Je suis avec vous

Pape François, 26 avril 2017

Jusqu’à quand durera le souci de Dieu pour l’homme ? Jusqu’à quand le Seigneur Jésus, qui marche avec nous, jusqu’à quand aura-t-il soin de nous ? La réponse de l’Évangile ne laisse aucun doute : jusqu’à la fin du monde ! Les cieux passeront, la terre passera, les espérances humaines seront effacées, mais la Parole de Dieu est plus grande que tout et ne passera pas. Et il sera le Dieu avec nous, le Dieu Jésus qui marche avec nous. Il n’y aura pas un jour de notre vie où nous cesserons d’être une préoccupation pour le cœur de Dieu. Mais on pourrait dire : « Mais qu’êtes-vous en train de dire ? » Je dis ceci : il n’y aura pas un jour de notre vie où nous cesserons d’être une préoccupation pour le cœur de Dieu. Il se préoccupe de nous et il marche avec nous. Et pourquoi le fait-il ? Simplement parce qu’il nous aime. C’est compris ? Il nous aime ! Et Dieu pourvoira certainement à tous nos besoins, il ne nous abandonnera pas au temps de l’épreuve et de l’obscurité. Cette certitude demande à être inscrite dans notre cœur pour ne jamais s’éteindre. On lui donne le nom de ‘Providence’. C’est-à-dire la proximité de Dieu, l’amour de Dieu, Dieu qui marche avec nous s’appelle aussi la ‘Providence de Dieu’. Il pourvoit à notre vie.

Parmi les symboles chrétiens de l’espérance, ce n’est pas le hasard s’il y en a un qui me plait beaucoup : l’ancre. Elle exprime le fait que notre espérance n’est pas vague ; il ne faut pas la confondre avec le sentiment changeant de celui qui veut améliorer les choses de ce monde de manière velléitaire, en s’appuyant uniquement sur la force de sa volonté. En effet, l’espérance chrétienne trouve sa racine non pas dans l’attraction de l’avenir, mais dans l’assurance de ce que Dieu nous a promis et a réalisé en Jésus-Christ. S’il nous a garanti qu’il ne nous abandonnera jamais, si le début de toute vocation est un « Suis-moi ! », par lequel il nous assure de rester toujours devant nous, alors pourquoi craindre ? Avec cette promesse, les chrétiens peuvent aller partout. Même si nous traversons des portions du monde blessé, où les choses ne vont pas bien, nous faisons partie de ceux qui, là aussi, continuent d’espérer. Le psaume dit : « Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi » (Ps 23,4). C’est précisément là où l’obscurité se propage qu’il faut garder une lampe allumée. Revenons à l’ancre. Notre foi est l’ancre dans le ciel. Nous avons notre vie ancrée dans le ciel. Que devons-nous faire ? Nous agripper à la corde : elle est toujours là. Et nous avançons parce que nous sommes sûrs que notre vie a comme une ancre dans le ciel, sur la rive que nous atteindrons.

Certes, si nous ne comptions que sur nos forces, nous aurions raison de nous sentir déçus et vaincus parce que le monde se montre souvent réfractaire aux lois de l’amour. Il préfère souvent les lois de l’égoïsme. Mais si survit en nous la certitude que Dieu ne nous abandonne pas, que Dieu nous aime tendrement, nous et ce monde, alors la perspective change tout de suite. « Homo viator, spe erectus » disaient les anciens. Le long du chemin, la promesse de Jésus « Je suis avec vous » nous garde debout, droits, dans l’espérance, confiant que le Dieu bon est déjà au travail pour réaliser ce qui paraît humainement impossible, parce que l’ancre est sur la plage du ciel.

Le saint peuple fidèle de Dieu, ce sont personnes qui se tiennent debout – « homo viator » – et qui marchent mais debout, « erectus », et qui marchent dans l’espérance. Et partout où elles vont, elles savent que l’amour de Dieu les a précédées : il n’y a pas de lieu dans le monde qui échappe à la victoire du Christ ressuscité. Et quelle est la victoire du Christ ressuscité ? La victoire de l’amour. Merci.

© Traduction de Zenit, Constance Roques