Inhumation dans la terre ou crémation dans le feu, que choisir ?


cremationSur le site du diocèse d’Aix-en-Provence et Arles, une réflexion de son évêque Mgr Dufourcimetiere

À l’occasion de la Toussaint, le temps est favorable pour réfléchir à cette question qui nous concerne tous. Tandis que 35 millions de français vont ces jours-ci honorer leurs morts sur les tombes des cimetières, la progression de la pratique de la crémation vient bousculer la tradition. Qu’en sera-t-il demain ?

Si, depuis 1963, l’Eglise catholique n’interdit plus la crémation, elle donne toujours sa préférence à la pratique traditionnelle de l’inhumation précédée de la célébration à l’église en présence du corps. Pourquoi ? Parce que les chrétiens ont une haute estime et un grand respect du corps, et croient en la résurrection. Le chrétien ne dit pas « j’ai un corps », mais « je suis mon corps ». Le corps n’est pas un objet, il fait partie intégrante de la personne humaine et, à ce titre, mérite un infini respect. Au baptême, le corps est marqué par l’onction de l’huile sainte qui le consacre dans l’Esprit saint. Par la résurrection, le corps sera transformé en un corps spirituel, gardant son visage unique et personnel, vivant de la vie même de Dieu, dans la lumière de l’Eternel Amour et la communion des saints. Au cours de la célébration à l’église, le défunt sera remis à Dieu, corps, esprit et âme, tel qu’il fut au cours de son existence terrestre. Jésus-Christ nous enseigne que Dieu fait de tout être humain sa demeure. Le corps est temple de l’Esprit saint.

Que dire aujourd’hui de la crémation ? Nous respectons les familles qui la choisissent pour leurs défunts, et nous les rejoindrons toujours, à leur demande, pour une prière chrétienne au crématorium. Pourtant, telle qu’elle est pratiquée en France, la crémation nous interroge. Elle réduit le corps à une sorte de néant puisqu’il ne restera dans les cendres aucune trace de l’ADN de la personne. Elle est brutale, contrairement aux traditions religieuses d’Extrême Orient qui l’accompagnent de rites sur plusieurs semaines – rappelons que ces traditions n’attachent pas au corps l’importance que lui donne le christianisme.

Par respect du corps appelé à revivre dans l’éternité, nous choisissons l’inhumation de nos défunts« Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons, ceux qui se sont endormis, Dieu, à cause de Jésus, les emmènera avec son Fils… Retenez ce que je viens de dire, et réconfortez-vous les uns les autres » (I Th 4,14-18). Je vous souhaite une bonne fête de Toussaint, dans la communion des saints de la terre et du ciel.

+ Christophe DUFOUR

Archevêque d’Aix et Arles