Une interview du Cal Bergoglio (pape François) à l’occasion de l’année de la foi

http://youtu.be/NZ1ZczyyKwM

Traduction : site benoit-et-moi

1.- Le Pape Benoît XVI a convoqué l’Église pour vivre l’Année de la Foi
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Cardinal Bergoglio / Pape François:
Eh bien, comment cela lui est arrivé (à Benoît XVI) je ne peux pas le dire. Il aura senti quelque chose qu’il devait faire, sûrement une inspiration de l’Esprit Saint, parce déjà Paul VI à une époque l’avait fait, une autre Année de la Foi, et c’était une époque très tumultueuse. Paul VI a dit cette phrase: « la fumée de Satan est entrée dans l’Église », une époque très difficile, et lui, en cette Année de la Foi, a rédigé ce très beau Credo du Peuple de Dieu. Je pense que ces temps-ci ne sont pas plus tranquilles que ceux de cette époque-là, n’est ce pas ?
Et il y a aussi une autre piste que nous pouvons suivre, le Pape a l’habitude de parler des attitudes qui dans le fond sont idolâtres, comme le relativisme, le narcissisme, le consumérisme, ce sont des choses totalement éloignées de ce qu’est l’adoration au véritable Dieu, et par conséquent ce sont des attitudes idolâtres, n’est ce pas ?
Et dans la société actuelle s’installent continuellement de nouvelles idoles élevées sur le char du consumérisme, n’est ce pas évident. Les gens y sont alors accrochés. Vraiment il y a un besoin très grand de renouveler la foi, de prier le Créateur avec le cœur, de dire « Je crois en Jésus ».
Le Pape en quelque sorte nous dit ce que Paul disait à Timothée : « Rappelle-toi de Jésus ». Ou soit, avec cette année : « Rappelle-toi de Jésus Christ ». Renouveler la foi, la revitaliser. La réponse à toute cette idolâtrie régnante, Jésus seul la donne, et depuis la croix d’où il règne. Nous nions la croix de Jésus et nous nions Jésus.
Une donnée intéressante de ce paganisme, c’est un paganisme gnostique, n’est ce pas évident ? « Oui, je crois en Dieu mais c’est un dieu…un dieu ainsi dilué, presque un panthéisme, mais une donnée intéressante de cela c’est la statistique des coûts des choses non nécessaires dans l’ordre mondial. Le coût des choses nécessaires, aliments, médecine, non, cela, laissons-le de côté (ndt dans le sens ce n’est pas ce coût là qui est la question). Des choses qui ne sont pas nécessaires, des choses superflues, le premier excès : les animaux de compagnies. On dépense en animaux de compagnie au premier niveau des dépenses superflues. On idolâtre l’animal de compagnie, c’est l’idolâtrie d’acheter, de louer, d’avoir une affection que je donne comme je veux, où je veux, sans la liberté de la réponse, c’est vrai ? C’est tout une caricature de l’amour ; et le second poste, c’est la cosmétologie qui l’occupe. Les cosmétiques. Dans l’ordre mondial, je ne me rappelle pas les chiffres mais ce sont des millions et des millions qui sont dépensés dans ces deux choses. Pendant que le Pape parle des enfants qui meurent de faim dans des continents en voie de développement, Afrique, Asie, Amérique. D’abord les animaux de compagnie et après s’il reste quelque chose nous le jetons aux gamins…et il (ndt: toujours le Pape), parle de la beauté de l’esprit, de la beauté du cœur qui n’a rien à voir avec la beauté artificielle du cosmétique. Nous déguisons, la beauté, quand nous n’avons pas la beauté de Dieu.

2.- Foi, Espérance et Charité

Partons de cela. Les vertus théologales sont pur cadeau, pur don, pure grâce, que l’on te donne dans le baptême et qui t’imprime l’âme avec ces trois vertus (ndr Foi, Espérance et Charité). Ou dit différemment, elles viennent avec l’ « inhabitation » (ndr mot catholique spécifique employée à la place de l’habitation pour demeure de la Trinité) à ton cœur, mais personne ne peut ni les acheter ni les obtenir par l’effort, c‘est un pur cadeau de Dieu.
Évidemment quand nous cheminons avec plus de suffisance ou plus de pélagien (ndr je comprends dans le sens de l’hérésie de Pélage du Vème siècle qui niait que le péché d’Adam se soit transmis à ses descendants), le cadeau passe en second lieu et alors la foi s’affaiblit, la charité s’affaiblit, l’espérance s’affaiblit. Alors le plus important c’est ce que je fais.
Et là je me rappelle un midrash d’un rabbin du XIIème siècle, plus ou moins de l’époque de Saint Thomas [d’Aquin], ou du XIIIème, [enfin] par là. Lui, en parlant de la tour de Babel, expliquait comme les hommes, dans ce but de progresser, commencèrent bien mais terminèrent mal, et où il y eut la faute.
Pour construire la tour ils devaient faire des briques, pour faire les briques ils devaient aller chercher la paille, faire la glaise, malaxer l’ensemble, le cuire, et alors la brique valait beaucoup, c’est le fruit d’un effort très grand. Alors lorqu’en montant une brique tombait et se cassait c’était une tragédie parce que l’on perdait beaucoup, beaucoup, de ce qu’on avait investi. Un homme tombait et il n’y avait pas de problème, on y suppléait avec un autre esclave.
Quand nous cherchons avec cette attitude de ce type, suffisante ou pélagienne (ndt: je pense en référence à l’hérésie du Ve siècle, de la non transmission de la faute originelle d’Adam, donc que nous que nous croyons libres de ne pas avoir besoin du baptême?) de construire nos références de foi, d’espérance et de charité, et de ne pas recevoir ce don qui nous est donné, nous en finissons pas déprécier l’image de Dieu qu’est l’homme créé à son image et ressemblance. C’est comme une ligne générale.

