Il P. Pierre Vignon ha fatto una traduzione francese del mio ultimo post. Lo ringrazio per questo e posto anche questa versione, per i lettori francofoni.
Cher Père Abbé… sur la paix liturgique : en dialogue avec Dom Pateau. 1ère réponse
di Andrea Grillo, professeur de théologie sacramentaire à l’Université Saint-Anselme de Rome.
La lassitude de la “bataille liturgique” ressort clairement des propos de Dom Pateau OSB, Abbé de Fontgombault (voir plus loin sur cette page). Et il est très curieux de trouver, dans le même texte, la plus évidente sollicitude pour la paix et la réconciliation ecclésiale, mêlée aux préjugés les plus enracinés, qui alimentent au contraire la suspicion, la méfiance et le conflit. Puisque le Père Abbé m’a cité d’aventure dans son texte, de façon peu flatteuse, même si c’est avec respect, j’ai cru bon de lui répondre, de tout cœur, au nom de cette ” communauté bénédictine ” d’où procèdent aussi bien ses préoccupations de pacification que mes remarques sur la méthode et le style du projet de réconciliation. Je le fais sous la forme épistolaire, en lui envoyant une “lettre de paix”, dans laquelle j’essaie de lui parler de ce qui me convainc et de ce qui ne me convainc pas dans son texte.
“Cher Père Abbé,
Dans l’interview publiée par “Famille Chrétienne” le 19/7, reprise avant-hier par le blog Messainlatino dans une traduction italienne, j’ai trouvé avant tout un esprit bénédictin de réconciliation et de paix. En cela, je suis pleinement d’accord avec vous. L’année dernière, avec un groupe de théologiens européens et américains, nous avons écrit un livre électronique sur le thème de la “réconciliation liturgique”, perspective que vous considérez également comme absolument décisive. Vos propos sont également très clairs en soulignant l’objectif de “ne pas rejeter” le texte du nouveau Motu Proprio (=MP) du Pape François, qui abroge “Summorum Pontificum” (=SP). Vous avez eu le courage de prononcer ce mot fort, spécialement dans votre milieu, et j’y trouve un signe de la grande tradition bénédictine qui caractérise non seulement votre Abbaye, mais aussi les Abbayes dans lesquelles j’ai appris à connaître et à reconnaître la force de la liturgie : Sainte Justine à Padoue, Saint Anselme à Rome, Camaldoli dans le Casentino, Dominus tecum à Prad Mill, ainsi que les nombreuses Abbayes féminines (Grandate, Fabriano, Tarquinia…).
Nous sommes d’accord sur deux exigences tout à fait centrales : construire des ponts est devenu un impératif, ainsi que mettre fin aux batailles liturgiques s’avère être une priorité incontournable pour tous. Vous essayez de trouver le ton le plus approprié pour donner du nouveau texte une vision qui ne soit pas source de division, intolérante, d’opposition frontale. C’est un noble objectif qui vous honore. En même temps, cependant, votre texte semble rester complètement sourd au contenu du MP “Traditiones Custodes” (=TC), et cela me surprend quelque peu. Dès le titre, que vous n’avez peut-être pas déterminé, mais qui semble néanmoins fidèle au contenu de vos propos, la relation entre le texte de François et la construction de ponts est déplacée : ce que François demande, avec TC, c’est de construire des ponts “entre les personnes” dans l’unique rite commun et ordinaire, et non “des ponts entre deux formes du rite romain”. Ce malentendu initial, qui trouve de nombreuses confirmations tout au long de votre interview structurée, manifeste une sorte d’ “angle mort” que je tente d’éclaircir, dans une série de brèves observations, que je vous soumets volontiers :
a) D’une manière générale, votre option de “ne pas rejeter le texte de François”, si on l’observe attentivement, apparaît plutôt singulière. Pour le fait que, en évaluant le texte de TC, vous le remplissez continuellement avec le contenu de SP. Mais TC a abrogé SP et la logique avec laquelle SP prétendait faire la paix. Si l’intention est de “faire la paix”, il faut donner aux mots leur véritable sens. Vous poursuivez, dans votre discours, en parlant de “deux formes du même rite”, auxquelles les baptisés “auraient droit”. Mais c’est la vision que SP a tenté d’introduire d’une façon disruptive avec des principes que la tradition n’a jamais connus. L’interprétation sur le “missel tridentin” – que vous n’êtes pas le premier à répéter et qui a vu le jour dans les déclarations du Card. Giuseppe Siri en 1951 et de M. Lefebvre après le Concile Vatican II – selon laquelle il n’aurait pas éliminé les “autres formes” du rite romain, est une élucubration sans fondement : vous devriez savoir que les “autres formes”, avec lesquelles le rite tridentin est comparé, avaient des déterminations géographiques ou personnelles très particulières. Ni le rite ambrosien ni le rite dominicain ne sont des “rites universels”, mais un ordo conditionné par des dimensions géographiques ou personnelles qui délimitent structurellement leur impact. Le Concile de Trente n’a jamais conçu, même de loin, “deux formes” du même rite existant dans la même unité d’espace, de temps et de personnes. Seul SP a tenté d’émettre l’hypothèse de l’existence simultanée de deux formes différentes et conflictuelles du même rite romain. Cette “astuce” – car il s’agit d’un trucage systématique – a apporté la “bataille”, pas la “paix”. C’est pourquoi TC a abrogé SP : parce qu’il n’est pas possible de construire des “ponts” entre différentes formes du rite romain, mais seulement des ponts entre les personnes diverses qui utilisent toutes la même forme commune du rite romain.
