Ouverts aux dons de l’Esprit Saint

Enseignement donné à la journée diocésaine du Renouveau, Le Mans, mars 2014. Télécharger en PDF Écouter en MP3 (55 mn)

Le septénaire traditionnel : les « 7 dons du Saint-Esprit » »La théologie médiévale des sept dons, bien qu’elle ne présente pas un caractère d’absolu dogmatique et ne prétende donc pas indiquer un nombre limitatif des dons ni des catégories spécifiques selon lesquelles ils peuvent être distribués, a eu et a encore une grande utilité, aussi bien pour la compréhension de la multiplicité des dons eux-mêmes dans le Christ et chez les saints, que comme commencement d’une bonne ordonnance de la vie chrétienne » (Jean-Paul II, audience générale du 3 avril 1991).
En étudiant d’un peu plus près chacun des dons sanctifiants, il nous faut donc être conscients qu’ils n’expriment pas de façon exclusive et totale toute la diversité de l’action de l’Esprit Saint. Mais en même temps, il faut accepter de découvrir les richesses de cette action telle que la tradition l’a saisie selon un ensemble de 7 perspectives.
Par ailleurs, pour qui a déjà abordé à l’exercice des charismes, il est intéressant de constater l’articulation de ces dons sanctifiants avec la plupart des charismes. C’est comme si l’Esprit Saint utilisait plus spécialement un don sanctifiant (tourné vers la sanctification de la personne) pour y greffer un don charismatique (tourné vers l’édification de la communauté).

Le Père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus, carme (+1967) fondateur de l’Institut Notre-Dame de Vie, et auteur d’ouvrages sur la vie spirituelle, nous aide à mieux comprendre comment Dieu agit : « Les dons du Saint-Esprit sont des capacités réceptives. Bien souvent, j’utilise un mot qui est presque irrespectueux mais qui traduit bien : ce sont des entonnoirs. Un entonnoir est capable de recevoir du liquide, mais l’entonnoir tout seul n’est qu’un entonnoir ! On peut dire aussi selon saint Jean de la Croix : c’est une antenne capable de recevoir une influence de Dieu, qui vient s’exercer en nous sur le plan psychologique et psychique. […] L’influence de Dieu intervient sur le plan psychique, sur la sensibilité et l’imagination pour donner des grâces de recueillement ; sur l’intelligence pour l’éclairer, lui donner des lumières et suppléer à l’obscurité de la foi ; sur la volonté aussi pour la fortifier et l’aider à faire des actes de charité. […] Les dons du Saint-Esprit étant des passivités, saint Thomas lui-même fait remarquer que le mot « don » est mal choisi. On dit : « j’ai les dons du Saint-Esprit, avec ça je puis marcher ». Vous pouvez marcher, comme vous pouvez boire quand vous avez un entonnoir, à condition qu’on verse quelque chose dedans. L’action de Dieu est complémentaire du don et nécessaire à son activité. Or cette action de Dieu est gratuite. On peut donc avoir des dons très développés sans que Dieu agisse ; on peut avoir des dons très peu développés et Dieu peut agir en trombe. La liberté de Dieu intervient dans l’utilisation des dons. […]Si Dieu n’avait pas voulu que nous marchions, il ne nous aurait pas donné de jambes. Il en est de même ici : s’il nous a donné des passivités, c’est qu’il veut les combler. Et d’ailleurs la vie pratique, l’expérience des âmes, montre que cette action de Dieu par les dons du Saint-Esprit est très fréquente. Pourquoi n’arrive-t-elle pas à être très habituelle ? Parce que, la plupart du temps, les gens n’y croient pas. Et puis, ils ne se disposent pas à cette action de Dieu, ils ne répondent pas, ils ne donnent pas à Dieu leur coopération. […] Quelles distinctions peut-on faire entre les dons ? Personnellement, il me semble qu’on exagère un peu et qu’on sépare trop les dons parce que, après tout, il n’y a qu’un don, c’est l’Esprit Saint. Il n’y a qu’une réceptivité, c’est la réceptivité de la charité. La charité est faite pour donner et pour recevoir. […] Il y a un fondement de réceptivité mystique chez tous les humains, même chez les païens. Mais évidemment la grâce baptismale greffe sur cela une réceptivité spéciale pour une influence de Dieu qu’on ne trouve pas, je pense, du moins habituellement chez les païens. […] Chez nous, en raison de ce don du Saint-Esprit qui est lié à notre organisme baptismal surnaturel, cette action de Dieu peut devenir ordinaire et habituelle.[…] L’action de Dieu est diversifiée. À un moment, elle ne produira que du recueillement, à d’autres moments, elle produira une lumière, à d’autres moments elle donnera une force. Mais chacune de ces influences de Dieu est cependant un aliment complet. […] Ces influences sont connexes, elles sont pour ainsi dire un bloc et elles apparaissent sous telle ou telle forme. […] Pour les dons du Saint-Esprit, je crois donc qu’il ne faut pas trop insister sur leur division ». (Dans l’intimité du Christ, retraite prêchée à N-D de Vie en 1964, cahier polycopié, pp.23-30).

