Une méditation de François G. 29/12/16
L’étable était à l’abri d’une grotte, et le bœuf y passait la nuit. Marie et Joseph n’étaient guère dépaysés, qui retrouvaient le même habitat troglodyte qu’ils connaissaient à Nazareth. Et l’âne lui-même, après sa route avec la sainte Famille, était heureux de partager la ration du bœuf dans la mangeoire.
C’est dans cette mangeoire, ou crèche, que la Mère de Dieu installa le Fils de Dieu, de même que Dieu descendait pour siéger sur le propitiatoire au-dessus de l’Arche et pour s’entretenir avec Moïse (Ex 25,22). Dans l’arche se trouvaient les tables de la loi et la manne, dans la crèche se trouvait le nouveau Moïse et le Pain vivant descendu du ciel.
À droite et à gauche, le bœuf et l’âne faisaient l’office des Chérubins, ceux qui dans le Saint des saints se faisaient face, ceux dont les ailes se rejoignaient au-dessus de l’Arche. C’est pourquoi l’on dit « Toi qui sièges sur les chérubins » (Ps 79,2, etc.) : c’est là, entre les ailes des chérubins, que Dieu se manifestait, au-dessus du propitiatoire, et c’est là qu’il s’entretenait avec Moïse.
De même que notre roi manifestera sa royauté par une pourpre de dérision et une couronne d’épines, de même notre Dieu naît sur terre entouré d’un bœuf et d’un âne et non plus de chérubins d’or repoussé.
« Le bœuf connaît son acquéreur et l’âne la mangeoire de son maître, Israël ne connaît rien, mon peuple ne comprend rien », prophétise Isaïe (1, 3). Car même le bœuf accueillait dans son étable celui qui vient nous acquérir au prix de son sang. Et même l’âne connaît l’Arche qui contient la Manne céleste. Et ils adoraient Dieu sur terre comme le font les chérubins dans le temple et dans les cieux.
Mais Israël ne reconnaît pas dans la grotte le nouveau Saint des saints, et son peuple ne comprend pas cette clarté qui emplit la nuit. Cette clarté qui éclairait pourtant nuit et jour le Saint des saints… Oui, elle avait quitté le temple (cf. Ezéchiel 10,18) et, portée par les anges, flottait maintenant sur la ville de David.
Et Dieu choisissait de nouveaux bergers pour diriger son troupeau vers le vrai berger, le fils de David, le Fils de Dieu. Celui qui, enveloppé de langes, s’offre en sacrifice pour délier les liens de nos péchés. Celui qui, couché dans la mangeoire de la « Maison du Pain », nous nourrit de l’éternelle manne (cf. Jn 6,49-51).
Et Marie retient tous ces mystères dans son cœur et les médite pour les reverser au long des âges dans les cœurs de ceux qui la diront bienheureuse. C’est elle en effet la mère qui sert encore aujourd’hui cette céleste nourriture à toute la maisonnée, à l’Église, qui se met à chanter à l’unisson des anges :
« Gloria in excelsis Deo et in terra pax hominibus bonae voluntatis« .