Où est l’âme de mon fils ? Benoît XVI répond

La question a cheminé lentement en elle. Après l’incrédulité, après la colère, après la douleur atroce, après les larmes. Elle s’est ménagé une place dans un univers chamboulé, dans un équilibre reconstruit seulement en apparence. Elle s’est alimentée de la routine péniblement reconstituée autour des besoins d’un garçon jeune et en bonne santé et tout à coup malade, et qui a besoin de soins et de traitement comme un enfant. Elle s’est fait une place dans l’acceptation d’une croix qu’aucune mère ne voudrait jamais embrasser et a grandi, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus être contenue.

« Où est l’âme de mon fils? ».

Maria est la maman de Francesco Grillo, 40 ans aujourd’hui, qui est entré dans un état végétatif à la suite d’une anoxie qui a aggravé à l’improviste la sclérose en plaques dont il souffrait depuis 1993.

L’état végétatif, pour une mère, c’est recommencer à prendre soin de son enfant à 360 degrés. Cela veut dire se réveiller le matin, s’occuper de son hygiène personnelle, l’habiller, le nourrir, le câliner, cela veut dire passer des heures et des heures à le caresser, l’embrasser, lui parler, sans rien recevoir en retour. Pas un mot, pas un sourire. Une routine terriblement pleine de choses, mais aussi désespérément privée, du moins en apparence, des gestes et des mots qu’une mère ne cesse jamais de chercher.

« Où est l’âme de mon fils? » se demande Maria. Mais en réalité, la question porte en elle une quête de sens. « Francesco sait-il que nous sommes à côté de lui? Sent-il que nous l’aimons? Quel sens cela a-t-il d’être près de lui tous les jours? ». Ces questions tournent dans la tête de Maria, même si elle n’ose les partager avec personne, jusqu’à ce qu’elle découvre qu’elle peut s’adresser directement au Pape

« Saint-Père, cela fait deux ans que la vie de mon fils Francesco s’est arrêté. C’était le 12 avril, à Pâques 2009, et Francesco, qui souffrait depuis longtemps de la sclérose en plaques, a été victime d’un bloccage de la digestion qui l’a réduit à l’état végétatif. Depuis lors, il est hospitalisé à la Fondation Raimondi di Gorla Minore, à Varese. L’âme de Francesco a-t-elle déjà quitté son corps ou se trouve-t-elle encore à ses côtés, malgré son état d’inconscience?

Peut-être que pour Maria, il s’agissait juste d’un exutoire , peut-être n’imaginait-elle pas que sa supplique toucherait le cœur de Benoît XVI, au point d’être sélectionnée. Au lieu de cela, le Pape a décidé de répondre justement lors de l’enregistrement d’un numéro spécial de l’émission de la Rai A sua immagine, présentée par Rosario Carello et diffusée aujourd’hui, le 22 avril, sur Rai Uno, à 14h10.

 

« Bien sûr, – dit le Pape  – l’âme est toujours présente dans le corps.

La situation est peut-être comme celle d’une guitare dont les cordes sont cassées, et donc qui ne peut pas jouer. Là aussi, l’instrument du corps est fragile, vulnérable, et l’âme ne peut pas jouer, pour ainsi dire, mais reste présente. Je suis également convaincu que l’âme cachée sent profondément votre amour, même si elle ne comprend pas les détails, les mots, etc; mais la présence d’un amour, elle la ressent. Et c’est pourquoi votre présence, chers parents, chère maman, à côté de lui pendant des heures chaque jour, est un acte d’amour d’une grande valeur, parce que cette présence entre dans les profondeurs de cette âme cachée et votre acte est, par conséquent, aussi un témoignage de foi en Dieu, de foi en l’homme, de foi, disons, d’engagement pour la vie, de respect de la vie humaine, même dans les situations les plus tristes. Je vous encourage donc à continuer, à savoir que vous rendez un grand service à l’humanité avec ce signe de confiance, avec ce signe de respect de la vie, avec cet amour pour un corps lacéré, une âme souffrante. « 

Le pape a choisi de répondre à Maria afin que ses paroles parviennent à toutes les mères et les pères qui, chaque jour aident silencieusement leurs enfants et aspirent à un geste qui ne vient jamais. Il a également répondu à ces enfants qui voient leurs parents perdus dans le brouillard des maladies neuro-dégénératives, qui voient, impuissants, la conscience échapper à leurs proches, mais prennent soin sans relâche d’un corps inerte.

Une réflexion sur « Où est l’âme de mon fils ? Benoît XVI répond »

  1. PRUDENCE
    Rassurez-vous Maria , l’âme de votre fils n’est pas perdue .
    Ce témoignage me ramène à un soir où en rentrant chez moi , j’allume ma télévision , et j’entends aux informations qu’un jeune avait été assassiné dans sa chambre d’étudiant . Le père musulman , devant les caméras et les micros , était tellement désespéré et en si grande souffrance que j’ai ressenti sa souffrance jusqu’à l’intérieur de mon cœur et de mon être . Le père pleurant toutes les larmes de son corps demandait où était l’âme de son fils maintenant et s’il n’était pas perdu et qu’est-ce qu’il pouvait faire pour lui . Je me souviens avoir prié pour le fils et pour le père . Dieu m’a toujours donné l’intime conviction que les âmes ne se perdaient pas .

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