C’est dans l’Église que le Christ pardonne

Il y a deux choses qui reviennent à Dieu seul : l’honneur de recevoir la confession et le pouvoir de pardonner. Nous devons lui faire notre confession et attendre de lui le pardon. À Dieu seul il appartient, en effet, de pardonner les péchés ; c’est donc à lui seul qu’il faut les confesser.

Mais le Tout-Puissant, le Très-Haut, ayant pris une épouse faible et insignifiante, fit de cette servante une reine. Celle qui était en retrait à ses pieds, il l’a placée à côté de lui ; car c’est de son côté qu’elle est sortie et c’est par là qu’il se l’est fiancée. Et de même que tout ce qui est au Père est au Fils et tout ce qui est au Fils est au Père de par leur unité de nature, de même l’Époux a donné tous ses biens à l’épouse et il a pris en charge tout ce qui appartient à l’épouse qu’il a unie à lui-même et aussi à son Père. Dans sa prière pour l’épouse, le Fils dit au Père : Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi.

Aussi l’Époux, qui est un avec le Père et un avec l’épouse, a enlevé en celle-ci tout ce qu’il a trouvé chez elle d’étranger, le fixant à la croix où il a porté ses péchés sur le bois et les a détruits par le bois. Ce qui est naturel et propre à l’épouse, il l’a assumé et revêtu ; ce qui lui est propre et divin, il l’a donné à l’épouse. Il a en effet supprimé le diabolique, assumé l’humain, donné le divin, si bien que tout est commun à l’épouse et à l’Époux.

C’est pourquoi celui qui n’a pas commis le péché et dont la bouche était sans fourberie peut bien dire : Pitié pour moi, Seigneur, je suis sans force ; guéris mon âme, car j’ai péché contre toi. Il partage ainsi la faiblesse de l’épouse ainsi que son gémissement, et tout est commun à l’Époux et à l’épouse : l’honneur de recevoir la confession et le pouvoir de pardonner. C’est la raison de cette parole : Va te montrer au prêtre.

L’Église ne peut donc rien pardonner sans le Christ, et le Christ ne veut rien pardonner sans l’Église. L’Église ne peut rien pardonner sinon à celui qui se convertit, c’est-à-dire à celui que le Christ a d’abord touché. Le Christ ne veut pas accorder son pardon à celui qui méprise l’Église. Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare donc pas. Ce mystère est grand, je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église.

Garde-toi bien de séparer la tête du corps ; n’empêche pas le Christ d’exister tout entier ; car le Christ n’existe nulle part tout entier sans l’Église, ni l’Église sans le Christ. Le Christ total, intégral, c’est la tête et le corps. C’est lui qui dit : Personne ne monte au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est au ciel. C’est seulement cet homme-là qui pardonne les péchés.

Sermon d’Isaac de l’Étoile.

Liturgie des Heures, vendredi de la 23° semaine.