Les dons sanctifiants (les « sept dons ») sont donc des facultés spirituelles qui nous rendent capables d’accueillir et de répondre rapidement à l’action du Saint-Esprit, à ses impulsions et à ses inspirations. Nous ne pouvons pas les rendre actifs par nous-mêmes. Nous devons attendre que le Saint-Esprit prenne l’initiative. Le plus que nous puissions faire est de demander au Saint-Esprit de les mettre en activité. Une fois en activité, les dons fonctionnent aussi longtemps que le Saint-Esprit continue à les soutenir par son intervention directe ou son appui. Ils cessent quand il retire son impulsion. Du commencement à la fin, l’action ou la manifestation d’un don est entièrement due à l’action et à la gracieuse initiative de l’Esprit.
Commençons donc par regarder l’action de l’Esprit Saint pour sanctifier le chrétien, exprimé à travers l’ensemble du septénaire. La crainte de Dieu : être à ma place de créature ; la piété : mieux vivre la communion ; la science : voir la réalité selon Dieu ; la force : être énergique dans les difficultés ; le conseil : avoir une direction pour agir ; l’intelligence : pénétrer la vérité divine ; la sagesse : goûter la présence de Dieu

1. La crainte de Dieu : être a ma place de créature
– Un amour de dieu exigeant « Tu as du prix à mes yeux, et moi je t’aime » (Is 43, 4)Lorsque nous parlons de « crainte », nous ne parlons pas de « peur ». Il est important de distinguer la crainte qui se traduit par l’adoration de Dieu, et la peur religieuse,, éprouvée devant des éléments ou des personnes hostiles.
La « crainte » de Dieu, loin de paralyser comme la peur, guérit du cancer de l’orgueil et de la suffisance. Je comprends, comme Catherine de Sienne, que Dieu me dit : « Je suis celui qui est, tu es celle qui n’est pas »; et que, de façon complémentaire, il me déclare aussi : « Tu as du prix à mes yeux, et moi je t’aime » (Is 43, 4). La « crainte », comme don de l’Esprit Saint, établit l’homme dans la perception de son propre néant, de son impuissance pour tout bien, de la grande sainteté de Dieu, du refus de tout ce qui l’offense. J’acquiers la conscience d’être suspendu à une Bonté gratuite que je suis toujours capable d’offenser, de renier.
– La crainte d’offenser la sainteté de Dieu »Soyez saints, car moi, Yahvé votre Dieu, je suis saint » (Lv 19, 2)L’Esprit Saint met en nous la crainte de pécher et de ternir la sainteté de Dieu ; il nous pousse à combattre l’orgueil pour trouver l’humilité ; il nous engage sur la voie de la conversion. Cette crainte n’étouffe pas l’amour ; loin de là, elle enlève les obstacles qui l’arrêteraient dans son développement. Tandis que la familiarité avec Dieu risque, trop souvent, de tenir la place de cette disposition fondamentale ; la crainte de Dieu est alors étouffée sous la complaisance pour soi-même.
– Une entrée dans le combat spirituel »Travaillez avec crainte et tremblement à accomplir votre salut » (Ph 2,12).La crainte tempère nos instincts, nos affections, nos pensées. Elle peut nous entraîner jusqu’aux résolutions hardies et fermes. Elle supprime, coupe et retranche tout ce qui peut devenir une occasion de fléchissement moral. L’Esprit Saint, par la crainte, nous fait entrer dans le combat spirituel de trois façons : par un vif sentiment de la sainteté infinie de Dieu, et un refus des moindres fautes qui l’offensent ; par la contrition des péchés commis, et le désir sincère de les réparer ; par le soin vigilant à éviter les occasions de péché. L’Esprit Saint dispose l’homme intérieur à se soumettre à la volonté de Dieu par ce désir ardent d’éviter le péché, par la garde du cœur pour maintenir la pureté d’intention, par la délicatesse de la conscience, par la confiance filiale, fruit de l’humilité.
– Être pauvre en esprit »Heureux les pauvres en esprit, le Royaume de Dieu est à eux » (Mt 5, 3).Quand Dieu fait sentir à un homme qu’il est devant lui « malheureux, pitoyable, pauvre, aveugle et nu » (Ap 3, 17), c’est qu’il le prépare, par le don de crainte, à l’accueil de son intimité : « J’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi » (Ap 3, 20). La « pauvreté spirituelle » est nécessaire comme condition libératrice du « moi », livrant la personne aux opérations transformantes de l’Esprit Saint.
Cette humilité, fruit de l’action de l’Esprit, est vraiment « l’humus » de toute vie spirituelle, la base sur laquelle Dieu va pouvoir construire. La crainte de Dieu « n’est autre que la force salvatrice de l’Évangile » (Jean-Paul II, Entrez dans l’espérance, Plon-Mame 1994, pp. 327-331).