b) Toujours au début, puis à plusieurs reprises dans vos réponses, vous soulignez la “dureté” et la “sévérité” de TC, qui se résume dans la perception que vous exprimez ainsi : “Le texte du Pape suggère que tout doit être fait pour que le mode de célébration sous forme extraordinaire disparaisse le plus rapidement possible. Cela inquiète à juste titre les fidèles qui sont attachés à cette forme”. D’une certaine manière, vous semblez évaluer cette histoire sous un angle privilégié. Certains monastères bénédictins, dont le vôtre, avaient en quelque sorte anticipé, sous une forme particulière et non sans éléments de rigidité et d’obstination, la solution que l’on pensait transformer en 2007 en “droit commun”. Dure et sévère a été la précipitation voulue en 2007. Elle a créé des illusions, des distorsions de perspectives, des mirages et des cauchemars. L’invention – à la limite de la mystification – d’une “forme extraordinaire” ajoutée 50 ans plus tard à la forme ordinaire rédigée sur instruction du Concile et rendue “facultative” est une démarche trop dure et trop sévère. Face à cette “dure accélération de la nostalgie”, CT apparaît au contraire comme un acte de modération et de reprise organique de la véritable histoire commune. Ce n’est pas une “prétention absurde de François” que le VO (=Vetus Ordo) disparaisse : c’est toute la tradition qui a toujours su – au moins jusqu’à l’amnésie institutionnelle de 2007 – qu’une réforme générale du rite romain remplace le rite précédent par le nouveau. Et le rite romain se trouve être celui qui résulte de la réforme. Comme cela a toujours été le cas, à travers les âges.
c) Vous pensez que certains liturgistes “méprisent” la forme extraordinaire du rite romain et que la seule voie vers la paix serait la reconnaissance mutuelle entre les deux “formes” : ceux qui célèbrent le NO (=Novus Ordo) devraient reconnaître le VO et ceux qui célèbrent le VO devraient reconnaître le NO. Mais là aussi, les choses ne peuvent pas fonctionner ainsi, que ce soit sur le plan théologique, spirituel ou pastoral. En ce qui concerne les liturgistes, je ne peux parler qu’en mon nom et je ne me permets pas de parler au nom de tiers. Mais en ce qui me concerne, je n’ai aucun mépris pour le VO : simplement, je ne le connais pas et ne peux pas le connaître : c’est le Concile Vatican II qui le veut ainsi. Parce que c’est la forme du rite romain que le Concile a voulu réformer et qui m’est parvenue sous la seule forme que j’ai jamais célébrée : celle d’après 1969. Je trouve curieux que moi, qui suis né en 1961, je puisse dire cela en toute conscience, alors que vous, qui êtes né cinq ans après moi, pouvez célébrer ordinairement avec la forme extraordinaire. Bien sûr, je sais bien que votre identité française, vos origines vendéennes, l’histoire de l’Église de France, qui a mis en œuvre la réforme liturgique de manière beaucoup plus lente et avec moins de finesse qu’en Italie, parlent d’elles-même ici. En Italie, avec toutes nos limites, nous avons effectivement mis en œuvre et appliqué la réforme. L’accès au rite romain s’est fait dans la nouvelle forme qui est rapidement devenue ordinaire et unique, comme cela s’est toujours produit dans l’histoire de l’Église. C’est mon expérience, depuis le début, qui me parle du rite romain dans la seule forme en vigueur, depuis que j’ai l’âge de raison. Non pas par mépris personnel, mais par invraisemblance traditionnelle.