En ce qui concerne la primauté de la charité, évidemment la foi, une fois qu’on la contemple, elle disparaît, c’est pour cela qu’elle disparaît chez Saint Paul (ndr je comprends cette phrase par rapport à « Car je voudrais moi-même être anathème et séparé de Christ pour mes frères, mes parents selon la chair » Romains 9,3.) Et l’espérance c’est s’accrocher à cette ancre, une fois que l’on est arrivé à l’embouchure, on remonte l’ancre, et ça y est, on n’en a plus besoin. Au contraire la charité est la consumation entière de ce germe mis dans le Baptême et pour cela il demeure (ndt: je comprends l’importance de la grâce)

3.- L’Amérique latine, la grande réserve spirituelle de l’Église

Évidemment que nos peuples ont une grande réserve, une réserve culturelle et une réserve spirituelle. Une réserve que nous pouvons mettre dans quelques images qui sont une généralité de tous les peuples de l’Amérique Latine.
Les images de Notre Dame, La Mère, celle qui nous a amené le Christ. Celle qui nous donne la chaleur du foyer dans l’Église, figure de l’Église ; et le Christ Crucifié qui souvent est le Christ autour de la Croix, comme est le Seigneur de la Patience, après avoir été fouetté et couronné d’épines, ou le Seigneur gisant, mort, mais ce sont deux figures, vraiment de nos peuples, en outre, toutes les dévotions des saints. Mais la réserve est dans cette référence à ce que Dieu est venu en chair (ndr incarné) et a souffert pour nous, ce sont ces deux images. Il est venu en chair parce que le porte la Mère, qui est Mère de nous tous, et qu’il meurt pour nous pour nous donner la vie.
Cette référence est une réserve chez nos peuples qui les porte à aller de l’avant et qui donne lieu à ces vertus de la solidarité, l’aide, la compréhension et toutes ces choses.
Cela n’a pas été encore détruit, évidemment que toute cette culture qu’on propose, y compris que l’on propose dans les centres d’études aussi, et que l’on propose aussi comme conduite sociale, érode ou tend à l’éroder.
Mais je pense que cette piété populaire dans le sens profond du mot, comme la dénommait Paul VI dans Evangelii Nuntiandi ou Aparecida dans son document (ndr référence à la Conférence des évêques d’Amérique du Sud et des Caraïbes à Aparecida au Brésil), cette piété populaire a ses racines de foi très grandes, elles sont encore très grandes et je parie sur la foi de nos peuples car le Seigneur nous donnera la grâce à travers ces pratiques de piété et cette obéissance au Christ qui est mort pour nous, et cette vénération à la Mère, pour nous sauver de ce courant, de ce relativisme où tout est égal.

4.- Une question à tous les catholiques du monde

Je finis par une question:
Comment est-ce que tu pries? Oui, [mon] Père, je prie, je demande à Dieu, je remercie Dieu, Jésus, je demande de l’aide.
Rien de plus ? Seulement demander et remercier ?
Je t’interroge sur deux façons de prier: Loues-tu Dieu? Adresses- tu des louanges à Dieu parce qu’il est tellement grand, comme nous le faisons à la Messe, dans le Sanctus de la messe ? Mais cela, avec ton cœur tu le fais quand tu te mets en présence de Dieu ?
Je te pose une question : Est-ce que tu adores Dieu ? Est-ce que tu te fais petit en face de ce Dieu grand et est-ce que tu l’adores parce que c’est l’unique Dieu ? Pour fortifier ta foi que ta prière en plus d’être demanderesse, parce qu’il faut être très demandeur, eh !
Le catholique est très demandeur. En plus d’être demanderesse, et de remercier, que ta prière soit pleine de louanges et d’adorations à Dieu.

Si tu n’adores pas Dieu, tu as un substitut. Un quelconque. Je ne sais pas ce que cela sera…un animal de compagnie, un cosmétique, je ne sais pas.