Dans la seconde partie de l’Évangile de Jean, dès le prélude à la prière de Gethsémani (Jn 12) ; puis au moment à Judas la quitte pour les ténèbres (Jn 13) ; et enfin dans sa prière finale avant son arrestation (Jn 17), Jésus exprime avec conviction son abandon à l’œuvre de glorification, de résurrection, que le Père veut accomplir à travers lui pour tous les hommes.
PÈRE GLORIFIE TON NOM… ‘Jn 12,23.28’
« L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié ». « Père, glorifie ton nom ! » Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. » Cette scène est un prélude à la scène de la prière à Gethsémani. Ici tout se passe en plein jour, en présence des disciples et de la foule ; Jésus reste debout. Il fait part à son entourage du débat intérieur qui le fait souffrir. Et le ciel intervient alors pour proclamer la contrepartie glorieuse de la croix : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore ».
MAINTENANT LE FILS DE L’HOMME EST GLORIFIÉ… ‘Jn 13,30-32’
« Quand il fut sorti, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt ». Judas sort en hâte : « C’était la nuit ». « Celui qui sortit était lui-même nuit » (Saint Augustin). Le contraste est saisissant avec les paroles de Jésus empreintes de la lumière divine. Il exprime sa certitude d’être maintenant sur la voie de la glorification, d’accomplir la volonté du Père (« Dieu est glorifié en lui »), et de parvenir bientôt à la résurrection. Quelle assurance lumineuse !
GLORIFIE TON FILS POUR QUE TON FILS TE GLORIFIE… ‘Jn 17,1’
La gloire que le Fils attend est la victoire sur le monde qui le condamne à la croix ; c’est la manifestation de l’amour dont Dieu l’entoure sans cesse. Face à l’échéance imminente et désormais inéluctable de la croix, Jésus appelle son Père à se manifester à travers son destin ; à l’élever auprès de lui par la résurrection et l’exaltation, lui donnant ainsi la possibilité « d’attirer à lui tous les hommes ». Si le Christ formule pareille demande, c’est afin de glorifier le Père en réalisant la destinée du Serviteur souffrant « élevé et glorifié » (Is 52, 13) ?
JE T’AI GLORIFIÉ… GLORIFIE-MOI… ‘Jn 17,4’
« Je t’ai glorifié sur la terre en accomplissant l’œuvre que tu m’as donnée à faire ». Le Christ, durant toute sa vie terrestre, n’a cherché qu’à accomplir la volonté du Père, dans une totale obéissance et une complète union (4,34). Mais, après avoir ainsi glorifié le Père, il demande à être glorifié lui-même : « Toi, Père, glorifie-moi maintenant auprès de toi, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde n’existe ». Il ne veut pas la gloire comme récompense de sa mission accomplie, mais plutôt aller jusqu’au bout de la Révélation de l’Amour trinitaire.
JE SUIS GLORIFIÉ EN EUX… ‘Jn 17,10’
Les disciples glorifient Jésus, non en perpétuant dans le monde sa renommée de fondateur, mais par leur foi, leur amour mutuel et la fidélité à la mission qu’ils continuent au nom de Jésus. Le Christ est « glorifié en eux » car sa gloire, fruit de sa soumission aimante à la volonté du Père rejaillit sur ceux qu’il a choisis et qu’il fait vivre de son Esprit. Qu’ils soient alors des témoins et de fidèles annonciateurs de sa parole de vérité et de vie, c’est la prière de Jésus pour eux.
JE LEUR AI DONNÉ LA GLOIRE QUE TU M’AS DONNÉE… ‘Jn 17,22’
En quoi consiste cette gloire reçue du Père, « cette gloire que, Fils unique plein de la grâce de la vérité, il tient du Père » (1,14) ? C’est la puissance de l’Amour miséricordieux que les disciples discernent en voyant les œuvres du Père ; mais aussi en contemplant l’élévation du Fils en croix, « fait obéissant jusqu’à la mort » (Ph 2,8). C’est la filiation divine octroyée à tous les croyants dans le mystère pascal. Si les disciples ne font qu’un, c’est en raison de l’effusion de l’Esprit Saint : passant du Père à Jésus, il les investit, nous investit, « glorieusement ». Gloire au Père, et au Fils et à l’Esprit.