d) Vous parlez, en même temps, de “ne pas rejeter le texte de François” et d’”attachement à la forme extraordinaire”. Le premier est une “norme”, le second une “affection”. Je crois qu’il y a là le côté le plus délicat de la question, qui ne peut être résolu ni par des “décrets d’en haut” ni par le “populisme d’en bas”. Avec TC, la façon d’aborder la question a changé. Il n’y a plus de “forme extraordinaire” du rite romain (quelque chose qui a été inventé en 2007 par SP et qui n’a aucun fondement dans le passé ecclésial) mais une seule forme du rite (celle dite “ordinaire”) et quelques concessions à l’usage du rite “non en vigueur”, qui sont destinées avec le temps à être réduites à néant. C’est la physiologie ecclésiale, pas la pathologie de François. Ainsi, le défi de faire la paix passe des “ponts entre deux formes rituelles” aux ponts “entre les fidèles qui utilisent la seule forme commune”. Beaucoup des choses que vous désignez comme “inaliénables” dans la VO doivent être découvertes, introduites ou reconnues dans l’Ordo voulu par le Concile Vatican II. Et ne serait-ce pas un petit signe de paix si une abbaye bénédictine comme la vôtre, qui a nourri une certaine hostilité à l’égard de Vatican II, se donnait progressivement à la découverte des trésors liturgiques du NO et les mettait en commun, dans l’expérience monastique et dans l’expérience ecclésiale. Et aidait ainsi toute l’Église à vivre la continuité de l’essentiel du depositum fidei (=dépôt de la foi) dans la nouvelle formulation de sa présentation.
e) Les paroles des jeunes qui disent “la réforme n’est pas terminée” sont importantes et tout à fait vraies. La réforme ne fait que commencer. Mais cela ne justifie pas une réponse décevante : soit parce qu’elle leur fait croire qu’ils peuvent rester de ce côté de la réforme, dans un rite artificiel qui n’a plus aucun fondement ; soit parce qu’elle leur fait croire au manque de style et au laisser-aller d’une routine sans soin et sans expérience vivante. Le travail commun, transgénérationnel, sur le seul rite commun est l’horizon que le Pape François a voulu, avec autorité, remettre au centre de l’attention. Contre le détournement introduit dans l’église par la théorie de la “double forme”, qui a trompé et chagriné tout le monde. Sur un plan strictement théologique, il y a eu, au cours de ces 14 années, une sorte de “folie collective” dont François nous a réveillés, avec des mots d’une grande clarté, en vue d’une véritable réconciliation. Ce travail de réconciliation ne peut être réalisé par l’invention d’une “compétition” entre deux formes rituelles, la seconde ayant été créée pour corriger et amender la première.
Cher Père Abbé, vous dites bien : ” Il est temps de construire des ponts “, en supprimant les lectures idéologiques. Tout d’abord, celles qui créent artificiellement un régime de “concurrence déloyale” entre des formes rituelles qui n’ont pas été faites pour ça et qui ne peuvent coexister, sinon exceptionnellement, que par un indult. Je comprends le désarroi de ceux qui s’étaient bercés de l’illusion qu’ils pouvaient vivre “universellement” avec cette contradiction embarrassante. Mais pour consoler les déçus et les trompés, nous devons utiliser les mots de TC, pas ceux de SP : sinon la blessure ne sera pas guérie et les ponts ne seront que la dénomination opportuniste par laquelle nous continuerons à appeler et à construire de nouveaux murs infranchissables”.
(traduzione dall’italiano al francese di Pierre Vignon)
Cher Père Abbé… sur la paix liturgique: en dialogue avec Dom Pateau (cittadellaeditrice.com)
Interview de Dom Jean Pateau par Samuel Pruvot, sur la site Famille Chrétienne : « Il faut sortir de ce combat liturgique qui épuise l’Église »

Comprenez-vous la tristesse et le choc de beaucoup de fidèles attachés à la forme extraordinaire ? Que dire à tous ceux qui se sentent victimes d’une injustice profonde ?
Oui, je les comprends et je les rejoins. Depuis la parution du Motu Proprio Traditionis custodes, beaucoup se tournent vers les monastères en attendant une parole d’apaisement. Je dois même avouer que la tristesse ne touche pas que les fidèles attachés à la forme extraordinaire. Beaucoup dans l’Église manifestent une réelle tristesse et incompréhension devant un texte rude et sévère. Que faire ? Notre devoir est d’appeler à la confiance, confiance en Dieu, confiance en l’Église, confiance envers le Saint-Père.
En quoi le pape François change-t-il l’esprit du motu proprio de Benoît XVI ?
Le Motu Proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI a été un texte d’ouverture, de réconciliation, répondant à la légitime souffrance de fidèles qui n’avaient pas trouvé chez leurs pasteurs l’oreille attentive, bienveillante et généreuse, qu’ils étaient en droit d’attendre en particulier dans le prolongement des invitations du Pape Jean-Paul II. Il est juste de ne pas l’oublier. Par ce texte, le Pape Benoît demandait de répondre à l’attente d’un groupe stable de fidèles. Il rappelait aussi que tout prêtre pouvait user du Missel romain promulgué par Jean XXIII en 1962, forme dite extraordinaire de l’unique Missel Romain. Le Pape Benoît formait en outre le vœu d’un mutuel enrichissement des deux formes ; souhait qui n’a guère reçu d’attention, quand il n’a pas été repoussé tant d’un côté que de l’autre, et ce dès la parution du document. À la lumière de ce texte, les pasteurs ont fait du chemin et, dans la grande majorité des cas, l’ouverture de lieux de célébration en forme extraordinaire s’est faite avec leur accord et pour le bien de tous.