2. La piété : mieux vivre la communion
– Une confiance filiale envers le Père »Vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier : Abba ! Père !’ (Rm 8, 15). « Je fais toujours ce qui lui plaît » (Jn 8, 29).L’Esprit Saint, par la piété, nous porte à témoigner à Dieu une affection toute filiale, en le considérant comme le meilleur des Pères.  » L’Esprit Saint oriente le cœur de l’homme vers Dieu par des sentiments, des pensées, des prières qui expriment la filiation à l’égard du Père » (Jean-Paul II). Thérèse de Lisieux a manifesté de façon lumineuse comment la piété était le cœur même de la sainteté : « Elle consiste dans une disposition du cœur qui nous rend petits et humbles entre les bras de Dieu, conscients de notre faiblesse et confiants jusqu’à l’audace en sa bonté de Père ».
Cet amour filial envers le Père s’étend à tout ce que le Père a réalisé en son Fils, en particulier à l’Église :  » L’Esprit Saint fait pénétrer et assimiler le mystère du ‘Dieu avec nous’, spécialement par l’union avec le Christ Verbe incarné, des relations filiales avec la Vierge Marie, la compagnie des anges et des saints dans le ciel, la communion avec l’Église » (Jean-Paul II).
Le cœur pieux accourt avec une affection filiale et fraternelle (faire plaisir à Dieu et au prochain) ; il écoute Dieu, il vit à l’intérieur (amour de la Bible, de la liturgie, du silence) ; mais aussi il se dévoue avec douceur, délicatesse, compassion (compréhension fraternelle des autres).
– Être proche des frères. « La multitude des croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme » (Ac 4, 32)La piété est répandue dans nos cœurs par le Saint-Esprit pour combattre l’égoïsme ; pour rendre notre cœur tendre et dévoué. Le Saint-Esprit nous libère ainsi de la dureté de cœur qui nous rend indifférents à nos frères. Il développe en nous la bienveillance, la compassion, le dévouement, la tendresse, envers tous les êtres. Tous les éléments forts qui d’habitude inspirent les démarches du monde : égoïsme, orgueil, intérêt, ambition, prestige… sont volatilisés par l’œuvre de piété du Saint-Esprit. Une douceur enjouée et fraternelle anime tous les rapports humains.
Le don de piété nous donne le sens de la paternité divine, il nous fait considérer les autres comme des frères, comme les enfants bien-aimés du même Père céleste. Dieu étant notre Père à tous, nous constituons ensemble une même famille. Quand l’Esprit Saint nous y fait entrer par le baptême, il nous donne le véritable esprit des enfants de Dieu, l’esprit de famille qui fait que nous n’avons avec eux tous « qu’un cœur et qu’une âme » (Ac 4, 32). Cette onction fraternelle et communautaire du Saint-Esprit infuse dans les cœurs un esprit de patience, de douceur, de pardon, de miséricorde…
– Charismes enracines dans le don de piété* La prière en langues par laquelle nous exprimons à Dieu notre amour, notre louange…* Le service des autres (Rm 12, 6-7), par lequel nous nous faisons proches de ceux qui sont dans le besoin.

