Les deux barques

Écouter l’homélie du dimanche 10 février 2016, 5° dans l’année C, à la paroisse Saint Aubin (72)

La barque de la révélation de la sainteté de Dieu et du péché de l’homme  (Lc 5,1-11). La barque de la révélation de la miséricorde de Dieu et du pardon du péché de l’homme  (Jn 21,1ss).

Paroles du pape François avant l’angélus

Chers frères et sœurs, bonjour !

L’Evangile d’aujourd’hui (cf. Lc 5,1-11) nous propose, dans le récit de Luc, l’appel de saint Pierre. Son nom – nous le savons – était Simon, et il était pêcheur. Jésus, sur la rive du lac de Galilée, le voit alors qu’il rangeait ses filets, avec d’autres pécheurs. Il le trouve fatigué et déçu, parce cette nuit là ils n’avaient rien pêché. Et Jésus le surprend par un geste imprévu : il monte dans sa barque et lui demande de s’éloigner un peu du rivage parce qu’il veut parler à la foule de là-bas – il y avait beaucoup de monde. Ainsi Jésus s’assied dans la barque de Simon et enseigne à la foule rassemblée sur la rive. Mais ses paroles ouvrent à nouveau la confiance dans le cœur de Simon. Alors Jésus, avec une autre “manœuvre” surprenante, lui dit : «Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche.» (v. 4).

Simon répond avec une objection : «Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre…». Et, comme expert pêcheur, il aurait pu ajouter : “Si nous n’avons rien pris de nuit, nous prendrons encore moins de jour”. Au contraire, inspiré par la présence de Jésus et éclairé par sa Parole, il dit : «…mais, sur ta parole, je vais jeter les filets» (v. 5). C’est la réponse de la foi, que nous aussi sommes appelés à donner ; c’est l’attitude de disponibilité que le Seigneur demande à tous ses disciples, surtout à ceux qui ont des mission de responsabilité dans l’Eglise. Et l’obéissance confiante de Pierre engendre un résultat prodigieux : «Et l’ayant fait, ils capturèrent une telle quantité de poissons» (v. 6).

Il s’agit d’une pêche miraculeuse, signe de la puissance de la parole de Jésus : quand nous nous mettons avec générosité à son service, Il accomplit en nous de grandes choses. Il agit ainsi avec chacun de nous : il nous demande de l’accueillir sur la barque de notre vie, pour repartir avec Lui et sillonner une nouvelle mer, qui se révèle chargée de surprises. Son invitation à sortir dans la haute mer de l’humanité de notre temps, pour être témoins de bonté et de miséricorde, donne un sens nouveau à notre existence, qui risque souvent de s’aplatir sur elle-même. Parfois nous pouvons rester surpris et titubant face à l’appel que nous adresse le divin Maître, et nous sommes tentés de refuser en raison de notre insuffisance. Pierre aussi, après cette pêche incroyable, dit à Jésus : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur.» (v. 8) Cette humble prière est belle : “ Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur.”.Mais il le dit à genoux devant Celui qu’il reconnaît désormais comme “Seigneur”. Et Jésus l’encourage en disant : «Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras.» (v. 10), car Dieu, si nous lui faisons confiance, nous libère de notre péché et nous ouvre un nouvel horizon : collaborer à sa mission.

Le plus grand miracle accompli par Jésus pour Simon et les autres pêcheurs déçus et fatigués, n’est pas tant le filet rempli de poissons, que le fait de les avoir aidés à ne pas devenir victimes de la déception et du découragement face aux échecs. Il les a ouverts à devenir annonciateurs et témoins de sa parole et du règne de Dieu. Et la réponse des disciples a été prompte et totale: « ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent » (v. 11). Que la Sainte Vierge, modèle de prompte adhésion à la volonté de Dieu, nous aide à sentir la fascination de l’appel du Seigneur, et nous rende disponibles à collaborer avec Lui pour répandre partout sa parole de salut.

Traduction de Zenit, Anne Kurian