Le pape François restreint fortement l’usage de la messe tridentine. De façon positive, le texte du Pape François souligne le rôle de l’évêque comme « modérateur, promoteur et gardien de toute la vie liturgique de l’Église particulière qui lui est confiée. » Il les invite aussi à nommer dans les lieux de célébration en forme extraordinaire des prêtres qui aient à cœur « non seulement la célébration correcte de la liturgie, mais aussi le soin pastoral et spirituel des fidèles », à veiller à ce que « les paroisses érigées canoniquement au profit de ces fidèles soient effectives pour leur croissance spirituelle. » En sens contraire, le Motu Proprio du Pape François tient les fidèles éloignés des églises paroissiales, refuse l’érection de nouvelles paroisses personnelles, et la constitution de nouveaux groupes. Faudra-t-il donc construire des églises particulières pour la célébration de la forme extraordinaire ? Comment un évêque pourra-t-il répondre à la demande croissante des fidèles ? Celle-ci est un fait en particulier depuis le début de la pandémie. Le texte du Pape laisse à penser que tout doit être fait pour que le mode de célébration en forme extraordinaire disparaisse au plus vite. Ceci inquiète à juste titre les fidèles attachés à cette forme.
Comprenez-vous « l’angoisse » du pape après la réception de l’enquête sur l’usage de la forme extraordinaire dans tous les diocèses du monde, une angoisse qui serait liée au rejet – par certains – du Concile ?
L’état d’angoisse, de souffrance du Pape François a été partagé par beaucoup d’évêques, de prêtres et de fidèles attachés tant à la forme ordinaire qu’à la forme extraordinaire et ce depuis longtemps. Angoisse devant le fait que le sacrement de l’Eucharistie, sacrement de l’Amour par excellence devienne comme le sacrement de la division, tant entre les deux formes qu’au sein même de l’une ou l’autre forme. Angoisse devant le rejet par certains fidèles de la réforme liturgique ou du Concile Vatican II. Angoisse devant le refus de certains prêtres de concélébrer avec leur évêque, pour la Messe chrismale en particulier. Angoisse devant le refus de communier de certains fidèles au cours d’une Messe en forme ordinaire. Angoisse aussi devant le mépris exprimé par de nombreux liturgistes envers la forme extraordinaire ou ceux qui la célèbrent. L’Église ne peut s’enorgueillir de cela. Les responsabilités sont largement partagées tant de la part de ceux qui ne veulent pas entendre l’appel des fidèles, que de ceux qui manquent à leur devoir d’enseigner leur troupeau ; de ceux aussi qui s’approprient le droit de dire et de faire n’importe quoi sans ouvrir leur cœur aux demandes légitimes de leurs pasteurs. L’unité du corps ecclésial a été blessée et ce dès les premiers temps de la réforme liturgique. Les légitimes et diverses sensibilités liturgiques n’ont pas été suffisamment écoutées et ont été exploitées « pour creuser des écarts, renforcer les divergences et encourager les désaccords qui nuisent à l’Église, lui barrent la route et l’exposent au péril de la division. » Si ce constat est vrai, il n’appelle cependant pas une réponse sans distinction. Les fidèles proches de la Fraternité Saint-Pie X parlent de « vraie Église », de « vraie Messe ». Ce n’est pas le cas dans d’autres lieux de célébration de la forme extraordinaire. Si le Motu proprio invite les évêques a un discernement, et c’est heureux, beaucoup ne se retrouvent pas dans les reproches du Saint-Père et les ressentent comme injustifiés. On doit les comprendre.
Comment comprendre la nécessité d’une adéquation (stricte) entre la « lex orandi » de l’Eglise et la forme ordinaire de la liturgie ?
Cette proposition discutable n’est absolument pas traditionnelle. La lettre jointe au Motu Proprio reconnaît que « Pendant quatre siècles, ce Missale Romanum, promulgué par saint Pie V, fut ainsi l’expression principale de la lex orandi du rite romain, et fonctionna pour maintenir l’unité de l’Église. » ‘Principale’ ne veut pas dire unique. L’Église est riche de son unité ; riche aussi de sa légitime diversité. Le concile de Trente avait autorisé les liturgies de plus de 200 ans d’âge… La forme extraordinaire en a plus de 400 ! Le Pape Benoît écrivait dans la lettre accompagnant Summorum Pontificum : « Il n’y a aucune contradiction entre l’une et l’autre édition du Missale Romanum. L’histoire de la liturgie est faite de croissance et de progrès, jamais de rupture. Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste. Il est bon pour nous tous, de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l’Église, et de leur donner leur juste place. » Les paroles fortes de Benoît XVI demeurent toujours vraies. Enfin, à travers les deux formes, c’est la même foi eucharistique qui s’exprime. Il faut le réaffirmer en face de certains qui considèrent à tort la forme ordinaire comme une disqualification de la doctrine du concile de Trente.
