Une foi sans valeur ?

Écouter l’homélie du dimanche 17 février 2019, 6° de l’année C, à la paroisse Saint Aubin (72).

Ne pas croire que nous ressusciterons, c’est aussi tenir la résurrection du Christ pour rien. C’est ce que Paul appelle une foi sans valeur… Notre espérance en notre résurrection se fonde sur notre foi en la résurrection de Jésus.

Paroles du pape François avant l’angélus

Chers frères et soeurs, bonjour!

L’évangile d’aujourd’hui (cf. Lc 6, 17-20-26) présente les Béatitudes dans la version de saint Luc. Le texte est articulé en quatre béatitudes et quatre avertissements formulés avec l’expression « malheur à vous ». Par ces paroles, fortes et incisives, Jésus ouvre nos yeux, nous fait voir avec son regard, au-delà des apparences, au-delà de la surface, et il nous enseigne à discerner les situations avec foi.

Jésus déclare bienheureux les pauvres, les affamés, les affligés, les persécutés; et il avertit ceux qui sont riches, rassasiés, riant et acclamés par les gens. La raison de cette béatitude paradoxale réside dans le fait que Dieu est proche de ceux qui souffrent et qu’il intervient pour les libérer de leur esclavage; Jésus voit cela, il voit déjà la béatitude au-delà de la réalité négative. Et de même, le « malheur à vous », adressé à ceux qui aujourd’hui vivent bien, sert à « les réveiller » de la dangereuse illusion de l’égoïsme et à les ouvrir à la logique de l’amour, tant qu’ils en ont encore le temps.

La page de l’Évangile d’aujourd’hui nous invite donc à réfléchir au sens profond du fait d’avoir la foi, qui consiste à faire totalement confiance au Seigneur. Il s’agit de briser les idoles mondaines pour ouvrir son cœur au Dieu vivant et vrai. Lui seul peut donner à notre existence cette plénitude tant désirée et pourtant difficile à atteindre. En effet, même de nos jours, nombreux sont ceux qui se présentent comme des distributeurs de bonheur: ils promettent le succès en peu de temps, de grands profits à portée de main, des solutions magiques à tous les problèmes, et ainsi de suite. Et là, c’est facile de glisser sans s’en rendre compte dans le péché contre le premier commandement: l’idolâtrie, remplacer Dieu par une idole. L’idolâtrie et les idoles ressemblent à des choses d’autrefois, mais en réalité elles le sont de tous les temps! Elles décrivent certaines attitudes contemporaines mieux que de beaucoup d’analyses sociologiques.

C’est pourquoi Jésus ouvre nos yeux à la réalité. Nous sommes appelés au bonheur, à être bienheureux, et nous le devenons à partir du moment où nous nous plaçons du côté de Dieu, de son royaume, du côté de ce qui n’est pas éphémère mais dure pour la vie éternelle. Nous sommes heureux si nous reconnaissons « nécessiteux » devant Dieu – et c’est très important: « Seigneur, j’ai besoin de toi » – et si, comme Lui et avec Lui, nous sommes proches des pauvres, des affligés et des affamés. Nous aussi nous le sommes devant Dieu: nous sommes pauvres, affligés,  nous sommes affamés devant Dieu. Nous devenons capables de joie chaque fois que, possédant les biens de ce monde, nous ne les transformons pas en idoles auxquelles vendre notre âme, mais que nous sommes capables de les partager avec nos frères. Aujourd’hui, la liturgie nous invite une nouvelle fois à nous interroger là-dessus et à faire la vérité dans notre cœur.

Les Béatitudes de Jésus sont un message décisif, qui nous pousse à ne pas placer notre confiance dans des choses matérielles et passagères, à ne pas rechercher le bonheur en suivant les marchands de fumée – qui sont si souvent des marchands de mort -, les professionnels de l’illusion. Il ne faut pas les suivre, parce qu’ils sont incapables de nous donner l’espérance. Le Seigneur nous aide à ouvrir les yeux, à acquérir un regard plus pénétrant sur la réalité, à guérir de la myopie chronique que l’esprit du monde nous transmet. Par sa Parole paradoxale, il nous secoue et nous fait reconnaître ce qui nous enrichit vraiment, nous rassasie, nous donne joie et dignité. En bref, ce qui donne vraiment du sens et de la plénitude à nos vies.

Que la Vierge Marie nous aide à écouter cet évangile l’esprit et le cœur ouverts, afin qu’il porte des fruits dans notre vie et que nous devenions des témoins du bonheur qui ne déçoit pas, celui de Dieu ne déçoit jamais.

© Traduction de ZENIT, Anita Bourdin