3. La science : voir la réalité selon Dieu
– L’Esprit Saint nous fait participer au regard de Dieu sur ses œuvres. « Jadis vous étiez ténèbres ; mais à présent vous êtes lumière dans le Seigneur ; conduisez-vous en enfants de lumière » (Ep 5, 8).Par le don de science l’Esprit Saint nous donne le sens des créatures en nous apprenant à bien en user, à ne pas nous laisser dominer par elles, à les utiliser comme autant d’échelons pour aller à Dieu. Il donne une connaissance des choses créées dans leur rapport avec Dieu. Ce regard n’idéalise rien, ne dramatise pas ; il est réaliste. Au lieu de tout juger de façon humaine, j’acquiers un sens surnaturel des réalités et des situations.
Celui qui est ainsi éclairé « reporte son amour du temporel à l’éternel, du visible à l’invisible, du charnel au spirituel ; il s’applique avec soin à se dégager des biens temporels en refrénant et en affaiblissant la convoitise, pour s’attacher par la charité aux biens spirituels » (St Augustin).
– L’Esprit Saint m’aide à découvrir ce que je dois faire et ce que je dois éviter.  »Tous ces avantages dont j’étais pourvu, je les ai tenus pour un désavantage, à cause du Christ. […] Pour lui, j’ai accepté de tout perdre » (Ph 3, 7-9).La juste appréciation des choses créées que nous donne l’Esprit Saint par le don de science est très précieuse aussi pour la conduite morale. On peut ainsi saisir l’utilité ou la nocivité des choses qui nous entourent, car il y a quelquefois un abîme entre les vues humaines et la volonté de Dieu.
L’Esprit Saint m’éclaire sur ce que Dieu demande et ce qu’il réprouve, ce que je dois rechercher et ce que je dois fuir. Il me donne le discernement de ce qui est bon ou mauvais par rapport au plan de Dieu sur moi-même, du chemin qui mène à la vie et du chemin qui mène à la perdition.
– Ce don développe le discernement »Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6)Comme un expert peut affirmer d’un tableau qu’il est authentique ou que c’est un faux, l’Esprit Saint peut nous donner, par le don de science, d’affirmer, sans hésiter, que telle personne ou telle action reflète bien la gloire de Dieu tandis que d’autres l’obscurcissent. On découvre très facilement ce qui s’écarte de la foi. L’âme a le flair de la vérité, et rien ne peut l’ébranler.
– Charismes enracinés dans le don de science* La parole de connaissance par laquelle Dieu révèle ce qu’il accomplit dans la vie d’une personne…* Le discernement (charismatique) des esprits : la lumière immédiate sur l’origine d’une réalité spirituelle.* La prophétie, parole du Seigneur, dans une situation déterminée, pour édifier, exhorter, enseigner, consoler, mais aussi pour enflammer et embraser.* L’interprétation d’un message en langues, équivalent à une prophétie.* Les images intérieures : l’Esprit Saint nous fait saisir la vérité des choses, des situations, ou des personnes, à travers des images et des symboles.