Quel est le sens profond de l’obéissance au pape en l’espèce ? Une manière d’obtempérer sans réfléchir ou une adhésion avec la fine pointe de l’âme si crucifiante soit-elle ?
Pour obéir, il faut vouloir écouter, entendre, comprendre. Rejeter ce texte serait une grave erreur, une injustice à l’égard du Saint-Père. Chacun doit corriger dans son comportement ce qui doit l’être, se dire : « Que veut nous dire Dieu à travers ce texte ? » Ainsi se restaurera la confiance sans laquelle rien ne sera possible. L’obéissance doit être aussi intelligente, simple et prudente. Il est trop clair, en ce domaine où les passions sont exacerbées, qu’une obéissance aveugle pourrait nuire au vrai bien de l’Église. Il est légitime, et le Saint-Père y invite ailleurs, qu’il y ait dans l’Église des lieux de paroles, des lieux où s’exprimer avec une vraie liberté. La célébration liturgique ne peut en être exclue.
Saint Benoît donne comme consigne à ses moines : « Recherche la paix et poursuis-la. » Il faudrait par dessus tout éviter que ce document, même s’il suscite de légitimes réactions par sa dureté, nous ôte la paix du cœur. En dernier ressort, cette paix vient de la seule chose qui compte vraiment, notre amitié avec Jésus, et cela, rien ni personne, aucun document, aucune autorité, ne peut nous l’enlever, sinon nous-mêmes.
La France a connu une longue guerre liturgique. Comment ne pas recommencer ?
Je crois malheureusement que la guerre liturgique n’a jamais vraiment cessé. Deux camps s’observent et comptent les points. Ainsi, le 25 mars 2020, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi publiait deux décrets, deux document autorisés par le Pape François, répondant au souhait du Pape Benoît en enrichissant la forme extraordinaire de nouveaux saints et de nouvelles préfaces. Quatre jours plus tard, une Lettre ouverte sur « l’état d’exception liturgique » est publiée par Andrea Grillo, professeur de théologie sacramentaire à l’Université Saint-Anselme de Rome demandant l’abandon de l’« état d’exception liturgique » qui tient au Motu Proprio du Pape Benoît, le retrait immédiat des deux décrets, le rétablissement de toutes les compétences des évêques diocésains et de la Congrégation pour le Culte Divin en matière liturgique… Précisément ce qu’octroie aujourd’hui le Motu Proprio du Pape François. C’est troublant. Non, la guerre liturgique n’a pas cessé et ceux qui s’y livrent considéreront le dernier Motu Proprio selon leur camp comme une victoire ou une défaite. Au final, il n’y aura qu’une défaite… celle de l’Église. Il faut sortir de ce combat qui épuise l’Église, les prêtres et les fidèles et qui nuit à l’évangélisation, œuvre à laquelle tous sont appelés. Une vraie paix liturgique tiendra à l’exercice d’une réelle paternité des évêques à l’égard des demandes légitimes de tous les fidèles, à une pleine fidélité de la part des fidèles à l’égard de leurs pasteurs. Les échos reçus de gestes et de paroles d’évêques, les marques de sollicitude pastorale, de tous les points du monde, depuis la publication du Motu Proprio suscitent une authentique espérance.
Comment entendre les aspirations des jeunes générations qui passent volontiers d’une forme liturgique à une autre ? Le pourront-ils encore ?
Il y a bien là une authentique expression du Sensus fidei propre aux fidèles. L’Église saura-t-elle l’entendre ? La lettre ouverte citée plus haut parlait à propos de la forme extraordinaire d’« un rite qui est fermé dans le passé historique, inerte et cristallisé, sans vie et sans vigueur. » Les aspirations des jeunes générations, prêtres et laïcs, en sont un cinglant démenti. Il faudra bien finir par le reconnaître. La liturgie n’est pas une science de laboratoire. Il y a là un acte d’humilité attendu de la part des liturgistes. Qu’ils mettent à profit leur science pour discerner le pourquoi de cet attachement à la forme extraordinaire même de la part de non chrétiens ou de gens qui ont abandonné la pratique depuis longtemps, attachement qui n’était pas a priori attendu. Ceux-ci ressentent dans ce mode de célébration une présence plus vive du mystère de Dieu tout à la fois présent et caché, plus dignement loué. Ils y retrouvent avec joie une sacralité oubliée. Comment ne pas évoquer les dizaines de prêtres venus à l’abbaye pour apprendre la forme extraordinaire et qui affirment : « De la connaître, ça m’aide à mieux célébrer la forme ordinaire. »
Le mouvement liturgique a recherché la participation active de tous au sacrifice eucharistique. Ce but louable n’est-il pas devenu, parce qu’on l’avait mal compris, la fin même de la célébration ?
