore été complètement donné au Christ. Cette Parole de Dieu que je reçois à chaque Eucharistie, en particulier le dimanche. Et déjà cette écoute de la Parole, comme le médecin qui ausculte son patient, cette Parole vient ausculter ma manière d’être un fils aimé et aimant de Dieu.

Le deuxième aspect, c’est reconnaître ce qui en moi est encore loin d’être vécu dans la lumière du Christ : ce que j’ai refusé, les attitudes que j’ai moi-même décidé de prendre sans référence à mon alliance avec le Christ, cet aveu que j’apporte au pardon du Seigneur.

Ensuite, par le prêtre, par son ministère, pécheur comme moi, mais qui a reçu cette mission, m’est donné le pardon dans toute sa dimension.

Et enfin, quatrième attitude, c’est ce qu’on appelle la pénitence, c’est-à-dire que, avec le prêtre, de moi-même, je prends la décision de relancer cette nouvelle étape par une prière, par la lecture d’une Parole de Dieu, par une démarche quelconque auprès de quelqu’un de mon entourage. Je reprends la route et je la reprends avec joie, avec courage et avec élan.

Ce sacrement de la réconciliation est vraiment le signe par lequel je peux entrer dans une relation très personnelle avec le Christ.

Le prêtre est le médiateur. Ce n’est pas lui que je viens rencontrer, il est celui qui va me permettre à moi, baptisé, de rencontrer personnellement mon Seigneur Jésus. Et c’est là où, ce sacrement, j’ai besoin de le vivre après l’avoir soigneusement préparé comme une rencontre très personnelle. On a pu parfois errer dans des absolutions collectives, mais cela défigure la force et la vérité de ce sacrement. C’est un sacrement dans lequel le Seigneur veut venir me rencontrer dans le plus profond de moi-même, dans le secret de mon être profond pour me permettre d’évangéliser, de continuer à me laisser toucher par cette bonne Nouvelle du Christ, à me laisser toucher par ce Jésus Sauveur dans toutes les dimensions de mon être.

Le prêtre, dans la prière de l’absolution, va me dire : « Par la mort et la résurrection de son Fils, Dieu a réconcilié le monde avec Lui », cela veut dire que j’entre dans cette grande démarche de réconciliation entre Dieu et sa créature. La créature que je suis risque toujours de jouer plus ou moins à cache-cache avec son Créateur, avec son Seigneur. Et Jésus, qui est le Serviteur de cet amour, est venu pour nous réconcilier, c’est-à-dire pour nous remettre dans cette harmonie profonde dans la relation avec Dieu notre Père, dans notre relation avec les autres et dans notre relation avec nous-mêmes. C’est le sacrement qui est comme une nouvelle création, cette nouvelle création que je vais vivre dans l’Eucharistie où ce pain et ce vin sont devenus le sacrement de son Corps et de son Sang. Et le Seigneur veut, par ce sacrement de la Réconciliation, nous remettre dans cette lumière de la vie d’un enfant de Dieu qui ne craint pas le regard de son Père mais qui, au contraire, Le reconnaît comme la source du véritable Amour et qui me remet en route, quelles que soient mes difficultés, d’une manière toute nouvelle. Je pense que ce sacrement traduit le désir d’amour de ce Dieu d’Amour de repartir. Il est toujours prêt à nous inviter à repartir !

Et ce verset de l’épître aux Philippiens, au chapitre 4 : « Oubliant le chemin parcouru, je m’élance pour tâcher de saisir le Christ parce que j’ai été saisi par lui. » Voilà, je crois, ce qui traduit d’une manière merveilleuse la véritable démarche de ce sacrement.

Alors, demandons au Seigneur que, par son Esprit Saint, nous puissions pleinement le découvrir et le vivre régulièrement. Je pense, que la rencontre mensuelle avec le Christ est vraiment la bonne manière de faire pour repartir, tous les mois, d’une manière toute nouvelle et, peut-être, en être témoin dans notre entourage immédiat. Je repars avec le Christ parce que je viens de Le rencontrer dans ce beau sacrement de la Réconciliation.