Relevez la tête

Si j’ai choisi ce titre, ce n’est pas d’abord parce que nous risquons ce dimanche d’avoir la tête baissée pou déchiffrer le nouveau Missel Romain en célébrant la messe. Cette invitation de Jésus, « relevez la tête… restez éveillés… priez en tout temps » s’adresse à nous pour nous inviter à sortir de l’accablement. En effet, l’état de la société, du monde, de l’Église, peut à certains moments nous accabler et nous déboussoler.

Or la marche chrétienne est marquée par l’espérance parce qu’orientée. « Nous attendons ta venue dans la gloire ». La venue glorieuse de Jésus marque le terme de l’histoire. Elle sera précédée d’une grave perturbation de la création qui plongera l’humanité dans une grande frayeur, dans un accablement généralisé.

Deux consignes de Jésus :

Quand ces événements commenceront,
redressez-vous et relevez la tête,
car votre rédemption approche.

Restez éveillés et priez en tout temps :
ainsi vous aurez la force
d’échapper à tout ce qui doit arriver,
et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme.

Commentaire de l’Evangile du premier dimanche de l’Avent

Chers frères et sœurs, bonjour!

L’Évangile de la liturgie d’aujourd’hui, le premier dimanche de l’Avent, c’est-à-dire le premier dimanche de préparation à Noël, nous parle de la venue du Seigneur à la fin des temps. Jésus annonce des événements désolants et des tribulations, mais précisément à ce stade, il nous invite à ne pas avoir peur. Pourquoi? Pourquoi tout ira bien ? Non, mais parce qu’Il viendra. Jésus reviendra, Jésus viendra, a-t-il promis. Il dit ainsi : « Levez-vous et levez la tête, car votre délivrance est proche » (Lc 21,28). C’est beau d’écouter cette Parole d’encouragement : nous relever et relever la tête car justement dans les moments où tout semble fini, le Seigneur vient nous sauver ; l’attendre avec joie même au cœur des tribulations, dans les crises de la vie et dans les drames de l’histoire. Attendre le Seigneur. Mais comment relever la tête et ne pas se laisser absorber par les difficultés, par les souffrances, par les défaites ? Jésus nous montre le chemin avec un appel fort : « Prenez garde à vous-mêmes, que vos cœurs ne s’alourdissent pas […]. Restez éveillé à tout moment en priant » (vv. 34.36).

« Veillez », la vigilance. Arrêtons-nous à cet aspect important de la vie chrétienne. D’après les paroles du Christ, nous voyons que la vigilance est liée à l’attention : soyez attentifs, veillez, ne vous laissez pas distraire, c’est-à-dire restez éveillés ! Veiller signifie ceci : ne pas laisser le cœur devenir paresseux et la vie spirituelle s’adoucir dans la médiocrité. Faire attention car on ne peut pas être des « chrétiens endormis » – et nous le savons : il y a tant de chrétiens endormis, de chrétiens anesthésiés par les mondanités spirituelles – des chrétiens sans enthousiasme spirituel, sans ardeur à prier – ils prient comme des perroquets – sans enthousiasme pour la mission, sans passion pour l’Evangile. Des chrétiens qui regardent toujours à l’intérieur, incapables de regarder à l’horizon. Et cela conduit à « somnoler » : conduire les affaires par inertie, tomber dans l’apathie, indifférents à tout sauf à ce qui nous arrange. Et c’est une vie triste, d’avancer comme cela… il n’y a pas de bonheur là-dedans.

Nous devons être vigilants pour ne pas traîner les jours dans l’habitude, pour ne pas être accablés – dit Jésus – par les soucis de la vie (cf. v. 34). Les soucis de la vie nous appesantissent. Aujourd’hui est donc une bonne occasion de se demander : qu’est-ce qui appesantit mon cœur ? Qu’est-ce qui appesantit mon esprit ? Qu’est-ce qui me fait m’installer dans le fauteuil de la paresse ? C’est triste de voir des chrétiens « dans un fauteuil » ! Quelles sont les médiocrités qui me paralysent, les vices, quels sont les vices qui m’écrasent à terre et m’empêchent de relever la tête ? Et en ce qui concerne les fardeaux qui pèsent sur les épaules de mes frères, suis-je attentif ou indifférent ? Ces questions nous font du bien, car elles aident à garder le cœur contre l’acédie. Mais, père, dites-nous : qu’est-ce que l’acédie ? C’est un grand ennemi de la vie spirituelle, aussi de la vie chrétienne. L’acédie c’est cette paresse qui fait se précipiter, glisser dans la tristesse, qui enlève la joie de vivre et l’envie de faire. C’est un esprit négatif, c’est un esprit malin qui cloue l’âme dans la torpeur, en lui vole sa joie. Ça commence par cette tristesse, on glisse, on glisse, et pas de joie. Le Livre des Proverbes dit : « Garde ton cœur, car la vie en jaillit » (Pr 4,23). Garder le cœur : cela signifie être vigilant, être vigilant ! Soyez éveillé, garde ton cœur.

Et ajoutons un ingrédient essentiel : le secret pour être vigilant, c’est la prière. En effet, Jésus dit : « Veillez en tout temps en priant » (Lc 21,36). C’est la prière qui maintient allumée la lampe du cœur. Surtout quand on sent que l’enthousiasme se refroidit, la prière le ravive, car elle nous ramène à Dieu, au centre des choses. La prière réveille l’âme du sommeil et la focalise sur ce qui compte, sur la fin de l’existence. Même les journées les plus chargées, ne négligeons pas la prière. Je viens de voir maintenant, dans l’émission A sua immagine”, une belle réflexion sur la prière : elle nous aidera, la regarder nous fera du bien. La prière du cœur peut nous aider, de répéter souvent de courtes invocations. Pendant l’Avent, nous habituer à dire par exemple : « Viens, Seigneur Jésus ». Seulement cela, mais le dire : « Viens, Seigneur Jésus ». Ce temps de préparation de Noël est beau : pensons à la crèche, pensons à Noël, et disons du fond du cœur : « Viens, Seigneur Jésus, viens ». Répétons cette prière tout au long de la journée, et l’âme restera vigilante ! « Viens, Seigneur Jésus » : c’est une prière que l’on peut dire trois fois, tous ensemble: « Viens, Seigneur Jésus », « Viens, Seigneur Jésus », « Viens, Seigneur Jésus ».