L’exhortation apostolique post-synodale Sacramentum Caritatis rappelait : « Il convient… de dire clairement que, par ce mot [actuosa participatio], on n’entend pas faire référence à une simple attitude extérieure durant la célébration. En réalité, la participation active souhaitée par le Concile doit être comprise en termes plus substantiels, à partir d’une plus grande conscience du mystère qui est célébré et de sa relation avec l’existence quotidienne. » (n°52) Que faire alors ? Garder les deux formes de la liturgie dans une situation de concurrence ? Travailler à leur enrichissement mutuel selon le désir du Pape Benoît ? Reconnaître le bienfait de la richesse du lectionnaire de la forme ordinaire ? Pourquoi ne pas autoriser l’usage de l’offertoire de la forme extraordinaire incomparablement plus riche, l’ajout de gestes qui recentrent tant le célébrant que les fidèles sur ce qui s’accomplit ? Pourquoi ne pas rendre possible le grand silence du canon qui est comme l’iconostase du rite romain ?
Peut-on dire que ceux qui ont fait le pari de l’obéissance à Rome (depuis le schisme) sont floués par rapport à des fidèles « dissidents » comme ceux proches de la Fraternité Saint Pie X ?
De fait c’est ce qui est ressenti par beaucoup, fidèles, fraternités, instituts. Le sentiment d’une trahison. Ce m’est une croix de rencontrer ce sentiment dans des cœurs au sujet de la Mère Église et de la part de ses enfants. Aujourd’hui, parmi les fidèles attachés à la forme extraordinaire, une majorité n’a aucun rapport avec le schisme et la Fraternité Saint Pie X. Si Ecclesia Dei visait la réconciliation après le schisme, Summorum Pontificum voyait plus large.
N’a-t-on pas éteint l’Esprit ? En quoi l’attachement à la forme extraordinaire est-elle toujours une source de grâce dans les nouvelles dispositions en vigueur ?
Je ne crois pas que les nouvelles dispositions changeront grand-chose. L’attachement à la forme extraordinaire répond par exemple au désir du cœur inquiet de nombreux prêtres. S’ils se reconnaissent comme serviteurs du troupeau qui leur est confié, ils sont aussi et d’abord les amis de Dieu, et ils ont besoin de le rencontrer, de se nourrir de lui à travers la célébration de la liturgie. La célébration en forme extraordinaire est un des moyens qu’ils choisissent. Travailler à recentrer la célébration sur le mystère, tout en conservant les acquis de la réforme, apparaît donc comme un soutien à la vie spirituelle des prêtres, comme l’accueil aussi d’un Sensus fidelium auquel le Pape François invite si souvent à être attentif, et enfin, comme un défi pour l’Église.
Qu’est-ce que cette décision va changer dans la vie de l’Église ?
S’il est trop tôt pour en juger aujourd’hui, je pense que ce texte aura pour effet de conduire les prêtres et les fidèles attachés à la forme extraordinaire du rite romain à s’interroger sur leur lien à l’Église diocésaine, à initier un vrai chemin pour approfondir ce lien, le rendre plus concret par exemple par la concélébration autour de l’évêque. J’espère aussi que la douleur manifestée en face d’un texte sévère attendrira le cœur du Saint-Père devant des fidèles parfois turbulents tout particulièrement dans le contexte aggravant de la pandémie. J’attends des liturgistes un regard objectif et accueillant à l’égard du rite antique. On ne peut vraiment connaître sans comprendre et aimer. Le Saint-Père souligne la nécessité d’une célébration de la liturgie en forme ordinaire conforme au Missel. C’est là un précieux soutien aux évêques qui depuis bien longtemps ont capitulé sur ce point. Sera-t-il entendu ?