4. La force : être énergique dans les difficultés
– Une force surnaturelle.  »Ma grâce te suffit : car la puissance se déploie dans la faiblesse » (2 Co 12, 9).Laissé à lui-même, l’homme est tantôt porté à la faiblesse et à l’abattement, tantôt poussé par une ardeur naturelle qui a sa source dans le tempérament ou dans la vanité. La force surnaturelle de l’Esprit Saint supplée à la faiblesse de la nature, en même temps qu’elle en corrige la fougue. Il modère en nous la peur, et tempère la confiance que nous serions portés à mettre en nous-mêmes.
– Pour vivre toute épreuve. « Je peux tout en celui qui me fortifie » (Ph 4, 13) Deux tendances caractérisent l’action de l’Esprit Saint par le don de force : l’attaque et la défense. Il permet aussi bien de développer l’esprit d’entreprise et d’endurance, comme l’esprit de sacrifice qui ne fléchit pas. Cette force de Dieu permet de vivre « l’héroïsme de petitesse » (fidélité aux plus humbles tâches de la vie quotidienne) comme « l’héroïsme de grandeur » (les appels exceptionnels). »Mon Père, s’il est possible que cette coupe passe loin de moi !Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux ! » (Mt 26, 39).
 » L’Esprit Saint soutient la volonté et la rend empressée, efficace et persévérante pour affronter les difficultés et les souffrances, comme cela se produit surtout dans le martyre : le martyre du sang, mais aussi celui du cœur et celui de la maladie, de la faiblesse ou de l’infirmité » (Jean-Paul II). Par cette force surnaturelle, on entreprend courageusement ce qui coûte, on surmonte avec sérénité les difficultés, les tentations et les épreuves les plus dures. On entre sans détours dans le combat spirituel, en acceptant de mettre en œuvre les renoncements qui s’imposent.
– Pour témoigner avec assurance »Paul se rendit à la synagogue, et pendant trois mois, y parla avec assurance. Il entretenait ses auditeurs du Royaume de Dieu et cherchait à les persuader » (Ac 19,8). L’Esprit Saint communique à l’homme une véritable puissance intérieure, celle du témoignage libre et authentique, rempli de « l’assurance » que donne l’Esprit Saint.
Il est bien impossible d’énumérer tout ce à quoi l’Esprit Saint nous dispose par le don de force ; en voici quelques exemples à compléter : le désir de tenir dans le bien envers et contre tout ; la régularité dans la vie spirituelle ; le courage pour supporter les épreuves jusqu’à l’héroïsme ; le zèle généreux et désintéressé au service des autres ; l’effort patient pour ressembler au Christ Jésus…
– Charismes enracines dans le don de forceDans le Nouveau Testament, l’assurance du témoignage évangélisateur est liée à la manifestation des signes de puissance. C’est pourquoi on peut dire que* Les dons de guérison,* La puissance d’opérer des miracles,*Ainsi que le charisme de foi qui propulse la communauté dans la volonté et le plan de Dieu (précisément quand il paraît vraiment impossible à réaliser),s’enracinent dans le don de force.

