Risques et dérives de la vie religieuse

Un très beau livre sort très prochainement (5 mars 2020); j’avais eu l’occasion d’en lire une première mouture. Il s’agit de Risques et dérives de la vie religieuse, de Dom Dysmas de Lassus, Prieur du monastère de la Grande Chartreuse, aux Éd du Cerf.

Sur le site de La Vie : Abus dans l’Église : Le prieur des Chartreux sort de son silence. Interview Sophie Lebrun.

Pourquoi prenez-vous aujourd’hui la parole ?

Je n’ai pas décidé de parler ni d’écrire sur les abus dans la vie religieuse : cela s’est imposé à moi. Après être devenu prieur de la Grande Chartreuse en 2014, j’ai entretenu un échange épistolaire qui m’a mené à rencontrer une femme en détresse ; j’ai été touché par son témoignage. J’en ai lu d’autres, et de nouvelles victimes m’ont sollicité pour des entretiens. Dans notre règle, il est spécifié que nous ne faisons pas de direction spirituelle : ce n’est pas ce que j’ai fait, mais j’ai pu être une personne à l’écoute pour celles – principalement des religieuses ou anciennes sœurs – qui n’avaient pas trouvé d’oreille attentive. Devant la cohérence entre les récits d’abus dans des communautés très différentes, j’ai progressivement pris conscience que nous étions face à un problème considérable.

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Sur le site de Famille Chrétienne : Entretien exclusif avec un chartreux sur les abus spirituels. Interview Samuel Pruvot et Hugues Lefèvre.

Pourquoi avoir travaillé durant quatre années sur le drame des abus spirituel ?

Avant tout, je peux dire franchement que j’ai trouvé dans la vie religieuse plus de bonheur que je n’aurais pu en rêver. Et ce n’est pas fini ! Je ne dis pas pour autant que c’est facile. Des accidents, il y en a toujours, mais ce n’est pas en fermant les yeux qu’on va les éviter. Prenons l’exemple de l’avion. Les accidents d’avion frappent par leur ampleur. Pourtant, c’est le moyen de transport le plus sécurisé. Cette sécurité, l’avion l’a conquise à force de persévérance. Chaque accident grave a donné lieu à une enquête approfondie afin de trouver la cause exacte du drame pour éviter qu’il ne se reproduise.

Enquêter pour guérir, c’est donc l’objet de votre travail…

Ce qui a motivé mon enquête, c’est la rencontre avec plusieurs personnes abîmées par des abus spirituels. C’est quand même dramatique d’entendre des religieuses qui avaient embrassé cette vie avec générosité et qui sont devenues incapables de prier ! Chaque cas est unique, mais j’ai été étonné de constater la cohérence de tous ces témoignages entre eux. Par ailleurs, je crois qu’on ne peut plus taire ces situations ! Pour les fidèles, le fait d’avoir caché des abus est peut-être un scandale plus grand encore que les abus eux-mêmes. L’attitude de l’Église visant à écouter les victimes et à les mettre au centre est quelque chose de nouveau.

Je crois qu’on ne peut plus taire ces situations ! Dom Dysmas

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