Permettez-moi d’ajouter encore un souhait. Célébrant habituellement en forme extraordinaire, je continuerai à célébrer dans les deux formes, en latin et en français, dans l’immense action de grâces pour la fidélité du Christ venant à moi à travers la diversité de la liturgie. Il ne me semble pourtant pas possible pour le bien des fidèles et devant la diminution du nombre de prêtres, beaucoup plus sensible en proportion dans la célébration selon la forme ordinaire, de se résoudre définitivement à un écartèlement, à une tension de l’unique rite romain entre deux formes, entre l’adoration du Corps et Sang du Christ réellement présent sur l’autel et le service de l’assemblée. Il est temps que les idéologies quelles qu’elles soient cessent de donner le ton, et n’aient plus le dernier mot dans la célébration des sacrements. Il est temps de construire des ponts. Les communautés monastiques et religieuses ont un rôle à jouer en ce domaine. L’Église doit recevoir le désir de jeunes qui manifeste que la réforme liturgique n’est pas aboutie, qu’un chemin reste encore à parcourir dans la paix et pour la paix. Comment ? En refusant de s’arrêter en chemin, en fuyant l’esprit de rupture et en cherchant à célébrer toujours mieux dans un esprit catholique qui embrasse l’Église « de Nicée à Vatican II. » Nullement envisagée par les Pères conciliaires, l’existence de deux formes du rite romain appelle cette convergence, cet enrichissement mutuel souhaité par le Pape Benoît pour le bien de l’Église et de sa Liturgie et qui répond aux paroles même du Christ : « Que tous soient un ! » (Jn 17,11). Alors tous pourront faire leurs les paroles prononcées par le pape Benoît à l’Abbaye de Heiligenkreuz : « Je vous demande : célébrez la sainte liturgie en ayant le regard tourné vers Dieu dans la communion des Saints, de l’Église vivante de tous les lieux et de tous les temps afin qu’elle devienne l’expression de la beauté et de la sublimité de ce Dieu ami des hommes ! » (Benoît XVI, discours du 9 septembre 2007 à l’Abbaye de Heiligenkreuz.) On chante à l’office de Ténèbres durant les jours saints : « Il est bon d’attendre en silence le salut de Dieu. » (Lm 3, 26) Tout est entre les mains de Dieu, maître souverain de l’histoire et des événements. À son heure, que nous pouvons hâter par nos prières et nos sacrifices, viendra la paix liturgique. En l’attendant, gardons la paix du cœur.
La réforme liturgique et ses opposants : deuxième réponse à Dom Pateau
par Andrea Grillo

Cher Père Abbé,
J’ai lu avec grand plaisir votre réponse aux considérations que j’avais jointes à votre précédente interview. Il me semble que, dans la diversité des itinéraires par lesquels nous évaluons avec une participation attentive, la “question liturgique” en tant que problème décisif pour l’Église du présent et de l’avenir, émergent certaines perspectives qu’il est nécessaire d’éclaircir avec une lumière davantage convaincante. J’examine donc vos trois affirmations-clés et je les soumets à un examen sincère, en reconnaissant pleinement l’intention droite qui guide votre préoccupation, mais en signalant de manière tout aussi franche là où je trouve les plus grands problèmes dans votre façon respectable de les présenter.
a) Summorum Pontificum et la fiction des “deux formes” du rite romain.
Vous identifiez très bien ma difficulté fondamentale. il n’y a pas deux formes du rite romain, mais les résistances à la réforme liturgique (pré-conciliaire et conciliaire) ont développé une argumentation objectivement “négationniste” à l’égard de la réforme. Le fait que le Pape Benoît XVI ait adopté cette perspective de lecture ne la rend pas vraie. Les choses déformées demeurent déformées, même lorsqu’elles sont reprises par les évêques et les papes. Pour bien le comprendre, nous devons nous demander quand cet “argument” est apparu. Vous l’attribuez au cardinal Lustiger et au cardinal Ratzinger, mais nous sommes déjà dans les années 2000. Non, l’argument est né avec la plus ancienne des réformes les plus récentes, c’est-à-dire avec la “réforme de la Veillée pascale” souhaitée par Pie XII et proposée “ad experimentum” en 1951 à toute l’Eglise. A cette occasion, parmi les évaluations que les évêques du monde entier ont envoyées à Rome, ressortait la réaction de l’archevêque Giuseppe Siri, de Gênes, lequel proposait “que la réforme de la Veillée pascale” ne concerne que ceux qui voudraient l’adopter tandis que ceux qui ne la voudraient pas seraient restés libres de suivre le “Vetus ordo”. Il y a déjà 70 ans que cette “option” est apparue et que, si elle avait été suivie, la réforme d’alors aurait été vidée de son sens. 15 ans plus tard, la même chose a été proposée par Marcel Lefebvre, immédiatement après le Concile, en demandant de pouvoir continuer à célébrer avec le VO, malgré le fait que ‘Eglise catholique avait décrété une “réforme générale” de toute la liturgie. Voilà, ce que nous devons apprendre : c’est que le “mécanisme réflexe” qui prétendrait que sont en vigueur en même temps deux rites, soit le nouveau soit l’ancien, est apparu pour s’opposer radicalement à la réforme liturgique. Et cela demeure tel avec SP malgré la déclaration des bonnes intentions. Pour cette raison, afin de demeurer fidèle au Concile Vatican II, François n’a pu qu’abroger une logique “incertaine et confuse” au sujet de la réforme liturgique. Le seul rite en vigueur est celui qui a été élaboré après le Concile, sur les indications claires du Concile lui-même. Il n’y a pas d’autre rite : il n’y a que la “forme précédente” qui, en raison de ses graves limites, a été revue et remodelée. Il n’y a pas de place possible pour un arbitrage sur ce point.
b) Il n’y a pas concurrence, il y a discontinuité et continuité.
