Autour des vaccins

Dr Christian VÉLOT, généticien moléculaire à l’université Paris-Saclay et président du conseil scientifique du CRIIGEN (Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le génie génétique)

L’Allemagne n’a pas « l’intention » de rendre la vaccination anti-Covid obligatoire, avait déclaré Angela Merkel mardi dernier, misant sur la « volonté » de la population et la « publicité » qu’en feraient elles-mêmes les personnes vaccinées. En France, Emmanuel Macron a fait le choix inverse. Après avoir déclaré que la vaccination ne serait jamais obligatoire, il a pris le parti de l’imposer à la population. Au risque de créer une certaine inquiétude voire de l’hostilité, à l’image du centre de vaccination vandalisé en Isère ou dans le Pays-basque. Samedi, selon le ministère de l’Intérieur, 136 rassemblements ont réuni 114.000 personnes, dont 18.000 à Paris, pour protester contre l’extension du pass sanitaire. Il ne s’agit pas d’attiser les passions mais de comprendre, de savoir si ces injections recèlent un risque, une toxicité, et surtout ne pas enfermer le débat dans l’opposition provax et antivax. Car la question n’est pas là.

Patrick ZYLBERMAN, historien de la santé et des épidémies. Auteur de « La guerre des vaccins » (Odile Jacob)

Pourquoi au pays de Louis Pasteur, la vaccination fait-elle l’objet de tant de suspicion ? Une partie des Français y voit une atteinte à la liberté et à la santé et non une protection et un progrès. Ce n’est pas le moindre des paradoxes d’avoir plus peur d’un remède que du mal qu’il est censé combattre. D’où ce phénomène vient-il ? Le Covid en complique sans doute l’analyse car tous les opposants au pass sanitaire ne sont pas hostiles à la vaccination et veulent éviter le piège qui consiste à laisser deux camps s’affronter, provax et antivax. Ces opposants ont aussi de bonnes raisons : la première, c’est une certaine brutalité de l’exécutif, représentée par l’obligation vaccinale. Hier, le Défenseur des droits Claire Hédon regrettait « vivement » le choix d’une procédure accélérée pour le vote du projet de loi sanitaire, compte tenu « de l’ampleur des atteintes aux droits et libertés fondamentales prévues » par le texte. La seconde raison, c’est l’absence de recul et le risque d’effets secondaires graves. Mais au-delà, des aspects médicaux, il y a le cas français. On assiste chez nous à une guerre des vaccins, c’est ainsi que Patrick Zylberman présente son analyse. Il est historien de la santé et des épidémies et il s’attaque au vaccino-scepticisme dont les racines sont profondes et celles-ci ont même un fondement théologique.