L’enquête sur le P. Finet critiquée

Lyon, France | AFP | mercredi 10/06/2020 – 19:55 UTC+2 | 461 words

Un mois après la mise en cause du père Finet, co-fondateur des Foyers de Charité accusé de comportements abusifs 30 ans après sa mort, des voix dénoncent un procès inéquitable.

« Cette enquête est illicite et non fondée malgré les apparences. Les faits ne sont pas avérés », affirme un collectif d’anciennes élèves dans un communiqué. « Le rapport de la Commission n’est pas recevable du point de vue du droit, tant civil que canonique. »

Le 7 mai, les Foyers de Charité, œuvre catholique qui propose des retraites spirituelles das le monde entier, ont publié les conclusions d’un rapport interne accusant le père Finet d’agissements « gravement déviants », sur la base de 26 témoignages émanant, pour la plupart, d’anciennes pensionnaires du Foyer de Châteauneuf-de-Galaure (Drôme).

Âgées de 10 à 14 ans au moment des faits, quatorze de ces femmes ont évoqué un « toucher du corps » et vingt ont fait état de « questions intrusives à caractère sexuel » durant des séances de confession, selon la synthèse du rapport. 

Au total, 143 témoignages, couvrant une période allant de 1945 à 1983, ont été recueillis par une « commission de recherches pluridisciplinaires » sur l’abbé Georges Finet (1898-1990), mise sur pied après un premier signalement. Celle-ci a retenu les termes de « déni et reconnaissance » pour caractériser « la majorité » de ces témoignages, favorables au religieux.

Nombre d’anciennes élèves – le collectif en revendique une centaine – n’en reviennent toujours pas. Comme Anne, qui a côtoyé le père Finet entre 1962 et 1972 dans la Drôme et a répondu par mail à la commission.

« C’était quelqu’un de très familier mais sans équivoque, il n’était pas du tout ambigu, j’ai croisé d’autres prêtres qui l’étaient », a-t-elle dit mercredi à l’AFP.

« En confession, il nous interrogeait sur le péché de chair, c’est vrai, mais ça n’avait rien d’intrusif. D’autres que moi ont pu l’interpréter différemment mais il faudrait savoir exactement ce qui s’est dit. »

« On est beaucoup à avoir témoigné sans savoir comment cela a été utilisé. Quand j’ai lu le rapport, je me suis dit que malgré moi, je faisais peut-être partie des victimes », complète Marie Laurence, membre du collectif.

« On ne remet pas en cause la sincérité des témoignages, on n’est pas là pour innocenter le père Finet mais on voudrait un vrai travail d’enquête, fiable, contradictoire. On ne condamne pas quelqu’un comme ça, même mort. »

L’affaire fait aussi des remous au sein des Foyers de Charité, co-fondés en 1936 par le père Finet et la mystique Marthe Robin, dont la mission principale est de contribuer à la « nouvelle évangélisation ».

« La méthodologie et les conclusions de la Commission concernant le père Finet sont complètement offensantes pour mon sens moral de la justice », a écrit le père Kilian Byrne, prédicateur des Foyers en Irlande, dans un courrier diffusé en interne qui dénonce « une terrible injustice ».

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