La forme en vigueur du rite romain assume en elle-même la discontinuité et la continuité. Comme il est manifeste et comme cela se produit dans les faits historiques, il n’y a pas de succession du “mal” et du “bien”. On pourrait dire que, dans le VO, il y avait déjà les éléments fondamentaux du NO, tandis que dans le NO se trouvent des dimensions que le VO développait d’une façon différente. Mais il n’y a pas de “concurrence” parce que le développement de la tradition ne permet pas de garder en même temps la forme à modifier avec la forme qui la modifie. Ce n’est que pour un temps court, et sans continuité, qu’il est possible d’accepter un “interrègne” : ainsi pensaient Paul VI, Von Balthasar, et Giuseppe Siri lui-même. Et cela n’est qu’une conséquence de tous les processus généraux de réforme. Le “rite extraordinaire” a été pour cette raison une fiction juridique qui a, en fait, créé une nouvelle confusion dans l’Eglise pendant 14 ans. Comme si on pouvait “rester catholique” en ignorant le Concile Vatican II ! Cette hypothèse du tout au tout fictive a été rendue possible par un embrouillamini juridique que la Commission Ecclesia Dei a tenté en vain d’arbitrer et qu’elle n’a fait qu’empirer, jusqu’au paradoxe de prolonger le missel de 1962 lui-même. La déchirure ecclésiale est inévitable s’il est possible de célébrer la même Eucharistie dans un rite en même temps que le rite qui voulait corriger ce rite. Il fallait là une parole claire du pape, qui a été donnée avec autorité dans TC, pour rétablir le principe ancien et moderne, selon lequel il y a un seul “champ de travail” – à savoir le seul rite romain en vigueur – dans lequel on pourrait élaborer avec soin toute la célébration de la tradition.
c) Aucune “réforme de la réforme” mais la réception de l’unique réforme.
En troisième lieu, il est évident qu’une “menace à la réception du Concile” vient de tous les endroits où on n’accepte pas de célébrer l’Eucharistie et tous les sacrements dans la seule forme en cours. Je comprends bien que parmi ceux qui “ont fait usage de SP”, il y a aussi des différences assez importantes et que tous ne veulent pas être “la vraie Eglise”. Mais quand on célèbre avec un rite qui n’est pas en vigueur, on adopte une approche de l’Eglise qui incline inévitablement au schisme. La parole d’éclaircissement de TC ne rétablit pas seulement le principe de l’unique lex orandi, avec l’inexistence d’une “concurrence entre différentes formes rituelles”, mais elle assure aussi l’unification de la “réforme” dans la seule forme en vigueur. Cela implique une série de conséquences très pertinentes, même pour la perspective que vous, Dom Pateau, considérez justement comme importante. Nous travaillons ensemble, sur une table unique, clairement conciliaire, à une bonne réception de la réforme liturgique, à la mise en valeur d’un “ars celebrandi” qui implique fondamentalement l’assemblée, qui génère des ministères, qui engage des hommes et des femmes, qui renouvelle le chant, l’art, les couleurs, les silences et les espaces. L’Eglise n’est pas un musée à garder mais un jardin à faire fleurir. Une dernière chose, très importante. Le Concile Vatican II n’a été ni une cause de crise ni une occasion de crise, mais le début solennel de la sortie d’une crise présente en Europe depuis plus d’un siècle. Rosmini en Italie, Guéranger en France, et plus tard Festugière en Belgique, se plaignaient déjà en leur temps de l’inadaptation des célébrations catholiques. Les formes de résistance à la réforme liturgique, qui s’expriment également dans les principes déformés adoptés par Summorum Pontificum, ne seront pas surmontées seulement par TC, mais seulement par une reprise de l’élan de ce Mouvement liturgique qui a préparé le Concile, et sans lequel le Concile ne pourra pas susciter une véritable réponse à la “question liturgique”. Sur ce point, je crois qu’il est possible que tous ceux qui ont à coeur un cheminement ecclésial commun, qui ne veulent pas créer une Eglise parallèle, une Eglise de purs, et qui ne restent pas fixés sur des formes rituelles objectivement dépassées, pourront collaborer à une meilleure qualité de la liturgie catholique. De ce travail en commun, sereinement inspiré par le Concile Vatican II et par la réforme qui en a résulté, nous pourrons être à l’avenir des soutiens convaincus malgré des chemins très différents et des sensibilités si diverses. Avec mes cordiales salutations.
Andrea Grillo