L’esprit vint en moi et me fit tenir debout

Écouter l’homélie du dimanche 8 juillet, 14° dans l’année B, à la paroisse saint Aubin (72).

Paroles du pape François avant l’angélus

Chers frères et sœurs, bonjour!

La page de l’Évangile d’aujourd’hui (Mc 6, 1-6) présente Jésus qui retourne à Nazareth et le jour du sabbat il commence à enseigner à la synagogue. Depuis qu’il était parti et qu’il avait commencé à prêcher pour les bourgs et les villages voisins, il n’avait plus remis les pieds dans sa patrie. Par conséquent, il y aura eu tout le village à écouter ce fils du peuple, dont la réputation de maître sage et de puissant guérisseur s’étendait maintenant à la Galilée et au-delà. Mais ce qui pouvait se profiler comme un succès, s’est changé en rejet retentissant, au point que Jésus ne pouvait plus y opérer aucun prodige, mais seulement quelques guérisons (cf. v. 5). La dynamique de cette journée est reconstruite en détail par l’évangéliste Marc: les gens de Nazareth écoutent d’abord et restent émerveillés; puis ils se demandent, perplexes: « d’où ces choses lui viennent-elles », cette sagesse? et à la fin elle se scandale, reconnaissant en lui le charpentier, le fils de Marie, qu’ils ont vu grandir (vv. 2-3). Par conséquent, Jésus conclut avec l’expression devenue proverbiale: « Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie » (v.4).

Nous nous demandons: comment les concitoyens de Jésus passent-ils de l’émerveillement à l’incrédulité? Ils comparent l’humble origine de Jésus et ses capacités actuelles: c’est un charpentier, il n’a pas fait d’études, mais il prêche mieux que les scribes et fait des miracles. Et au lieu de s’ouvrir à la réalité, ils se  scandalisent. Pour les habitants de Nazareth, Dieu est trop grand pour s’abaisser à parler à travers un homme si simple! C’est le scandale de l’incarnation: l’événement déconcertant d’un Dieu fait chair, qui pense avec un esprit d’homme, travaille et agit avec des mains d’homme, aime avec un cœur d’homme, un Dieu qui se fatigue, mange et dort comme l’un de nous. Le Fils de Dieu renverse tout plan humain: ce ne sont pas les disciples qui ont lavé les pieds du Seigneur, mais le Seigneur qui a lavé ses pieds disciples (Jn 13, 1-20). C’est un objet de scandale et d’incrédulité, pas seulement à cette époque, à toute époque, aujourd’hui aussi.

Le renversement opéré par Jésus engage ses disciples d’hier et d’aujourd’hui à une vérification personnelle et communautaire. En fait, même aujourd’hui, il peut arriver que nous nourrissions des préjugés qui empêchent de saisir la réalité. Mais le Seigneur nous invite aujourd’hui à adopter une attitude d’écoute humble et d’attente docile, car la grâce de Dieu se présente souvent à nous d’une façon surprenante, qui ne correspond pas à nos attentes. Pensons ensemble à Mère Teresa de Calcutta, par exemple. Une petite religieuse – on n’aurait pas donné 10 lires pour elle -, elle parcourait les rues pour prendre les moribonds, pour qu’ils aient une mort digne. Par la prière et son œuvre, cette petite religieuse a fait des merveilles! La petitesse d’une femme a révolutionné l’action caritative de l’Eglise. C’est un exemple de notre époque. Dieu ne se conforme pas aux préjugés.

Nous devons nous efforcer d’ouvrir nos cœurs et nos esprits, d’accueillir la réalité divine qui vient à notre rencontre. Il s’agit d’avoir la foi: le manque de foi est un obstacle à la grâce de Dieu. Beaucoup de baptisés vivent comme si le Christ n’existait pas: on répète les gestes et les signes de la foi, mais sans que leur corresponde une adhésion réelle à la personne de Jésus et à son Evangile. Au contraire, tout chrétien est appelé à approfondir cette appartenance fondamentale, en essayant d’en témoigner par une attitude de vie cohérente, dont le fil conducteur sera toujours la charité.

Demandons au Seigneur, par l’intercession de la Vierge Marie, de faire fondre la dureté des coeurs et l’étroitesse des esprits, pour que nous soyons ouverts à sa grâce, à sa vérité et à sa mission de bonté et de miséricorde, en direction de tous, sans exclusion.

© Traduction de ZENIT, Anita Bourdin