5. Le conseil : avoir une direction pour agir
– L’Esprit saint m’inspire le choix des moyens et le chemin à suivre.  »Tout ce que vous aurez à dire vous sera donné sur le moment, car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous » (Mt 10, 19-20).Là où la prudence demeurerait hésitante, l’Esprit Saint agit sur notre intelligence pour nous éclairer sur ce que nous devons faire ou éviter, sur ce que nous devons dire ou taire, sur ce que nous pouvons conserver et ce à quoi nous devons renoncer, sur ce qu’il faut entreprendre ou abandonner. Il intervient pour m’assurer de la bonne voie, du bon choix à faire ; il m’évite ainsi de me perdre dans le dédale des discussions interminables, et de commettre certaines erreurs.
– L’Esprit saint nous préserve du danger de nous gouverner nous-mêmes.  »Mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes voies ne sont pas vos voies » (Is 55, 8).Il nous préserve des pièges et des illusions dans lesquels nous risquons de tomber en nous gouvernant par nous-mêmes. Sous l’impulsion du don de conseil, nous acceptons volontiers les directives de Dieu (qui peuvent venir en consultant les autres, puis en acceptant d’accomplir ce qui aura été décidé). Cette fidélité à la voix de Dieu est beaucoup plus importante qu’une fidélité à soi-même et à ses projets.
Par notre fidélité à ses inspirations, l’Esprit Saint peut ainsi guider notre agir, être le maître intérieur qui harmonise les différents actes de notre vie, pour que nous nous identifiions de plus en plus à la volonté de Dieu. Sous son impulsion, nous apprenons à agir avec esprit de foi, sans lâcheté ni caprice, sans précipitation ni présomption.
– Quelle différence entre la vertu de prudence et le don de conseil ?La prudence, c’est la raison appliquée à l’agir humain. Cette vertu s’exerce au plan des moyens. Elle comporte le jugement sur une situation concrète, mais son acte principal demeure la mise en action des réalisations pratiques. Cette vertu ne consiste pas à peser indéfiniment le pour et le contre, mais, lorsque la conscience est suffisamment éclairée, à passer résolument à l’action.
Lorsque l’on est éclairé par l’Esprit Saint dans le don de conseil, on ne se dirige plus par sa propre raison, mais on est dirigé et comme entraîné par son inspiration divine. Cette inspiration n’est pas toujours conforme aux règles ordinaires de la prudence, car, faut-il le rappeler, l’Esprit Saint est au-dessus de toute règle. Cependant, il fait avancer en sécurité, à travers les obscurités de la foi.- Charismes enracinés dans le don de conseil* La parole de sagesse : solutions et lumières apportées à la communauté chrétienne.* La parole de connaissance et les images intérieures quand elles relèvent moins de la prophétie que du discernement.

6. L’intelligence : pénétrer la vérité divine

L’Esprit Saint illumine l’esprit sur le sens profond des mystères de la foi, en les lui faisant pénétrer par manière d’intuition ; il nous en montre la beauté et l’harmonie, un peu comme la lumière du soleil levant nous permet d’admirer toutes les merveilles de la nature, que dérobent à nos yeux les ombres de la nuit…

– Nous comprenons l’Écriture »Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Écritures ? » (Lc 24, 32).Ce don d’intelligence est « comme une finesse particulière donnée par l’Esprit pour comprendre la Parole de Dieu dans sa profondeur et sa hauteur » (Jean-Paul II). Un texte d’Évangile, que nous aurons lu cent fois, nous apparaîtra soudain sous un jour tout à fait nouveau. C’est l’œuvre du don d’intelligence ; il scrute à fond, il dépasse la connaissance de la foi chercheuse, qui croit fermement, mais s’arrête à la superficie, rebutée par la grandeur des choses. C’est toujours la foi, mais illuminée maintenant par l’intelligence de l’Esprit Saint.

– Une foi solide parce qu’éclairée »Par la foi, Moïse quitta l’Égypte sans craindre la fureur du roi : comme s’il voyait l’Invisible, il tint ferme » (He 11, 27).La foi est donnée comme à deux degrés suivant qu’elle s’exerce ou non sous l’influence du don d’intelligence. Ce qui est accru d’un degré à l’autre, ce n’est pas l’adhésion proprement dite, mais c’est la pénétration d’esprit dans la Révélation au moyen d’une plus forte illumination. Ce don délivre l’esprit des fluctuations qui accompagnent la foi toute seule, et il procure à notre âme une certitude particulière et un certain repos dans les mystères de la foi.
– Charismes enracinés dans le don d’intelligence* L’enseignement (Rm 12, 7), qui donne naissance au ministère de « docteur ».* L’exhortation (Rm 12,8), qui est une forme de commentaire de la Parole inspiré par l’Esprit.* Prophétie, interprétation des langues, images intérieures peuvent s’enraciner dans le don d’intelligence.

