Ce texte d’Évangile est extrait des consignes données par Jésus à ses disciples envoyés en mission, et affrontés à la persécution. Il attend d’eux un amour sans faille : Jésus premier servi, au-delà de tout autre attachement. Et les appelle à avoir eux-mêmes une conscience claire de ce qu’ils sont : des envoyés qui le représentent. C’est tellement facile de tout niveler, de vouloir être comme tout le monde. Non. Un prophète est un prophète. Un homme juste est un homme juste. Un disciple de Jésus est un disciple. Tout geste de générosité envers lui, ne serait-ce qu’un verre d’eau fraîche, est reçu par Jésus lui-même…
Paroles du pape François avant l’angélus
Chers frères et sœurs, bonjour!
En ce dimanche, l’Évangile (cf. Mt 10, 37-42) fait résonner avec force l’invitation à vivre dans plénitude et sans hésitation notre adhésion au Seigneur. Jésus demande à ses disciples de prendre au sérieux les exigences évangéliques, même lorsque cela nécessite sacrifice et effort.
La première demande exigeante qu’il adresse à qui le suit est de
placer l’amour envers lui au-dessus des affections familiales. Il dit:
«Qui aime son père ou sa mère, […] son fils ou sa fille plus que moi
n’est pas digne de moi » (v. 37). Jésus n’entend certainement
sous-estimer l’amour des parents et des enfants, mais il sait que les
liens de parenté, s’ils sont placés à la première place, peuvent
s’écarter du vrai bien. Nous le voyons: certaines corruptions dans les
gouvernements viennent précisément parce que l’amour de la parenté est
plus grand que l’amour de la patrie, et ils donnent des charges à des
parents. C’est la même chose avec Jésus: quand l’amour [pour les membres
de la famille] est plus grand que [celui pour] Lui, cela ne va pas.
Nous pourrions tous apporter de nombreux exemples à cet égard. Sans
parler de ces situations où les affections familiales se mêlent à des
choix opposés à l’Évangile. Quand, au contraire, l’amour des parents et
des enfants est animé et purifié par l’amour du Seigneur, il devient
alors pleinement fécond et il produit des fruits de bien dans la famille
elle-même et bien au-delà. C’est dans ce sens que Jésus dit cette
phrase. Rappelons-nous aussi comment Jésus reproche aux docteurs de la
loi de faire manquer le nécessaire à leurs parents sous prétexte de le
donner à l’autel, de le donner à l’Église (cf. Mc 7,8-13). Il
leur fait des reproches! Le véritable amour pour Jésus nécessite un
amour véritable pour les parents, pour les enfants, mais si nous
cherchons l’intérêt familial d’abord, cela mène toujours sur une voie
erronée.
Puis, Jésus dit à ses disciples: « Celui qui ne prend pas sa croix pour me suivre n’est pas digne de moi » (v. 38). Il s’agit de le suivre sur le chemin qu’il a lui-même suivi, sans chercher de raccourcis. Il n’y a pas de véritable amour sans croix, c’est-à-dire sans prix à payer en personne. Et tant de mamans le disent, tant de papas qui se sacrifient tellement pour leurs enfants et supportent de vrais sacrifices, des croix, parce qu’ils aiment. Et portée avec Jésus, la croix n’est pas effrayante, car Il est toujours à nos côtés pour nous soutenir à l’heure de l’épreuve la plus dure, pour nous donner force et courage. Et c’est inutile de s’agiter pour préserver notre vie, dans une attitude craintive et égoïste. Jésus avertit: « Quiconque aura gardé sa vie pour lui la perdra, et quiconque aura perdu sa vie à cause de moi – c’est-à-dire par amour, par amour de Jésus, par amour du prochain, pour le service des autres – la trouvera » (v. 39). C’est le paradoxe de l’Évangile. Mais Dieu merci nous en avons aussi de nombreux exemples! Nous le voyons ces jours-ci. Combien de personnes, combien de personnes portent des croix pour aider les autres! On se sacrifie pour aider les autres dans le besoin dans cette pandémie. Mais, toujours avec Jésus, on peut le faire. La plénitude de la vie et de la joie se trouve en se donnant soi-même pour l’Évangile et pour nos frères et sœurs, avec ouverture, accueil et bienveillance.
En agissant ainsi, nous pouvons faire l’expérience de la générosité et de la gratitude de Dieu. Jésus nous le rappelle: « Celui qui vous accueille m’accueille, […]. Celui qui aura donné à boire à l’un de ces petits même un seul verre d’eau fraîche […] ne perdra pas sa récompense » (vv. 40; 42). La gratitude généreuse de Dieu le Père tient compte du moindre geste d’amour et de service rendu à ses frères. Ces jours-ci, j’ai entendu un prêtre qui s’est ému parce qu’un enfant s’est approché de lui dans sa paroisse pour lui dire: « Père, voici mes économies, pas grand chose, c’est pour vos pauvres, pour ceux qui aujourd’hui en ont besoin du fait de la pandémie ». Petite chose, mais grande chose! C’est une reconnaissance contagieuse, qui aide chacun de nous à avoir de la gratitude envers ceux qui s’occupent de nos besoins. Quand quelqu’un nous offre un service, il ne faut pas penser que tout nous est dû. Non, beaucoup de services sont rendu par gratuité. Pensez au bénévolat, qui est l’une des plus grandes choses de la société italienne. Les volontaires … Et combien d’entre eux ont laissé leur vie dans cette pandémie! On le fait par amour, simplement par service. La gratitude, la reconnaissance, c’est d’abord un signe de bonne éducation, mais c’est aussi un signe distinctif du chrétien. C’est un signe simple mais authentique du royaume de Dieu, qui est un royaume d’amour gratuit et reconnaissant.
Que la Très Sainte Vierge Marie, qui a aimé Jésus plus que sa propre vie et qui l’a suivi jusqu’à la croix, nous aide à nous mettre toujours devant Dieu avec un cœur disponible, en laissant sa Parole juger notre comportement et nos choix.