7. La sagesse : goûter la présence de Dieu
– Savourer « Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur » (Ps 33, 9).L’Esprit Saint nous fait goûter (sagesse vient du latin sapere = goûter), savourer le plan de Dieu qui se manifeste dans le Christ. C’est une sorte d’expérience des choses divines par voie d’amour ; dans le plus intime de son cœur, on goûte Dieu. L’Esprit Saint nous fait reconnaître et goûter la présence aimante, amoureuse, du Créateur dans la moindre de ses créatures. Il nous procure une lumière qui éclaire notre intelligence pour ramener toutes choses à Dieu comme à leur fin.
– Adoration « O abîme de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu » (Rm 11, 33).Par le don de sagesse, l’Esprit Saint nous fait réaliser la parfaite compréhension de tous les mystères de Dieu et de l’univers ; nous participons au maximum à l’ampleur, à la profondeur et à l’unité du regard de Dieu. C’est le don contemplatif par excellence ; il donne une certitude mystique et affective fondée sur le goût de Dieu. L’Esprit Saint y mène à une adoration profonde de Dieu. On savoure, en l’expérimentant, la grandeur divine et on s’y abandonne en pleine sérénité, dans la paix. C’est Dieu qui dirige tout dans un ordre parfait.
– Abandon »Que ta volonté soit faite » (Mt 6, 10). « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux savants, et de l’avoir révélé aux tout-petits » (Lc 10, 21).L’Esprit Saint donne de demeurer toujours calme et paisible, avec la certitude que Dieu ne change pas, qu’il fait tout parfaitement, et qu’il ne permet le mal que pour un plus grand bien, pour celui qui veut profiter de sa grâce.
La sagesse fait goûter Dieu en toutes ses œuvres, toutes les dispositions de sa providence. L’Esprit Saint nous donne d’habiter les croix de notre quotidien, parce qu’on y découvre comment suivre Jésus. Il nous montre que la vérité de Dieu se révèle aux petits, tandis que les hommes sûrs de leur expérience et de leur savoir (la sagesse humaine) ne peuvent la recevoir.

PRIÈRES À L’ESPRIT SAINT
O très saint et très adorable Esprit, faites-moi entendre votre douce et aimable voix. Je veux être devant Vous comme une plume légère, afin que votre souffle m’emporte où il veut et que je ne lui oppose jamais la moindre résistance.Vénérable François-Marie Libermann (1804-1852)
O Esprit Saint, Amour du Père et du Fils, inspirez-moi toujoursCe que je dois penser, ce que je dois dire, comment je dois le dire,Ce que dois écrire, comment je dois agir, ce que je dois fairePour procurer votre gloire, le bien des âmes, et ma propre sanctification. O Jésus toute ma confiance est en vous.Cardinal Verdier (archev. de Paris, + 1940)

Fais-moi la grâce, ô Esprit-Saint, Esprit du Père et du Fils, de te dire toujours et partout :’’Parle Seigneur, ton serviteur écoute !’’Esprit de sagesse, préside à toutes mes pensées, paroles et actions, depuis l’heure présente jusqu’à celle de ma mort.Esprit d’intelligence, éclaire-moi, enseigne-moi.Esprit de conseil, dirige mon inexpérience.Esprit de force, fortifie ma faiblesse.Esprit de science, dissipe mon ignorance.Esprit de piété, fais-moi persévérer dans la bonne voie.Esprit de crainte, délivre-moi de tout mal.Esprit de paix, donnez-moi ta paix.Divin Esprit, rends-moi fidèle dans le service de Dieu,donne-moi la force d’agir, dans toutes les occasions,avec bonté et bienveillance, douceur et fidélité, patienceet charité, joie et longanimité. Amen   Acte de consécration à l’Esprit Saint

Esprit Saint, âme de mon âme, je vous adore,éclairez-moi, guidez-moi, fortifiez-moi, consolez-moi,dites-moi ce que je dois faire, donnez-moi vos ordres.Je vous promets de me soumettre à tout ce que vous désirez de moiet d’accepter tout ce que vous permettrez qui m’arrive,faites-moi seulement connaître votre volonté.Cardinal Mercier (archev. de Malines-Bruxelles, + 1926)

> Si vous avez des enfants, des petits enfants, des enfants dans un groupe de catéchisme, un « JEU DES 7 DONS DU SAINT-ESPRIT » réalisé sur le modèle des jeux des 7 familles est disponible au téléchargement sur le site www.paroissesaintaubin.fr copyright Dominique Auzenet mars 2014